SLOG90 - Qwice

Episode 2 : De 1972 à 1982 Dans le premier épisode, je vous avais laissé sur le fait que l’Union Calédonienne rencontrait une désunion de plus en plus forte en son sein, désunion ayant attei

SLOG90 - Qwice 2024

Episode 2 : De 1972 à 1982 Dans le premier épisode, je vous avais laissé sur le fait que l’Union Calédonienne rencontrait une désunion de plus en plus forte en son sein, désunion ayant atteint son apogée en 1977. Mais avant de vous en parler, laissez-moi d’abord évoquer un festival faisant la part belle à la culture kanak ainsi que l’émergence d’un nouveau parti politique local, car cela a son importance pour comprendre cette désunion. <h1><strong>Histoire de la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos jours</strong></h1><h2><strong>Episode 2 : De 1972 à 1982</strong></h2><hr /><p style="text-align:justify;">Dans le dernier épisode, je vous avais laissé sur le fait que l’Union Calédonienne rencontrait une désunion de plus en plus forte en son sein en 1972, désunion ayant atteint son apogée cinq ans plus tard. Mais avant de vous en parler, laissez-moi d’abord vous parler du festival « Melanesia 2000 » ainsi que de l’émergence d’un nouveau parti politique local, car cela a son importance pour comprendre cette désunion.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Le festival « Melanesia 2000 »</strong></p><p style="text-align:justify;">Premier festival des arts mélanésiens ayant lieu en septembre 1975, ce festival est organisé par un membre de l’Union Calédonienne, Jean-Marie Tjibaou malgré une opposition nette de la part de Maurice Lenormand mais aussi d’une partie de l’Union Calédonienne et de certains indépendantistes kanaks. Par contre, pour cette initiative, Tjibaou recevra le soutien de Rock Pidjot, un député kanak de l’Union Calédonienne, de l’Eglise Protestante et de Jean Guiart, un anthropologue français vivant alors sur place.</p><p style="text-align:justify;">Ce festival fait alors la part belle à la culture kanake et en parle comme une culture belle et bien vivante et non mourante. Comme l’a expliqué Jean-Marie Tjibaou à l’époque dans son discours d’introduction à ce festival : « Nous avons voulu ce Festival parce que nous croyons en la possibilité d’échanges plus profonds et plus suivis entre la culture européenne et la culture canaque. […] L’espoir qui sous-tend ce projet est grand... Nous devons ENSEMBLE le réaliser pour l’avenir culturel de notre jeunesse et la santé de notre pays. ».</p><p style="text-align:justify;">S’étalant sur 4 jours entiers, le festival rencontrera un certain succès puisqu’il parviendra à réunir environ 50 000 spectateurs ce qui, à l’époque, représentait environ 38 % de la population de l’archipel !</p><p style="text-align:justify;"><strong>La création du Palika</strong></p><p style="text-align:justify;">Quelques mois avant le festival « Melanesia 2000 », le « Groupe 1878 » d’Elie Poigoune et les « Foulards Rouges » de Naisseline décident de se réunir en un seul parti nommé le Palika (Parti de Libération Kanak) en juillet 1975. Toutefois, ils continueront à discuter avec d’autres indépendantistes et leur congrès fondateur aura alors lieu en 1976.</p><p style="text-align:justify;">On peut considérer qu’il s’agit d’un des premiers partis politiques locaux crée par des kanaks et qui revendique l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Je dis bien "un des premiers", car d'après mes recherches, le tout premier parti indépendantiste crée par des kanaks serait l'UPM (Union Progressiste en Mélanésie) alors dirigé par André Gopoea et crée en 1973. En tout cas, le Palika va jouer un rôle significatif dans les années à venir aux côtés d’autres partis indépendantistes mineurs ainsi que… de l’Union Calédonienne suite au Congrès de Bourail de 1977.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Le congrès de Bourail ou quand l’Union Calédonienne… se désintègre en plein vol</strong></p><p style="text-align:justify;">Ce congrès politique entre membres de l’Union Calédonienne a pour but principal de renouveler le Bureau du parti. Malgré une opposition assez ferme entre les partisans de l’indépendance et ceux qui y sont défavorables, ce sont les premiers qui l’emportent. Ainsi, Pierre Declercq, un indépendantiste d’origine européenne, prend la tête du parti avec Jean-Marie Tjibaou à la vice-présidence… et c’est ainsi que l’Union Calédonienne prend une nouvelle orientation : celle de l’indépendance.</p><p style="text-align:justify;">Certains membres du parti décideront de quitter l’Union Calédonienne comme Jean Lèques qui ira rejoindre les rangs du RPCR (Rassemblement Pour la Calédonie dans la République) loyaliste. D’autres, comme Jean-Pierre Aïfa, décideront de créer leur propre parti… en l’occurrence Aïfa décida alors de créer la FNSC (Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne).</p><p style="text-align:justify;">Quant à l’Union Calédonienne désormais indépendantiste, elle va se rapprocher du Palika ainsi que d’autres partis indépendantistes mineurs comme l'UPM d'André Gopoea, le FULK (Front Uni de Libération Kanak) de Yann Céléné Uregeï et le PSC (Parti Socialiste Calédonien) de Jacques Violette pour former une coalition appelée le « Front indépendantiste » en vue des élections territoriales de 1979, élections qui vont livrer un résultat assez… singulier !</p><p style="text-align:justify;"><strong>Que se passe-t-il à l’issue de ces élections de 1979 ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Concrètement, on peut considérer que 3 fronts politiques se présentent à ces élections :</p><p style="text-align:justify;">· Celui des loyalistes, qui est incarné par le RPCR de Jacques Lafleur. Ils souhaitent que la Nouvelle-Calédonie demeure sous l’autorité de la République Française.</p><p style="text-align:justify;">· Celui des indépendantistes, qui est incarné par le Front Indépendantiste, cette coalition dont je vous parlais tantôt. A sa tête, on trouve Jean-Marie Tjibaou qui milite pour l’indépendance de l’archipel calédonien.</p><p style="text-align:justify;">· Celui des autonomistes, incarné par la FNSC de Jean-Pierre Aïfa qui souhaite que la Nouvelle-Calédonie ait accès à un certain degré d’autonomie au sein de la République Française. </p><p style="text-align:justify;">Les résultats… ils sont disponibles dans la première image de cet album... 15 sièges pour le RPCR, 14 pour le front indépendantiste et 7 pour la FNSC.</p><p style="text-align:justify;">Autrement dit, la FNSC est dans une position de « faiseur de roi » dans la nouvelle assemblée territoriale, car ni le RPCR, ni le Front indépendantiste ne dispose de suffisamment de sièges pour réclamer la présidence de l’assemblée Territoriale et la vice-présidence du gouvernement de conseil local (car à l’époque, la présidence était prise d’office par le Haussaire (auparavant Gouverneur), le représentant de l’Etat en Nouvelle-Calédonie).</p><p style="text-align:justify;"><em>D'ailleurs, je fais une toute petite parenthèse pour dire que cette situation-là, elle est un peu similaire à celle qu'il y a eu aux dernières élections provinciales. Deux blocs (loyaliste et indépendantiste) qui ont une différence d'a peine un siège au Congrès et un parti "faiseur de roi", l'Eveil Océanien qui dit être "neutre"... mais on aura l'occasion d'en reparler. Revenons au propos...</em></p><p style="text-align:justify;">En toute logique et ne souhaitant pas l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, la FNSC s’allie d’abord au RPCR. Ainsi, sur les 7 sièges vacants du gouvernement, 5 sont attribués à Dick Ukeiwé (qui devient vice-président), Albert Etuvé, Franck Wahuzue, Pierre Frogier et Pierre Maresca du RPCR et 2 sont attribués à Georges Nagle et Stanley Camerlynck de la FNSC. En échange, c’est à Jean-Pierre Aïfa de la FNSC que revient la Présidence de l’Assemblée Territoriale.</p><p style="text-align:justify;">Il est à noter que, suite à la mort de Nagle en 1981, c’est Gaston Morlet qui prendra sa place à partir de 1981 au sein de ce gouvernement. Cette alliance entre le RPCR et la FNSC se passe toutefois assez mal et les points de divergence sont nombreux entre les deux partis… ils s’opposent sur le sujet du foncier ainsi que sur le degré d’autonomie à accorder à la Nouvelle-Calédonie…</p><p style="text-align:justify;">Or, le 11 janvier 1982, le Front indépendantiste propose la création d’un impôt sur le revenu sur le Territoire, un impôt auquel le RPCR s’oppose avec véhémence. C’est donc à la FNSC de trancher… Et bien que le RPCR somme la FNSC de ne pas voter cet impôt, pour autant, l’idée d’un impôt sur le revenu local plaît bien au parti autonomiste de Jean-Pierre Aïfa.</p><p style="text-align:justify;">Qu’est-ce que le parti d’Aïfa va décider ? Maintenir sa fidélité à une alliance qui semble se déliter de plus en plus ou bien adhérer à une réforme qui leur semble cohérente, même si elle provient du camp indépendantiste ? On en discutera dans le prochain épisode ! 😉</p><p><span style="color:rgb(32,33,34);"> </span></p>

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