Je ne savais pas qu’un « simple » livre pouvait arracher d’intenses émotions. En - Qwice

Je ne savais pas qu’un « simple » livre pouvait arracher d’intenses émotions. Enfin, si, bien sûr. N’importe quel média bien pensé, livre, musique, bande dessinée, manga, courts ou lon

Ma Fête Foraine - Qwice 2025

Je ne savais pas qu’un « simple » livre pouvait arracher d’intenses émotions. Enfin, si, bien sûr. N’importe quel média bien pensé, livre, musique, bande dessinée, manga, courts ou longs métrages, jeu vidéo, animation… Quelqu’un qui a terminé Code Geass en ne versant strictement aucune larme est un dangereux psychopathe. Code Geass est d’ailleurs un exemple pertinent, car il s’agit d’une œuvre japonaise. L’aviez-vous remarqué ? Les japonais ont cette appétence pour les œuvres qui bousculent les émotions. Un livre qui arrache des larmes sincères, qui ne parviennent pas à s’arrêter, ne pouvait venir que du Japon. L’étiquette « Livre jeunesse » est même très malvenue pour un livre d’une telle maturité ; mais que voulez-vous, c’est le lot de tous les récits mettant en scène des protagonistes âgés de moins de 15 ans ; d’autant plus que les références à des œuvres de fiction dans les premières pages sont un peu vomitives.Si le Château Solitaire dans le Miroir a eu l’honneur d’une sortie française dans les librairies, c’est avant tout parce que le réalisateur Keiichi Hara l’a adapté au cinéma. Rendons à César ce qui appartient à César, et à l’ @X9adOp20rkLTIK ce qui appartient à Qwice. Le pur hasard m’a d’abord amené au film. Les adaptations, il n’y a franchement rien de plus viral pour médiatiser une œuvre.Au départ je faisais le tour des films d’animation japonais publiés ces dernières années. J’avais dans l’idée de trouver une thématique particulière. Je tombe sur un Keiichi Hara au trailer prometteur, et comme j’apprécie le réalisateur, je laisse faire franchement au pif. Le hasard a voulu que je trouve dans ce film la thématique que je recherchais ; malheureusement je ne pourrai pas en parler davantage ici car c’est littéralement le ressort de la fin du récit.Un bon film en dépit de passages 3D extrêmement mauvais, une adaptation correcte du matériau d’origine qui en respecte les grandes lignes ; mais comme souvent avec les adaptations la lecture de l’original ne souffre aucune comparaison - en fait le film est même franchement très fade à côté. Il est vrai que, possesseur d’emblée des informations les plus importantes pour comprendre l’intrigue, j’ai beaucoup recouru aux dernières pages au cours de ma lecture, avec cette liste complète des protagonistes mais surtout d’un point qui les concerne et dont je ne peux pas parler ici parce que forcément bien sûr.Si le livre appartient au registre du fantastique et du surnaturel, ce n’est pourtant pas le thème principal du récit. Le thème principal, je vous le donne en mille, c’est le décrochage scolaire.Kokoro Anzai ne va plus au collège. Elle ne peut plus. Une autre élève et sa bande lui ont fait vivre une expérience traumatisante. Tojo Moé, camarade de classe dont elle aurait tant voulu être l’amie, qui se trouve être une voisine, lui met quotidiennement dans sa boîte aux lettres une enveloppe contenant les documents liés aux cours où elle ne va plus. Et puis il y a Mme Kitajima, qui représente l’École du Cœur, un institut pour enfants en décrochage scolaire. Mais rien n’est simple pour Kokoro qui, finalement, reste cloîtrée.Un jour, le miroir dans la chambre de Kokoro s’allume. Et elle est aspirée, telle Alice. Mais ce qui l’attend est loin d’un pays des merveilles. C’est un château pur et simple, éclairé à l’électricité, mais dénué d’eau comme de gaz. Six autres enfants sont déjà là. Enfin sept, si l’on compte la maîtresse des lieux, curieuse petite fille portant un masque de loup, capable de disparaître et d’apparaître à l’envi.« Dans ce château, une clé cachée ouvre la chambre des souhaits. Un seul souhait sera accordé à quiconque la trouvera. Le château est ouvert jusqu’au trente mars prochain, vous avez donc une année scolaire devant vous. Le château est ouvert de 9h à 17h, aux heures du Japon. Si vous dépassez cet horaire, le Grand Méchant Loup vous mangera ».Les sept enfants apprendront surtout à se connaître, sans jamais vraiment chercher la clé ; d’autant plus, apprendront-ils, que si un vœu était réalisé, tous leurs précieux souvenirs des moments passés dans le château disparaitraient.Quand le récit veut être triste, il l’est violemment. Si vous avez été victime de brimades ou de harcèlement scolaire, il résonnera forcément. Oui, c’est vrai, comme le dit le récit lui-même dans ses dernières pages, il n’y a pas deux situations identiques. Le vécu d’une personne ne sera jamais celui d’une autre. Personne ne peut prétendre se mettre à la place d’une jeune fille dont la seule motivation des rivales autoproclamées pour venir en surnombre tambouriner à sa porte de maison est un garçon. Personne n’a été strictement dans la situation de Masamune, Aki ou encore Subaru ; d’autant plus que les problématiques de chaque personnage sont compliquées par les conventions sociales propres au Japon, ce qui fait accessoirement du livre (et absolument pas du film) un remarquable documentaire.Pour la première fois de ma vie, en refermant le livre, dont le final était pourtant empreint de joie et de volonté d’aller de l’avant, j’ai pleuré. Et vous savez quoi ? Je repleure en l’écrivant. Même avec un emballage à peu près féerique, un récit dur demeure un récit dur.En définitive on a envie d’être dans le cercle de ces gamins. Et de leur dire « ça va aller, vous n’êtes plus seuls ».

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