Quand le chef de la diplomatie française se prend pour l’humoriste K. Khojandi pour ra - Qwice

Quand le chef de la diplomatie française se prend pour l’humoriste K. Khojandi pour raconter les coulisses d’un GZ0, cela laisse un goût quelque peu amer au pays des grands esprits. Est-ce le

Floriane Zagar - Qwice 2025

Quand le chef de la diplomatie française se prend pour l’humoriste K. Khojandi pour raconter les coulisses d’un GZ0, cela laisse un goût quelque peu amer au pays des grands esprits. Est-ce le rôle d’un ministre ? Est-ce une démonstration digne de la fonction ? Loin de la lignée des Talleyrand, Tocqueville, Couve de Murville, ou encore Védrine, le ministre des Affaires étrangères J-N. Barrot s’amuse à parodier sur les réseaux sociaux pour communiquer son... ...dernier G20. Communiquer, c’est se faire comprendre, c’est faire passer un message. Mais quel message est transmis dans le cas présent ? Sur le fond comme sur la forme, le choix de cette approche est assez révélateur de politiciens qui de plus en plus se répandent sur les réseaux tels G.Attal qui surinvestit Tiktok, ou le jupitérien E.Macron qui se veut la madone des plateformes sociales. Certes, certains mettront en avant le choix de médias plébiscités par les jeunes et un public de plus en plus adeptes des réseaux comme sources d’informations plutôt que des médias traditionnels.  Mais, si sur le fond, le choix du support peut tout à fait se comprendre, il en va différemment de la forme de l’intervention. Se vouloir moderne, en prise avec son temps ne doit pas faire oublier sa fonction. Choisir un narratif décalé n’implique pas de se montrer soi-même déphasé. Tout comme "Bref", cette série dont il s’est inspiré et qui a déjà plus de 10 ans,  le ministre régalien a lui-même autant de retard sur la compréhension du multilatéralisme, sur l’appréhension de la fonction, sur l’appropriation du costume qui semble trop grand pour lui. M. Barrot a communiqué non sur un évènement international mais sur sa personne :  il se met en scène, et fait la démonstration d’un ego dans toute son amplitude.  Voici un homme qui va serrer la main de Ahmed al-Charaa, nouveau dirigeant de la Syrie, djihadiste et ancien d’Al-Qaïda, tout en appelant à un dialogue entre les partis... mais qui accuse JD. Vance d’ingérences en Europe et exige une grande fermeté à son égard de la part de la Commission européenne. Jouer à l’acteur quand la Chine étend son pouvoir, quand les EU votent avec  la Russie à l’ONU sur le conflit ukrainien, humiliant ainsi la France dont l’amendement a été rejeté : quel contraste ! Approche décalée, assurément. Volonté de "buzzer", évidemment. Style "jeune et frais"... à grand frais à l’évidence. La politique étrangère ce n’est pas se mettre en scène, mais mettre son pays sur l’avant-scène. La politique étrangère ce n’est pas chercher la lumière pour soi, mais mettre en lumière des actions réelles et des avancées. « La fragmentation du monde (...)  ne se fait pas entre le Nord et le Sud mais entre ceux qui veulent agir pour affronter les défis, » Agir face à de tels défis par parodie interposée, cela s’annonce mal. « En réaffirmant ce principe, je rappelle que c’est la boussole de la France » Aurait-il égaré la sienne de boussole ? À moins que seule celle de son nombre d’abonnés ne le guide.

Image
Animation