Petitcapybara - Qwice

La question est vachement intéressante. Et selon la façon qu'on aura de concevoir l'univers et l'approche qu'on aura, la réponse peut totalement être différente. De mon point de v

Petitcapybara - Qwice 2025

La question est vachement intéressante. Et selon la façon qu'on aura de concevoir l'univers et l'approche qu'on aura, la réponse peut totalement être différente. De mon point de vue de « philosophe », la question touche à la théorie de la connaissance ; en gros, que puis-je connaître ? comment puis-je connaître ? et à la théorie de la perception : ce que je perçois est-il la réalité brute ? ce que je ne perçois pas existe-t-il ? <p style="text-align:justify;">Je vais écrire quelques petits trucs, un peu rapidement et sans prétention, sur ce sujet.</p><p style="text-align:justify;">D'abord, si par univers, on entend l'espace (et le temps). Chez Kant, par exemple, l'espace et le temps sont les conditions ou formes a priori de la sensibilité, c'est-à-dire qu'on ne peut rien connaître en dehors de ces formes, et ce qui apparaît dans le temps et l'espace s'appelle phénomène. On ne peut donc connaître que le phénomène (et non pas les noumènes, ou encore les choses en soi, ou encore l'Idée platonicienne). Ainsi, si j'étais kantien, je dirai que s'intéresser à l'existence de l'univers n'a pas vraiment de sens puisque c'est ce par quoi je peux percevoir et connaître les phénomènes. Cette réponse peut se rapprocher de la deuxième réponse (l'univers n'existe que parce que nous l'observons). Par contre, une chose est sûre, pour un kantien, l'univers n'existe pas par lui-même : d'abord, parce que l'espace et le temps sont les formes a priori de la sensibilité de l'homme (et c'est pour ça que si on veut expliquer ce qu'est le temps à un extra-terrestre, c'est difficile voire impossible) et ensuite parce que l'espace et le temps, s'ils existaient par soi, seraient des noumènes.</p><p style="text-align:justify;">cf. <em>Critique de la raison pure</em></p><p style="text-align:justify;">Si on reste sur une approche phénoménologique, on notera que pour les phénoménologues (à partir d'Husserl en gros), présupposer l'existence de l'univers en soi n'a aucun intérêt au sens où on ne cherche pas à statuer métaphysiquement sur les choses, mais à décrire le phénomène. On décrit les phénomènes tels qu'ils apparaissent, sans présupposés métaphysiques. En gros, pour le phénoménologue, en ce sens-là, l'univers existe d'abord parce qu'on le connaît, parce qu'on le perçoit, parce qu'on peut le décrire. Sans pour autant nier l'existence d'un univers indépendant du sujet percevant, elle ne l'affirme pas non plus. Le primat est donc dans le sujet percevant.</p><p style="text-align:justify;">Chez Husserl, par exemple, la Terre même n'existe pas indépendamment du cogito. En effet, dans <span>« L'Arche-originaire Terre ne se meut pas : Recherches fondamentales sur l'origine phénoménologique de la spatialité de la nature », Husserl fait la distinction entre la Terre en soi et la Terre expérimentée. En gros, on ne peut jamais connaître la Terre entièrement, seule, mais seulement des parties qu'on relie peu à peu ; on ne perçoit jamais que des morceaux de la Terre, et non pas la Terre complète. Parallèlement, pour l'univers, c'est pareil, on ne perçoit jamais l'Univers entièrement, on n'observe jamais l'Univers en soi, mais seulement des fragments.</span></p><p style="text-align:justify;">Après, avec Merleau-Ponty, on peut nuancer ce propos phénoménologique. Pour Merleau-Ponty, ce n'est pas le sujet qui observe de manière neutre l'objet, mais c'est l'objet qui fait des signes, des requêtes d'attention, au sujet percevant. Et partant,on peut se demander si par là, il n'y a pas quelque chose de plus que l'objet perçu : s'il nous fait des requêtes d'attention, peut-être l'objet est-il plus que la seule perception ? Peut-être bien, mais on ne pourra jamais observer l'objet dans son intégralité.</p><p style="text-align:justify;">cf. Husserl : <em>Recherches logiques</em>, <em>Idées directrices pour une phénoménologie</em>, <em>Méditations cartésiennes</em>, <em>La Crise des sciences européennes...</em></p><p style="text-align:justify;">cf. Merleau-Ponty, <em>Signes</em>, <em>Phénoménologie de la perception</em>, <em>l'Œil et l'esprit</em></p><p style="text-align:justify;">Et laissez-moi vous parler (TRÈS grossièrement) de l'idéalisme subjectif de Berkeley. Alors, je vais énormément grossir le trait, mais comme je trouve très difficile de comprendre simplement et d'expliquer facilement Berkeley, je me permets de commettre cette faute et de vulgariser. Pour Berkeley, il est possible métaphysiquement de supposer l'inexistence de la chose que je ne perçois pas. En effet, si je n'observe pas une chaise, je peux tout à fait mettre en doute son existence ; en effet, qu'est-ce qui peut m'assurer que le cheval qui est dans l'écurie est bel et bien là quand je ne l'observe pas ? Rien. Et donc, métaphysiquement, je peux tout à fait soutenir l'idée que le cheval n'existe plus quand je ne le perçois plus, mais qu'il revient bien quand je le perçois. Et partant, l'univers, si je ne le perçois pas ou plus, alors, il n'existe plus métaphysiquement. Et si plus personne n'observe l'univers, métaphysiquement, on peut dire que l'univers n'existe pas.</p><p style="text-align:justify;">Cette idée est très intéressante parce qu'elle nous force à penser la perception et la connaissance : comment peut-on s'assurer que ce qu'on perçoit, on le perçoit bien ? Qu'est-ce qui me garantit que ce que je perçois n'est pas un analogon (pour reprendre le terme de Sartre) de la chose en soi ? Qu'est-ce que je perçois ? <strong>Ma perception est-elle condition de la réalité des choses ?</strong> </p><p style="text-align:justify;"> Je ferai peut-être un post sur la théorie de la connaissance et la théorie de la perception... Si j'ai le temps ou que j'y pense.</p><hr /><p style="text-align:justify;">Par contre, si par univers, j'entends l'espace au sens cartésien, donc le corps ou l'étendu, alors là... L'univers existera par soi, en dehors de mon existence. En effet, le corps ou l'étendu, étant une substance, distincte de la substance pensante ou l'âme, alors, l'univers peut tout à fait exister sans moi. Le seul prérequis, en un sens, c'est Dieu. Il faut au moins Dieu pour que puisse être créé l'univers. Il y a une réalité objective indépendante de l'esprit dans les choses extérieures (cf. Méditation VI). L'univers peut exister sans l'existence du sujet pensant.</p><p style="text-align:justify;">cf. Descartes : <em>Méditations Métaphysiques</em> et <em>Réponses aux objections</em></p><p style="text-align:justify;">Pour Platon, et je trouve sa conception de l'univers assez intéressante, l'univers existe-t-il ? Alors, comme vous le savez peut-être, pour Platon, il existe deux mondes : le monde sensible (celui dans lequel on vit) et le monde des Idées (les idées auxquelles renvoient notre idée du beau, de la justice, etc.). Il existe donc une réalité objective, quelque chose d'indépendant de l'homme. Mais, dépassons la question du point de vue de la théorie de la connaissance et de la perception. Parce que chez Platon, le monde sensible est une <span>« copie » du monde des Idées. En effet, dans le </span><em><span>Timée</span></em><span>, Platon, par la bouche de Timée, nous raconte le mythe de la création du monde. Pour Platon, le Démiurge contemplait les Idées et a formé le monde sensible suivant les Idées, ce modèle de perfection. C'est pourquoi, il y a des choses belles, mais qu'on a du mal à dire ce qu'est le Beau (cf. </span><em><span>Hippias Majeur</span></em><span>), c'est pourquoi la question socratique par excellence, c'est qu'est-ce que ? Mais comment fait-il, ce brave dieu ? Il utilise la </span><em><span>chôra</span></em><span> ! Et je vous renvoie à l'excellent texte d'Augustin Berque sur la </span><em><span>chôra</span></em><span> chez Platon (cf. chapitre 1 du livre </span><em><span>Espace et lieu dans la pensée occidentale, De Platon à Nietzsche</span></em><span>, dir. Thierry Paquot et Chris Younès). En gros, pour Platon, le démiurge a copié les Idées en les imprimant dans la </span><em><span>chôra</span></em><span>, cette substance, ce troisième genre d'être, est une sorte empreinte. La </span><em><span>chôra</span></em><span> est ce qui fonde notre perception des étants, c'est ce qui, dans le mythe du </span><em><span>Timée</span></em><span>, fait que l'être passe de l'essence à l'existence. C'est, pour Berque, le lieu ontique ou encore lieu existentiel, c'est ce qui va ouvrir au monde, à la réalité sensible parce qu'elle accueille des empreintes

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