Petitcapybara - Qwice

Qu'est-ce qu'un art ? Comment on les classe ? Qu'est-ce qu'il raconte Hegel, sur l'art ? Suite et fin de ma présentation de la philosophie de l'art et de l'hégélianisme.

Petitcapybara - Qwice 2025

Qu'est-ce qu'un art ? Comment on les classe ? Qu'est-ce qu'il raconte Hegel, sur l'art ? Suite et fin de ma présentation de la philosophie de l'art et de l'hégélianisme. II. C. Lisez mes posts II A et B si vous voulez mieux comprendre le C. Au départ, ce post devait paraître dans le post précédent ; mais j'avais presque dépassé le nombre de caractères maximums. J'ai donc décidé de diviser le post en deux : II. B et II. C séparés. <p><strong>C. Classification des cinq arts</strong></p><p style="text-align:justify;">Après avoir vu les trois périodes de l’art, les trois formes particulières de l’art, je propose de vous introduire la classification hégélienne des arts, comme système de cinq arts, et de vous présenter, brièvement, les cinq arts en questions.</p><p style="text-align:justify;">Deuxième classification de l’art, ce système des arts particuliers réalise la dialectique de l’idée du beau d’une autre manière encore, de façon plus concrète. L’art évolue, cette fois-ci, en suivant non plus le contenu, mais son matériau. Plus l’art évolue, plus l’art entre dans ses contradictions, et plus l’art les résout, et plus le matériau de l’art se spiritualise, il devient impalpable, inconsistant, subtil.</p><p style="text-align:justify;">Chez Hegel, il y a donc cinq arts. La classification se lit en deux sens : du plus matériel au moins matériel ; du moins expressif au plus expressif. En effet, il faut le noter, mais cette classification s’entend dans ces deux sens en même temps. L’architecture est la plus matérielle et la moins expressive, alors que la poésie est (presque) immatérielle, mais est par contre la plus expressive. L’évolution qu’on doit noter, donc, c’est que plus l’art est peu matériel et plus, il est expressif ; en un sens, on peut dire que c’est la matière sensible, extérieure, qui empêche l’expression. On peut voir dans cette classification des cinq arts une sorte de répétition des trois périodes de l’art : l’architecture semble correspondre à l’art symbolique, la sculpture et la peinture à l’art classique, la musique et la poésie à l’art romantique. Mais, ce n’est pas tout à fait le cas non plus.</p><p style="text-align:justify;">En effet, ces cinq arts peuvent se retrouver dans n’importe quelle autre période, l’architecture romantique existe et la poésie symbolique aussi. Seulement, et le lien entre système des arts particuliers et formes particulières de l’art ne peut pas ne pas se faire, la dialectique précédemment exposée est très proche d’une dialectique dans laquelle l’art devient de plus en plus spirituel et spiritualisé, où la forme sensible, matérielle, extérieure, est de moins en moins importante.</p><p style="text-align:justify;">Il serait, cependant, mal aisé de dire que les deux dernières parties de l’<em>Esthétique</em> renvoient à la même chose. Quoiqu’il y ait, sous un certain rapport, une analogie entre la partie 2 et la partie 3, puisqu’elles semblent montrer une spiritualisation de l’art qui est de plus en plus expressive, il faut toutefois dire que la partie 2 s’intéresse au contenu, alors que la partie 3 s’intéresse presque exclusivement au matériau de l’art. L’architecture mobilisait quasiment uniquement un matériau sensible, alors que la poésie mobilise presque exclusivement le matériau spirituel. Il y a donc un lien, mais pas une identité. Le lien s’explique par la dialectique même qui voit dans la progression de l’art, la progression de l’esprit absolu vers la sphère religieuse. Dès lors, les trois parties vont de concert, elles participent à leur manière à la description de ce processus évolutif de l’esprit absolu qui cesse de s’abreuver dans le monde sensible pour rejoindre le monde spirituel et Dieu.</p><ol><li><p style="text-align:justify;">Définition d’un art</p></li></ol><p style="text-align:justify;">Nous voici donc avec un système de cinq arts particuliers : l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la poésie. Mais qu’est-ce qu’un art ? S’il « appartient à l’idée du beau de se manifester, comme œuvre d’art, extérieurement, de se donner immédiatement en spectacle aux sens et à l’imagination » (t. 2, p. 7), il nous faut saisir ce qu’est un art, les différents arts particuliers sous lesquels on regrouperait les différentes œuvres d’art. Hegel affirme que l’œuvre d’art, c’est « l’idée du beau [qui se] manifeste dans l’ensemble de ses formes de la pensée universelle » (t. 2, p. 8), et qu’on doit concevoir l’œuvre d’art comme « un tout organisé en soi » ; pourtant, il nous faut comprendre ce qu’est un art, c’est-à-dire la partie qui compose le tout de l’œuvre d’art. En plus clair, et comme Hegel l’écrit, quelle est la nature de l’œuvre d’art, à qui et à quoi s’adresse-t-elle ?</p><p style="text-align:justify;">L’œuvre d’art, écrit Hegel, s’adresse aux sens comme à l’esprit (t. 2, p. 16). Chez Hegel, une œuvre d’art, c’est une œuvre qu’on peut contempler. C’est donc user des sens, mais des sens qui se rapportent avant tout à l’esprit. Hegel distingue cinq sens ; le toucher, le goût, l’odorat, la vue et l’ouïe. Pour lui, seules la vue et l’ouïe permettent d’apprécier une œuvre d’art, et dès lors, une œuvre qui s’appuierait sur le toucher, le goût et l’odorat ne serait pas une œuvre d’art. Les sens, dit-il, nous mettent en relation avec les divers ordres de phénomènes du monde, et, par tant, ont des rôles différents. Les sens nous mettent en relation avec la nature. La nature, « c’est l’extériorité [qui] constitue la détermination dans laquelle [l’Idée] est en tant que nature. » (§247, <em>Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé</em>, Partie 2 « Philosophie de la nature », Introduction, p. 281) ; « La nature ne montre, par suite, dans son être-là, aucune liberté, mais de la <em>nécessité</em> et de la <em>contingence</em>. » (§248, p. 281), et « c’est pourquoi la nature, suivant cette existence déterminée par laquelle elle est précisément nature, ne doit pas être divinisée » (Remarque au §248). Avec cela en tête, on note donc que les sens nous relient avec une partie de la nature, puisqu’elle est, elle-même, soumise au processus de négation et de dépassement, d’auto-détermination. Dans l’<em>Esthétique</em>, Hegel privilégie la vue et l’ouïe. Pourquoi ? Cela tient de sa philosophie de la nature et de ce qu’il dit dans la « Physique organique » (cf. <em>Encyclopédie</em>, §337-sq, principalement au §358).</p><p style="text-align:justify;">« <em>Les sens </em>[…]<em> sont, par conséquent, 1) le sens de la sphère mécanique – de la pesanteur, de la cohésion et de sa variation, de la chaleur –, le sentiment en tant que tel qu’est le toucher, – 2) les sens de l’opposition, celui de l’élément aérien particularisé et celui de la neutralité pareillement réalisée de l’eau concrète et des modes opposés de la dissolution de la neutralité concrète – l’odorat et le goût. 3) Le sens de l’idéalité</em> […] <em>comme manifestation de l’extérieur pour de l’extérieur – le sens de la lumière en général et, plus précisément de la lumière devenant déterminée dans l’extériorité concrète, de la couleur, et</em> […]<em> le sens de la manifestation de l’intériorité qui se fait connaître comme telle dans son extériorisation, – du son – la vue et l’ouïe.</em> » (§358, p. 405, <em>Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé</em>, II, III, C)</p><p style="text-align:justify;">Pour faire très simple, il y a différents sens, ces sens sont tous liés à une partie de la nature. Le toucher est lié à la mécanique, la première partie de la nature, celle qui est la plus indéterminée, immédiate, dans le domaine de la nécessité et de la contingence ; c’est l’extériorité pure, on n’y trouve aucune spiritualité. Donc, toucher une œuvre d’art ne peut pas nous mettre en relation avec l’idée du beau (qui est spiritualité).</p><p style="text-align:justify;">Le goût et l’odorat sont liés, quant eux, à la physique. C’est la deuxième étape de l’étude de la nature (philosophie de la nature), celle où la nature s’objectifie, où l’individualité apparaît comme quelque chose de plus concret que dans la sphère mécanique. On peut bien goûter ou sentir quelque chose, on n’arrivera pas à atteindre la spiritualité de l’art puisque la sphère physique reste encore extériorité ; quoiqu’il y ait une certaine individualité, elle reste extériorité, matérialité. On étudie toujours la matière, quoiqu’elle ait de l’individualité (§ 272, <em>Encyclopédie</em>).</p><p style="text-align:justify;">La vue et l’ouïe, quant à elles, sont les deux sens liés à l’idéalité, l’idéal, à l’idée, donc à la physique organique, celle qui étudie les choses vivantes, avec une certaine spiritualité, qu’Aristote appelle <em>pneuma</em> (souffle). C’est ce moment où l’extériorité et l’intériorité de la matière se réunisse pleinement ; la matière est vivante. La vue et l’ouïe sont seules capables de saisir l’objet sensible dans ce qu’il a de spirituel. Le touch

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