L'ère du portefeuille numérique - Rêve ou cauchemar technologique ? <p style="text-align:left;">Imaginez-vous en train de déménager vers la destination de vos rêves. Une île paradisiaque ? Un charmant village de montagne ? Un château ensoleillé entouré de vignobles ? Peu importe votre choix, tout ce dont vous aurez besoin, c'est d'un smartphone. En effet, les portefeuilles numériques sont en train de transformer notre quotidien. De la gestion financière au contrôle aux frontières, en passant par la vérification de l'âge, ces outils deviennent omniprésents. Google et Apple sont déjà des acteurs majeurs dans ce domaine, offrant des solutions de paiement et de stockage de données. Bientôt, les documents papier et les cartes en plastique pourraient bien devenir obsolètes. Le chemin vers une adoption généralisée reste cependant semé d'embûches. Les portefeuilles numériques actuels souffrent encore d'un manque d'interopérabilité entre les applications et les services. Leur utilisation reste limitée et leur disponibilité restreinte. De plus, cette technologie soulève des inquiétudes concernant la surveillance de masse et le vol de données.</p><p style="text-align:left;"><strong>L'initiative européenne</strong></p><p style="text-align:left;">Pour réaliser pleinement leur potentiel, les portefeuilles numériques doivent garantir sécurité, accessibilité et compatibilité. L'Union Européenne travaille activement sur ces questions avec son projet d'identité numérique européenne (eID). D'ici 2026, elle prévoit de l'intégrer dans un nouveau système. Incorporée à un portefeuille électronique, l'eID permettra de stocker, d'afficher et de vérifier les identifiants. Avec une seule application, les citoyens pourront gérer leurs finances, accéder à des services, signer des contrats et voyager. Tout cela en gardant le contrôle sur leurs données personnelles.</p><p style="text-align:left;"><strong>Le soutien de Tim Berners-Lee</strong></p><p style="text-align:left;">Tim Berners-Lee, l'inventeur du World Wide Web, soutient cette initiative. Il voit dans les portefeuilles numériques un moyen de revenir à sa vision originelle d'un internet libre et ouvert.</p><blockquote><p style="text-align:left;">"Les portefeuilles permettent cela," explique t-il. "Ils me donnent la possibilité de garder toutes mes données en un seul endroit et de choisir comment, avec qui et quand les partager."</p></blockquote><p style="text-align:left;">À travers sa startup Inrupt, il développe depuis sept ans des outils pour décentraliser le web. Cet été, ces efforts ont abouti à une nouvelle infrastructure de portefeuille de données universel. Basé sur des standards ouverts, ce système offre une interopérabilité entre de multiples services. Les informations sont stockées de manière sécurisée dans des "pods" de données personnelles, permettant leur réutilisation à travers diverses applications, services et systèmes d'IA, tout en laissant l'utilisateur aux commandes. Aujourd'hui, les portefeuilles numériques sont souvent des solutions cloisonnées avec des applications limitées. Le système d'Inrupt vise à ouvrir ces silos de données et à connecter de multiples applications. Berners-Lee le décrit comme "une extension du web" et l'eID pourrait accélérer cette évolution. Il s'attend à ce que l'UE impose un standard pour les identifiants.</p><blockquote><p style="text-align:left;">"Une fois que cette base sera communément disponible, les consommateurs et les citoyens s'attendront à ce que leurs portefeuilles stockent de plus en plus de types de données," prédit-il.</p></blockquote><p style="text-align:left;"><strong>L'enthousiasme du secteur</strong></p><p style="text-align:left;">L'eID suscite également l'enthousiasme chez Mitek, une entreprise spécialisée dans la vérification d'identité. Chris Briggs, vice-président senior, décrit le projet comme une véritable identité numérique native. Il s'attend à ce qu'il établisse un standard mondial pour les portefeuilles. Il estime également qu'il proposera un équilibre réglementaire idéal, protéger les consommateurs tout en stimulant l'innovation. Ceci contraste fortement avec la situation aux États-Unis, où le manque de standards d'interopérabilité et d'accessibilité freine l'adoption des paiements sans contact et des identités numériques.</p><p style="text-align:left;"><strong>Les défis à relever</strong></p><p style="text-align:left;">Malgré l'enthousiasme, des défis subsistent. Les critiques craignent que l'eID ne permette aux gouvernements de suivre chacun de nos mouvements. En novembre dernier, 552 scientifiques et chercheurs <u>ont signé une lettre ouverte</u> mettant en garde contre les risques potentiels du projet. Les entreprises de portefeuilles numériques affirment, de leur côté, que ces craintes sont exagérées. Elles soutiennent que la technologie améliorera en réalité la sécurité et la confidentialité. Avec des règles strictes, une interopérabilité garantie et de lourdes amendes en cas de violation, l'eID pourrait renforcer les droits en matière de données. À terme, un seul portefeuille pourrait intégrer des centaines de services. Les applications de fitness pourraient fusionner avec les dossiers médicaux pour améliorer l'analyse de santé. Les scientifiques pourraient exploiter ces informations pour créer de nouveaux traitements (mais uniquement avec votre consentement). Des agents d'IA pourraient ensuite gérer les données en votre nom. L'avenir des portefeuilles numériques s'annonce prometteur, mais il interroge sur la confidentialité, la sécurité et l'éthique. À mesure que cette technologie évolue, il sera important de trouver un équilibre entre commodité et protection des droits individuels.</p>