Marine. - Qwice

Hier, nous célébrions les 221 ans de la bataille de Vertières. Mais quelle est cette guerre que l'éducation française omet de nous enseigner ? À travers la conférence "Haïti, une histo

Marine. - Qwice 2024

Hier, nous célébrions les 221 ans de la bataille de Vertières. Mais quelle est cette guerre que l'éducation française omet de nous enseigner ? À travers la conférence "Haïti, une histoire sous silence" de Jean-Marie Théodat, je souhaite revenir sur cet événement marquant. <h2><strong><span>Contexte</span></strong></h2><p><span>La bataille de Vertières s'est déroulée le 18 novembre 1803 à Vertières, dans le nord de la colonie de Saint-Domingue (actuelle Haïti). Elle opposa les troupes impériales françaises, commandées par le général de Rochambeau (envoyé par Napoléon), à celles du général haïtien Jean-Jacques Dessalines. Cette bataille fut le dernier affrontement de l'expédition de Saint-Domingue.</span></p><h2><strong><span>Pourquoi cette guerre ?</span></strong></h2><p><span>À la suite de l'abolition de l'esclavage en 1794, Toussaint Louverture parvint à chasser les Anglais de l'île et à instaurer un semblant de gouvernance autonome. Cependant, Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage, ce qui provoqua une rébellion massive des Haïtiens pour recouvrer leur liberté. Cette guerre, qui dura 12 ans, décima une grande partie de la population coloniale.</span></p><p><span>Avant d'évoquer les esclaves, il est important de parler des "sang-mêlés" : des libres de couleur, nés de relations entre des esclaves et leurs maîtres (souvent des relations imposées). Vivant en marge de la société, ils n'étaient pas esclaves, mais leur statut les excluait également des privilèges des Blancs. Ce sont eux, aux côtés des marrons, des esclaves en fuite qui formaient des communautés indépendantes dans les montagnes. qui ont initialement revendiqué l’égalité avec les Blancs, donnant ainsi naissance à la révolution. Ils entraînèrent les esclaves dans leur lutte.</span></p><h2><strong><span>Des esclaves ?</span></strong></h2><p><span>Le conférencier que j’ai écouté a tenu un propos très juste à ce sujet : il serait préférable de ne pas parler d’"esclaves" mais plutôt de "captifs". En effet, on ne naît pas esclave ; c’est une condition imposée qui nie l’humanité de la personne. Cette pratique déshumanise également le maître, qui s’ensauvage lui-même.</span></p><p><span>C’est pour cette raison que la victoire de Vertières n’appartient pas seulement à Haïti, mais également à la France. Elle symbolise la victoire de la liberté, une valeur chère aux Français. Ainsi, bien que les troupes napoléoniennes aient perdu, la France des droits de l’Homme, selon le conférencier, a gagné. Cette bataille incarne la victoire de l’Humanité.</span></p><h2><strong><span>Conséquences</span></strong></h2><p><span>La défaite de Vertières marqua la fin des ambitions napoléoniennes dans les Amérique, et la fin de l’expansion impériale française.</span></p><p><span>En Haïti naquit la première république noire. Le pays fut le premier à ériger l’esclavage en crime. En proclamant l’universalité de la revendication de liberté, Haïti inspira d’autres mouvements d’émancipation, notamment en Amérique du Sud, qui finirent également par se libérer.</span></p><p><span>Cependant, de 1804 à 1825, Haïti demeura libre mais sans reconnaissance internationale. En 1825, sous la menace militaire française, Haïti accepta d’indemniser les anciens maîtres d’esclaves français. Jusqu’en 1885, le pays dut rembourser ces dettes, puis contracta d’autres emprunts auprès de banques françaises pour s’en acquitter. On appelle cela la "double dette".</span></p><p><span>(terme récent, non utilisé à l'époque.)</span></p><h2><strong><span>L'absence de reconnaissance de cette bataille par la France</span></strong></h2><p><span>Pourquoi cette guerre est-elle absente des manuels français ? Sans exprimer de ressentiment, le conférencier avance quelques explications. D’abord, la France y jouait un rôle de bourreau, un rôle difficile à assumer. De plus, il est rare qu’un pays vaincu relate l’histoire de ses défaites. Comme le dit souvent l’adage, "l’Histoire est écrite par les vainqueurs".</span></p><p><span>Cependant, cette absence commence à être corrigée, avec des initiatives récentes visant à inclure cet événement dans les discussions sur l’histoire coloniale française. La preuve en est cette conférences.</span></p><h2><strong><span>Aujourd’hui</span></strong></h2><p><span>Malheureusement, Haïti est aujourd’hui un pays confronté à de nombreuses insécurités. L’espérance de vie y est faible, et le pays est marqué par de grands trafics de drogue et d’êtres humains. Par ailleurs, malgré une forte valorisation de la culture et des traditions noires, notamment dans l’art et la littérature, le racisme persiste : les nuances de couleur de peau influencent encore fortement la hiérarchie sociale. La société haïtienne reste en partie coloniale dans ses mentalités. Par exemple, la publicité valorise encore la blancheur de la peau.</span></p><p><span>Le conférencier conclut par une phrase marquante : </span><em><span>"Les Blancs se bronzent pour être encore plus beaux, alors que les Noirs cherchent à s’éclaircir pour cesser d’être jugés laids."</span></em></p><p><span>Ce constat illustre combien le passé colonial demeure présent dans les esprits des Haïtiens. Après avoir obtenu leur indépendance politique, il reste désormais à "décoloniser les esprits".</span></p><p><span>Conférence "Haïti, une histoire sous silence" de Jean Marie Théodat, Université de Strasbourg.</span></p>

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