Petitcapybara - Qwice

Premier sujet de dissertation de la série technologique : La nature est-elle hostile à l’homme ? Je vous propose de commenter le sujet et quelques pistes de réflexions. /!\ Je propose des piste

Petitcapybara - Qwice 2024

Premier sujet de dissertation de la série technologique : La nature est-elle hostile à l’homme ? Je vous propose de commenter le sujet et quelques pistes de réflexions. /!\ Je propose des pistes de réflexion, une analyse (partielle) des sujets : ce n’est pas une dissertation. <h1><strong>La nature est-elle hostile à l’homme ?</strong></h1><p style="text-align:justify;">Sujet le plus original de cette année, notamment parce qu’on renverse un présupposé ; on s’interroge sur l’hostilité de la nature vis-à-vis de l’homme, c’est-à-dire sur la capacité de nuisance que peut avoir la nature, si tant est qu’elle puisse en avoir une. Il s’agira donc d’interroger la thèse bien connue de la « nature bonne » : la nature est-elle vraiment bonne ? Ce qui est naturel est-il vraiment toujours bon ? Il s’agit donc de savoir qui est hostile à qui ou si on peut trouver une harmonie entre les deux. L’originalité, comme je l’ai dit, tient au fait qu’on renverse le présupposé d’une nature bonne ; c’est la nature qui serait hostile à l’homme et non pas l’homme qui est hostile à la nature.</p><hr /><p style="text-align:justify;">Généralement, on dit assez bien que la nature est bonne et qu’elle n’est jamais hostile à quiconque. En effet, on voit la nature comme étant bonne, le « sauvage » du mythe du bon sauvage, l’homme le plus naturel possible, est bon, aussi bon que la nature peut l’être, car c’est de la nature qu’il tire toutes ses vertus. Eh quoi ?! Ne dit-on pas, par exemple, qu’un médicament est « naturel » quand on veut dire qu’il est sain ? Plus encore, on fait régulièrement l’éloge d’un « retour à un mode de vie naturel » : n’est-ce pas parce que la nature est bonne et que l’homme, en société, est perverti ?</p><p style="text-align:justify;">Supposer cela pose un problème : que faire des catastrophes naturelles ? Quoi ? Un tsunami, n’est-ce pas hostile à l’homme ? Il semblerait que les habitants de Pompéi pensent bien le contraire : le Vésuve leur a été plus qu’hostile ! Les humains, donc, ne sont pas nécessairement en sécurité dans leur environnement : même pour les hommes préhistoriques, la nature leur était plus qu’hostile ; chasser le mammouth n’était vraisemblablement pas sans risque. Mais doit-on pour autant dire que la nature est dangereuse ?</p><p style="text-align:justify;">Notons également que le mot « hostile » présuppose que la nature serait mal intentionnée, sciemment. La nature a-t-elle donc une dent contre l’espèce humaine ? Alors, certes, si nous parlons d’une Nature, d’une Gaïa qui serait consciente, l’hypothèse serait peut-être plausible. Mais, la théorie de l’évolution, le darwinisme, ne nous a-t-il pas permis de voir que la nature est dénuée de « sens », de « conscience », qu’il n’existe pas de « finalité » comme Aristote le supposait. Dès lors, comment peut-on dire qu’elle nous est hostile ? Dangereuse sur certains points, certainement, mais hostile, la nature ?</p><p style="text-align:justify;">D’autre part, notre rapport prométhéen à la nature, celle héritée d’abord par Descartes, devrait plutôt nous alerter sur l’entité qui est réellement hostile à l’autre. En effet, quand notre rapport à la nature est celui d’une démystification, d’une mécanisation de la nature, d’une nature qui n’est que nécessaire, suivant les lois de la physique, et dont on doit se rendre « comme maître et possesseur », ne faut-il pas voir que c’est plutôt l’homme qui lui est hostile ? « Le Prométhée déchaîné » dont parle Jonas, n’est-ce pas lui qui est hostile, un danger, à la nature ?</p><h2><strong>I. Caractérisations</strong></h2><p style="text-align:justify;">La nature, c’est tout ce qui n’est pas artificiel, c’est l’extériorité pure, l’environnement, le monde non humain dans sa généralité.</p><p style="text-align:justify;">Hostile, dangereux, être un danger pour. Hostile, être sciemment dangereux. Pour distinguer dangereux et hostile, je propose de relire un passage du <em>Seigneur des Anneaux, Les Deux Tours</em> de Tolkien :</p><p style="text-align:justify;">« Peut-être a-t-il cru aussi que vous étiez Saruman, dit Gimli. Mais vous parlez de lui comme s’il était votre ami. Je croyais que Fangorn était dangereux. »</p><p style="text-align:justify;">« Dangereux ! s’écria Gandalf ? Je le suis aussi, très dangereux : plus que tout ce que vous verrez jamais, à moins d’être emmené vivant devant le trône du Seigneur Sombre. Et Aragorn est dangereux, et Legolas l’est tout autant. Vous êtes entouré de dangers, Gimli fils de Glóin ; car vous êtes dangereux vous-même à votre manière. […] La venue des Hobbits et les nouvelles qu’ils lui ont annoncées [ont fâché Fangorn] : bientôt, elle déferlera comme une inondation ; mais son flot est dirigé contre Saruman et les haches d’Isengard. »</p><p style="text-align:justify;">(<em>Le seigneur des anneaux</em>, intégral, trad. D. Lauzon, p. 697)</p><p style="text-align:justify;"></p><p style="text-align:justify;">Le danger est aveugle, et de fait, tout peut être dangereux. Mais on est hostile si on fait déferler notre potentiel de nuisance de manière consciente sur quelqu’un ou quelque chose de précise. Gimli et dangereux à cause de sa hache, mais n’est pas « hostile » envers Fangorn. Les Ents, eux, en colère, sont hostiles à Saruman.</p><p style="text-align:justify;">L’homme. L’être humain, le monde humain, la société : campagnes, villes, grottes, en sommes l’humanité depuis son berceau jusqu’à aujourd’hui.</p><p style="text-align:justify;"></p><h2><strong>II. Pistes de réflexion</strong></h2><ol><li><p style="text-align:justify;"><strong>La nature est bonne, il n’y a aucune hostilité envers l’homme</strong></p></li></ol><p style="text-align:justify;">Thèse la plus répandue, celle qui a permis au mythe du bon sauvage de se propager : la nature est bonne, et pour être heureux, il faut suivre la nature – ainsi le disent les épicuriens et les stoïciens.</p><p style="text-align:justify;">Chez Lucrèce, par exemple, on doit comprendre qu’il ne faut pas craindre la nature ; les craintes des hommes viennent toutes du fait qu’ils ne comprennent pas quelque chose. Autrement dit, on a peur uniquement de ce qu’on ne connaît pas, de ce qui nous est étranger. Nous n’avons peur de quelque chose qu’à cause de notre ignorance. D’ailleurs, c’est pour cela qu’il importe d’étudier la physique et la logique (particulièrement pour les épicuriens et les stoïciens : j’en ai déjà parlé, notamment dans mon post sur l’épicurisme, ici : https://wice.com/Point/H9rdTnUKHanYrN et également dans ma présentation du stoïcisme).</p><p style="text-align:justify;">Chez Lucrèce, donc, il faut trouver un moyen de dissiper les craintes des hommes, et l’étude de la nature est, tout particulièrement, une bonne façon pour le faire. Le titre du livre phare de Lucrèce, <em>De la nature des choses</em>, est tout particulièrement marquant et évocateur à ce sujet ; déjà chez Épicure, on ne peut être heureux qu’en étudiant d’abord la nature (cf. <em>Lettre à Ménécée</em> et <em>Lettre à Hérodote</em>). Il faut donc commencer par l’étude du monde, des phénomènes, l’observation du monde, et ainsi, on comprend que la nature n’est pas hostile ou dangereuse.</p><p style="text-align:justify;">Rousseau, quant à lui, explique que si l’homme est, aujourd’hui, perverti, ce n’est pas parce qu’il a une mauvaise nature, mais bien plutôt parce que la société l’a corrompu. En effet, à l’état de nature, l’homme n’est pas mauvais ; bien au contraire, il évite de faire du mal aux autres, à l’inverse de l’homme naturel chez Hobbes. Il ne veut pas le mal. L’homme est naturellement bon, parce que la nature est bonne. C’est le même genre de bonté qu’on peut retrouver avec Diderot quand il parle des « sauvages », en critiquant les « hommes civilisés », dans le <em>Supplément au voyage de Bougainville</em>. En revanche, le <em>Discours sur les sciences et les arts</em> nous expliquent bien que si les hommes sont tels qu’ils sont ; revanchards, voleurs, menteurs, en un mot mauvais, c’est à cause de la société, des sciences et des arts, ce sont justement ces futilités qui rendent l’homme comme il est, qu’il y a des inégalités aussi marquées.</p><ol start="2"><li><p style="text-align:justify;"><strong>Hostilité de la nature ou dangerosité de la nature ?</strong></p></li></ol><p style="text-align:justify;">Néanmoins, ce serait naïf de penser que la nature n’est pas au moins dangereuse. La nature, c’est également les catastrophes naturelles (séismes, éruptions volcaniques, glissements de terrain, coulées de boue, tsunami, pluies, orages, tornades, etc.). Et les animaux ? Ne sont-ils pas dangereux ? En vivant hors de la société, il serait plus que difficile de survivre. Notons, d’ailleurs, qu’on ne chercherait pas à bien vivre, mais bien à survivre. Cette idée-l

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