"Le genre masculin s'est historiquement construit dans l'idée de la possession du corps des femmes" Dans un très bel entretien avec Nicolas Truong publié ce jour dans les colonnes du journal Le Monde, l'historienne Michelle Perrot livre une nouvelle fois des analyses éclairantes. Ce que l'Histoire nous apprend et ce que sa fine analyse nous enseigne des mouvements masculinistes, des grandes figures féministes, du procès des "viols de Mazan"... Extraits : Sur la... ...modification de la définition pénale du viol :<br /> <br /> ✍️"Il est possible de redéfinir plus précisément le viol. Des juristes, comme Isabelle Rome, y sont favorables et souhaitent introduire la notion de consentement dans sa définition, mais certaines associations féministes sont réservées, par crainte de compliquer les choses pour les plaignantes. Le débat est ouvert. J’incline cependant à penser que les juristes féministes ont raison de vouloir compléter et affiner la loi."<br /> <br /> Sur la possession du corps des femmes :<br /> <br /> ✍️"L’idée que l’on puisse posséder une femme est un fait ancien. Don Juan est une figure culturelle valorisée. Et de nombreux auteurs et compositeurs, de Molière à Mozart, ont mis en scène la puissance et le chavirement de la séduction dont il est l’incarnation. Ce mythe fait partie de notre culture, et il n’est pas question de l’effacer. Mais il n’en demeure pas moins que le donjuanisme pourrait s’autoriser le viol. Car il y a, dans notre histoire et notre culture, une indulgence suspecte pour le viol comme acte viril. (...)<br /> <br /> Tout le monde n’est pas coupable, mais tout le monde est responsable (...) le genre masculin s’est historiquement construit dans l’idée de la possession du corps des femmes. Un homme s’affirmait lorsqu’il multipliait les conquêtes. Il était valorisé lorsqu’il les collectionnait. La femme était considérée comme un bien meuble, une terre, une propriété, une maison – en un mot, comme une chose. La conjugalité était fondée sur l’obéissance au mari. Le devoir conjugal répondait aux prétendus besoins irrépressibles des hommes, et le mariage était considéré comme une régulation de la sexualité masculine débordante."<br /> <br /> 🙏 Merci Madame.<br /> <br />