Epilogue : Mon avis sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie Je vais désormais, en guise de conclusion à toute cette série sur l'Histoire de la Nouvelle-Calédonie depuis 1946, vous dire où je me situe personnellement par rapport à tout cela et ce que j'en pense. <p style="text-align:justify;">Comme je l’ai déjà dit, je peux largement comprendre, au vu de l’Histoire de la Nouvelle-Calédonie, que j’ai tâché de vous résumer au mieux à travers ces différents épisodes qu’il y a une volonté du peuple kanak de prendre son indépendance.</p><p style="text-align:justify;">Je comprends que les exactions commises par la France par le passé choquent encore les kanaks d’aujourd’hui… On ne peut nier que les kanaks ont subi beaucoup d'injustices à partir du moment où la France a colonisé cet archipel du Pacifique : leurs meilleures terres leur ont été confisquées pour que des étrangers (surtout d'anciens repris de justice au début qui plus est) s'y installent, ils ont été rendus corvéables à merci par les colons et les autorités, certains d'eux ont été obligés par la France à prendre part à la Grande Guerre, d'autres (sous un faux prétexte) se sont retrouvés en cage exposés à Paris où on leur a demandé de faire croire qu'ils étaient des sauvages et des cannibales...</p><p style="text-align:justify;">Mais cela est du passé désormais et on peut considérer que les kanaks ont eu les mêmes droits qu'autrui sur leurs terres à partir de 1957 quand le droit de vote leur a été accordé à tous. Et si je respecte vraiment le combat de certains anciens leaders indépendantistes comme Nidoïsh Naisseline qui n'a jamais eu recours à la violence, comme Elie Poigoune qui a changé son fusil d'épaule et prône la paix entre communautés en expliquant qu'il faut construire le pays avec tout le monde (voir https://www.ouest-france.fr/culture/nouvelle-caledonie-elie-choisi-de-tendre-la-main-ses-ennemis-d-hier-6024511 ), comme Jean-Marie Tjibaou qui a eu la finesse de comprendre, avec Yeiwene Yeiwene, qu'il fallait aussi faire des compromis et que rentrer en conflit ouvert causait plus de mal que de bien, je trouve que les leaders indépendantistes actuels manquent de profondeur dans leurs visions des choses, et en particulier le président de l'Union Calédonienne à l'heure actuelle, Daniel Goa.</p><p style="text-align:justify;">Déjà , on peut dire qu'en termes d'exemplarité, il n'est pas vraiment un modèle avec deux condamnations pour conduite en état d'ivresse entre l'an dernier (voir https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/grand-noumea/noumea/nord/pouembout/faits-divers/justice/politique/referendum/societe/alcool-au-volant-accident-et-insultes-aux-gendarmes-daniel-goa-declare-coupable ) et cette année (voir https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/daniel-goa-condamne-a-6-mois-de-prison-avec-sursis-pour-alcool-au-volant-1429664.html ).</p><p style="text-align:justify;">Mais, au-delà de ça, ce sont ses propos qui me choquent et il est coutumier des propos choquants. Le "Comité des Sages", un comité constitué pour s'assurer que les débats publics sur le référendum et le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie se tiendraient en toute sérénité en veillant aussi aux déclarations des uns et des autres a été la cible des propos de Goa.</p><p style="text-align:justify;">Ce comité (où on retrouve Marie-Claude Tjibaou, la veuve du leader indépendantiste, Jean Lèques, Jean-Pierre Aïfa, Elie Poigoune et d'autres personnalités) a épinglé Daniel Goa pour ses propos trop extrêmes à savoir quand, le 6 octobre 2018, Goa a qualifié les anti-indépendantistes "d'axe du mal".</p><p style="text-align:justify;">Aussi, le 15 novembre 2022, le Comité des Sages a peu apprécié une des phrases d'un communiqué de Goa disant à ses militants : <em>"Sortir par une décision unilatérale du processus de décolonisation et de l’Accord de Nouméa aurait des conséquences irréversibles sur la paix dans ce pays." </em>(voir https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/le-comite-des-sages-reagit-au-discours-de-daniel-goa-1340280.html ) ce à quoi Daniel Goa a répondu que le Comité des Sages n'a pas à intervenir en politique et qu'ils avaient manipulé ses propos (voir https://www.lnc.nc/article-direct/nouvelle-caledonie/politique/l-uc-reagit-aux-propos-du-comite-des-sages-et-denonce-une-manipulation ).</p><p style="text-align:justify;">Et puis, le pompon, ça a été en avril dernier où le parti "Les Loyalistes" a décidé de porter plainte pour ces propos de Daniel Goa lors du congrès de l'UC à Koumac. Face à ses militants, Goa a alors dit : <em>"l'évènement d'un corps électoral ouvert que l'Etat s'engage à rétablir ne nous donnera pas le choix que d'agir et nous faire envisager des solutions irréversibles, au risque que plus aucune élection ne se tiendra dans ce pays avec ce nouveau corps électoral.</em>" ou encore "<em>La France ne nous reconnait pas, nous ne la reconnaitrons pas, ce qui nous obligera forcément à nous tourner vers de puissants soutiens extérieurs qui nous font déjà des appels du pied, le peuple kanak n'est plus seul.</em>" (voir https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/propos-polemiques-de-daniel-goa-les-loyalistes-deposent-plainte-1388930.html pour preuve).</p><p style="text-align:justify;">Comment la Nouvelle-Calédonie compte-t-elle construire un destin commun quand certains partis (comme l'UC actuelle) décident de monter les gens les uns contre les autres et maintenir l'interdiction du droit de vote aux élections locales à des gens qui, pour certains, sont installés ici depuis plus de 20 ans dans l’espoir d’y construire leurs vies… ?</p><p style="text-align:justify;">Comment envisager un avenir serein avec une telle attitude ? Cela signifie-t-il que quelqu’un s’installant ici et faisant sa vie ici ne pourra jamais acquérir la nationalité locale ? Qu’il sera toujours vu comme un « sous-citoyen » n’ayant pas tout à fait les mêmes droits que les autres peu importe son investissement au sein de la société et sa bonne volonté ? J’estime que, si cela persiste, ce serait particulièrement injuste…</p><p style="text-align:justify;">Et enfin, comment voulez-vous suite à ces propos tenus par le leader du plus gros parti indépendantiste de l’archipel que les gens n’aient pas peur ? Certes, c’était il y a plusieurs mois et, depuis, il n’a rien redit de pareil… mais les dégâts sont là puisque certains Calédoniens natifs de l’île s’en vont… (voir https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/etude-sur-le-depart-de-nouvelle-caledonie-25-des-interroges-envisagent-de-quitter-le-territoire-1419791.html ).</p><p style="text-align:justify;">Et puis, j’ai comme une impression que l’Histoire se répète… Rappelez-vous des épisodes 2 et 3 où j’ai parlé de la FNSC de Jean-Pierre Aïfa… Au début, la FNSC se disait contre l’indépendance, mais face à l’attitude du RPCR loyaliste sur certains dossiers, elle s’est mise à soutenir les indépendantistes à l’assemblée territoriale au point de leur donner la majorité.</p><p style="text-align:justify;">Et là , j’ai l’impression que la FNSC d’hier est l’Eveil Océanien de Tukumuli d’aujourd’hui… certes, c’est plus un parti communautaire vu qu’il cible les wallisiens et futuniens locaux. Mais, il a d’abord été du côté loyaliste (en échange d’un siège de ministre au sein du gouvernement local) puis, quelques temps plus tard, face à la démission indépendantiste, Tukumuli a décidé de soutenir ces derniers qui offraient à son parti un « deal » plus intéressant (un siège de ministre + la présidence de la commission permanente du Congrès).</p><p style="text-align:justify;">D’une certaine manière, l’histoire semble être en train de se répéter… J’espère que ça n’aboutira pas sur des « Evenements bis » lors des provinciales l’an prochain, car cela pourrait parfaitement… même si l’UNI accepte de discuter avec l’Etat, l’UC s’enferme, contrairement à ce qu’elle affirme (voir https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/gilbert-tyuienon-vice-president-de-l-uc-la-porte-n-est-pas-fermee-aux-discussions-sur-l-avenir-institutionnel-1446446.html ) sur soi-même et ses convictions.</p><p style="text-align:justify;">Pour ma part, je me vois de moins en moins comme quelqu'un d'attaché à la Nouvelle-Calédonie. S'il y a encore 3-4 ans, j'avais l'espoir de construire mon avenir ici, tout ce qui s'est passé depuis le deuxième référendum m'a fait changer de perspective. Je me vois de moins en moins rester ici quand je vois qu’on fait du surplace depuis 2 ans, suite au dernier référendum, quand je vois que ça n’avance guère, quand je vois que les propos se radicalisent à ce point… alors qu’au contraire, en Corse où je suis né, j’envisage le futur avec bien plus de sérénité. Du reste, le séjour que je m'apprête à y faire, c'est aussi pour me reconnecter à mes racines, à certaines personnes de la famille de mes grands-parents, à certains amis...</p><p style="text-align:justify;">Parce qu’en Corse, j’ai au moins pour moi le fait d’y être né. On ne pourra