Une petite réflexion sur l'IA, à propos d'un enjeu spécifique dont je n'ent - Qwice

Une petite réflexion sur l'IA, à propos d'un enjeu spécifique dont je n'entends pas du tout parler. Admettons que les capacités des intelligences artificielles génératives continuen

Deus In Machina - Qwice 2025

Une petite réflexion sur l'IA, à propos d'un enjeu spécifique dont je n'entends pas du tout parler. Admettons que les capacités des intelligences artificielles génératives continuent de progresser (hypothèse qui ne fait pas consensus, par ailleurs) ; et que l'on parvienne enfin, dans un futur proche, à créer des services de produits culturels entièrement générés par IA. On pourrait, à moyen terme, assister à l'émergence d'un nouveau modèle économique pour les divertissements, dans lequel on pourrait demander à une IA, par un prompt, de générer un livre, un film, un album de musique, voire un jeu vidéo entier, selon les codes que l'on souhaite, les thèmes que l'on souhaite, les styles que l'on souhaite, les archétypes que l'on souhaite. Un livre mi-Rowling mi-Victor Hugo ; un film d'horreur dans le style de Ghibli ; un GTA avec des graphismes de Nintendo ; du Mozart repris par Metallica ; etc.Tout d'abord, combien de temps avec que tout les styles artistiques que nous avons pu créer en plusieurs millénaires de création artistique ne soient complètement indistincts et creux ? L'IA tendant à tout uniformiser, reprenant des mécaniques industrielles déjà bien éprouvées, il n'y aurait vite plus rien de vraiment unique.Ensuite, et c'est ce sur quoi je veux insister ici : comment pourrons-nous encore, dans un tel monde, avoir une culture commune ? Comment avoir un commun culturel et artistique partagé entre tous, dans une société dans lequel la culture a été réduite à l'état de divertissement individualisé productible sur commande ? Comment pourrait-on rassembler des gens, s'ils ne sont plus même capables de coexister dans une même salle de cinéma, et de partager les mêmes références ?On connaît probablement déjà tous quelqu'un qui a des goûts très très spécifique en musique ou en jeu vidéo, et qui ne peut parler qu'à peu de monde, et souvent reclus sur Internet. Ça n'a rien de bien joyeux ; aujourd'hui, les sociétés tendent déjà à nous enfermer et nous renfermer. Cependant, bien que la culture a été déjà industrialisée dans notre monde contemporain, et qu'elle est à extrême majorité réduite à l'état de divertissement, on trouve encore des œuvres ou des artistes partagés entre presque tout le monde. Le cas des studios Ghibli est parlant : sur Internet, presque tout le monde connaît, a vu, aime voire adore, ou a minima respecte les films de ce studio. C'est un commun culturel très précieux, à une époque où "l'offre culturelle" (pour ne pas dire : une immense accumulation de spectacle ; remercions Debord pour la formule) ne fait que grandir.Si les IA génératives continuent d'être améliorées, et qu'on s'oriente bien vers un monde toujours plus fragmentée, divisée, individualiste ; un monde dans lequel chacun peut rester dans son appartement, seul, avec des divertissements sur commande... il n'y aura peu à peu plus de culture commune. Et si ça commence avec les produits culturels, ça peut aller plus loin.A-t-on déjà pensé à cela ? Une humanité qui perdrait la notion même de culture partagée ? Je n'ai vu encore personne en parler, du moins sur Internet. Mais ça me semble possible, et ça me terrifie un peu.Dans la course à la technologie et à la production toujours plus effrénée, il me semble qu'on oublie parfois que l'art a d'autres utilités que de vains divertissements ; il peut aussi rassembler, permettre aux gens de se connaître. Au long terme, nous risquons peut-être de perdre ça aussi.

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