Romain Leclaire - Qwice

Indiana Jones et le Cercle Ancien - Pari réussi pour MachineGames

Romain Leclaire - Qwice 2025

Indiana Jones et le Cercle Ancien - Pari réussi pour MachineGames <p><span>Indiana Jones et le Cercle Ancien commence par une reconstitution quasiment au plan près de l’ouverture légendaire des Aventuriers de l’Arche perdue. Pourquoi ce choix ? D’abord, parce que c’est une séquence incroyablement iconique. Ensuite, cela permet au studio MachineGames de nous initier aux mécaniques du jeu à travers des scènes qui capturent parfaitement tout ce qui définit la licence: exploration, mystère et action. Mais surtout, cette mise en bouche envoie un message clair: le Cercle Ancien existe pour offrir une expérience vidéoludique d’Indiana Jones que nous n’avions jamais vraiment eue auparavant. </span></p><p><span>Certes, il y a déjà eu de bons jeux dans le passé, mais les productions à gros budget capables de recréer une séquence de film aussi emblématique ont été rares. Pendant ce temps, des franchises comme Uncharted ou Tomb Raider ont bâti leur succès en proposant des campagnes qui s’approchaient de l’esprit du personnage sans jamais l’égaler. Avec cette nouvelle adaptation, MachineGames ne se contente pas de combler ce vide, ils livrent l’expérience que nous pensions ne plus jamais voir. En cours de route, ils permettent également au Docteur Jones de revendiquer sa place dans un médium qui lui doit tant. </span></p><h2><span>Une histoire digne des plus grands films de la saga</span></h2><p><span>Situé entre les Aventuriers de l’Arche perdue et la Dernière Croisade, le Cercle Ancien commence véritablement lorsqu’un homme mystérieux et imposant vole un artefact précieux à notre héros. En cherchant à récupérer cet objet, Indy découvre un nouveau complot nazi visant à en utiliser plusieurs autres pour dominer le monde. Révéler davantage sur l’intrigue serait criminel tant elle est captivante. MachineGames, connu pour son talent narratif, dépasse ici toutes les attentes. Ce n’est pas seulement grâce aux rebondissements bien placés tout au long de cette aventure aux quatre coins du monde, c’est aussi la manière dont chaque détail narratif et visuel montre à quel point l’équipe comprend et aime cette franchise. </span></p><p><span>Oui, le Cercle Ancien regorge de clins d’œil chronologiquement appropriés aux Aventuriers de l’Arche perdue et au Temple maudit. Le jeu ne se repose pourtant jamais sur ces références comme de simples easter eggs. Même le célèbre thème musical d’Indiana Jones est utilisé avec parcimonie et beaucoup de soin. Le studio préfère utiliser les avantages technologiques du jeu vidéo pour créer ce qui ressemble à un film oublié de la saga, imaginé comme s’il avait été réalisé durant son âge d’or créatif. Dans ce contexte, la performance vocale de Richard Darbois mérite une mention spéciale. </span></p><p><span>Cela dit, tout n’est pas parfait. Gina Lombardi, la journaliste qui accompagne Indy dans cette aventure, est souvent cantonnée au rôle classique mais prévisible du "compagnon expert en crochetage". De plus, certaines intrigues mystiques s’aventurent sur un terrain un peu trop extravagant que MachineGames avait mieux maîtrisé dans sa série Wolfenstein. Enfin, quelques astuces de conception dépassées (comme les écrans de chargement déguisés en passages étroits) viennent parfois ternir l’éclat narratif du jeu. Malgré ces défauts mineurs, affirmer que c’est la meilleure histoire d’Indiana Jones depuis 30 ans serait encore sous-estimer sa qualité. Et pourtant, ce n’est même pas le point fort principal du jeu. </span></p><h2><span>Un gameplay fidèle à l’esprit d’aventure </span></h2><p><span>Avant la sortie du jeu, peu d’informations avaient été dévoilées sur son gameplay, ce qui aurait pu être inquiétant. Mais il s’avère que MachineGames cherchait probablement à préserver la surprise: le titre offre une expérience immersive proche des classiques comme Thief, tout en étant habilement déguisé en aventure Indiana Jones. Les niveaux principaux sont conçus comme un monde ouvert regorgeant d’objets cachés et de quêtes secondaires. Dans la section située au Vatican par exemple, vous pouvez infiltrer un ring clandestin fasciste (si vous trouvez le bon déguisement) ou aider un prêtre à sauver son assistant capturé. Pendant ce temps, vous êtes encouragé à chercher des objets cachés, des fruits ou aliments augmentant vos statistiques, de l’argent et divers trésors collectables. </span></p><p><span>Ces objectifs enrichissent considérablement l’expérience et prolongent la durée de vie du jeu bien au-delà des 10-12 heures nécessaires pour terminer la quête principale. Ils offrent également des "points d’aventure" utilisables pour débloquer des compétences via des livres dissimulés dans les zones principales. Ce système reflète parfaitement la nature exploratrice du personnage tout en ajoutant une profondeur rarement vue dans les jeux d’action-aventure modernes. Cette dernière ne se limite pas aux activités optionnelles: le Cercle Ancien propose souvent plusieurs façons de relever des défis ou incite subtilement les joueurs à réfléchir davantage que dans des titres similaires. Les camps ennemis peuvent être abordés de plusieurs manières selon vos choix, les zones sont largement ouvertes à l’exploration libre et les énigmes abondent tout en étant suffisamment complexes pour donner l’impression réelle de piller un tombeau plutôt que de suivre un chemin prédéfini. </span></p><p><span>Le combat et l’infiltration ne sont cependant pas aussi satisfaisants. Se faufiler consiste souvent simplement à s’accroupir et éviter que la jauge de détection ennemie ne se remplisse trop vite. Les fusillades manquent d’impact avec des ennemis trop résistants aux balles, et les combats au corps-à-corps deviennent rapidement répétitifs avec leur système basé sur une barre d’endurance limitée. Bien qu’il soit amusant en théorie de frapper un nazi ou de casser une ventouse sur sa tête, ces affrontements manquent finalement de variété. Ceci dit, les moments d’action spectaculaires sont aussi exaltants que ceux des meilleurs jeux du genre. Malgré tout, le jeu manque de la simplicité efficace des fusillades dans Uncharted ou des approches créatives mêlant furtivité et violence des récents jeux Tomb Raider. On peut comprendre la volonté de limiter cette dernière dans un jeu estampillé Indiana Jones, toutefois, cela n’excuse pas entièrement le fait que ses mécaniques restent autant basiques comparées aux autres titres signés MachineGames. Malgré cela, ces lacunes restent relativement mineures face au véritable objectif du studio: utiliser notre héros comme figure emblématique pour amorcer une évolution nécessaire dans le genre action-aventure. </span></p><h2><span>Explorer de nouveaux horizons </span></h2><p><span>Indiana Jones et le Cercle Ancien aurait pu n’être qu’une simple copie d’un jeu Uncharted avec Indie en vedette, et il aurait probablement quand même été le meilleur jeu de la licence jamais réalisé. Après tout, Uncharted a longtemps été considéré comme la tentative réussie de Naughty Dog pour combler notre envie insatisfaite d’un tel jeu. Et pourtant MachineGames démontre les limites de cette comparaison simpliste. Certes, nous nous souvenons souvent d’Indiana Jones comme du héros audacieux au centre de scènes spectaculaires d’action. Mais en réalité, le personnage est avant tout un hommage aux aventuriers classiques. Il est intelligent, vulnérable et prêt à se battre uniquement lorsque cela sert une cause juste. </span></p><p><span>Contrairement aux gros badass invincibles popularisés par les films des années 1980, dont Nathan Drake semble être un descendant direct, Indie reste avant tout un explorateur érudit plutôt qu’un conquérant armé jusqu’aux dents. MachineGames lui a non seulement rendu justice mais a également livré un cheval de Troie destiné à réinventer le genre action-aventure AAA moderne. Alors que les jeux immersifs comme Deus Ex, Dishonored ou encore Prey peinent à justifier leur existence face aux standards commerciaux actuels, le Cercle Ancien prouve qu’il y a encore de la place pour ces expériences substantielles, surtout lorsque celles-ci sont rendues accessibles grâce à une figure légendaire comme le Docteur Jones. </span></p><p><span>En fin de compte, bien qu’il semble évident que le studio pourrait encore faire mieux avec une suite potentielle, les développeurs ont déjà réussi là où tant ont échoué: offrir non seulement le meilleur jeu Indiana Jones jamais conçu mais aussi tracer la voie vers un avenir plus riche pour le genre. Plus important encore, ils nous rappellent pourquoi nous aimons cette licence, non pas par nostalgie mais parce qu’elle reste unique parmi toutes les autres surtout lorsqu’elle est traitée avec respect et passion.</span></p>

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