J'ai eu le temps de lire quelques livres d'un auteur que je n'avais pas encore découvert : André Gide ! <p style="text-align:left;">Je suis loin de chez moi, j'ai pas mon PC, mais j'ai toujours des livres à lire. <em>Voyage au Congo</em>, c'est sur ma liste de lecture depuis déjà un certain temps ; ma sœur l'avait dans son sac, dans une édition comprenant aussi <em>Retour du Tchad</em> ; et mon père avait, dans le sien, <em>Retour de l'URSS</em>. Il faut savoir saisir la chance que la Providence nous offre ; mon weekend fût pour le moins apprenant.</p><p style="text-align:left;">Du <em>Voyage au Congo</em>, j'en connaissais la réputation d'oeuvre critique sur la colonisation entreprise par les compagnies françaises. Ma surprise fût grande de lire un récit de voyage bien plus banal, certes critiques et dénonciateur mais pas non plus révolutionnaire : en vérité, sur deux cents pages, il y en avait bien la moitié qui décrivaient la faune et flore locale, avec une passion et un émerveillement presque enfantin de la part de l'auteur. Ce sont dans les appendices, c'est à dire les ajouts postérieurs, que Gide se montre le plus critique envers la politique locale très injuste avec les locaux. Si la colonisation française n'a pas été le massacre qu'à pu être celle de Belgique par exemple, elle n'était pas pour autant sympathique.</p><p style="text-align:left;">Le <em>Retour du Tchad</em> suit directement le Voyage au Congo (on comprend le choix de l'éditeur de les réunir), et je l'ai préféré au précédent : cette-fois ci, la nature laisse place à la culture. Gide ne s'intéresse plus seulement aux animaux mais aux gens (pour mon plus grand plaisir : m'en moque des animaux, c'est les gens qui comptent). On trouve dans ce livre des pages superbes, respectueuses, voire passionné pour les cultures locales. En particulier, leurs chants populaires, dont il affirme qu'en comparaison, nos chanson populaires sont "vulgaires, grossières et simples", sont un sujet de vive admiration. Un texte bien plus humains, car sur les humains.</p><p style="text-align:left;">Quant à <em>Retour de l'URSS</em>, eh bien c'est évidemment très différent et très intéressant aussi, dans un tout autre registre bien plus historique : Staline tentait alors de donner la meilleure image possible de son pays et invitait moults écrivains et intellectuels communistes européens. Gide fut mitigé par le bilan : si l'URSS n'est pas le cauchemar que décrivent certains libertariens actuels, il n'est pas non plus le Paradis terrestre reconstruit que ne lz promettait la propagande. Entre instruction zélée mais parfois insensée, industrie croissante mais encore insuffisante, niveau de vie en hausse mais toujours inférieur à l'Europe, politique culturelle vive mais soumise, population chaleureuse mais désindividualisée, l'URSS et son avenir inquiétait l'auteur. L'avenir de l'URSS, à l'époque, c'était l'avenir du communisme entier.</p><p style="text-align:left;">Mais que retenir des récits de voyages de Gide ? Pour ma part, une légère déception : moins romantique que Chateaubriand, moins introspectif que Saint-Exupéry, moins aventuresque que Malraux, moins scientifique que Lévi-Strauss. Mais il pour lui la destination : l'Afrique, Saint-Exupéry en a à peine survolé le Sahara, et ce n'est pas le continent le plus décrit par notre littérature. Quant à l'URSS, c'est un témoignage honnête, autant dire rare, sur le pays. Quant au style de l'auteur, même s'il n'est pas équivalent aux précédent cités, il ne démérite en rien : on lui reconnaîtra une petite influence de Hugo dans son goût pour la phrase courte averbale et la formule romantique.</p><p style="text-align:left;">Bref, des ouvrages qui méritent votre temps ! Sur ce, je vais ouvrir à nouveau <em>Tristes Tropiques</em>. M'en veux pas Gide, mais Lévi-Strauss est plus passionnant.</p>