Petitcapybara - Qwice

Sur Twitter, je vois des gens se prendre le chou (comme il est de coutume là-bas) sur le sujet de dissertation « L'État nous doit-il quelque chose ? ». Beaucoup de bruit pour un sujet classiqu

Petitcapybara - Qwice 2024

Sur Twitter, je vois des gens se prendre le chou (comme il est de coutume là-bas) sur le sujet de dissertation « L'État nous doit-il quelque chose ? ». Beaucoup de bruit pour un sujet classique (du réchauffé même, en philo politique). Et peu importe l'idéologie politique derrière, toutes ces personnes oublient ce qu'est la dissertation... Non, ce n'est pas donner son avis comme on le fait sur Twitter ou au bar PMU du coin. <p style="text-align:justify;">Si je peux donner quelques conseils pour ce sujet : essayez de définir « État » et « devoir (pour un État) ». Le sujet demande, de manière toute sympathique, si un État peut avoir des devoirs, si l'État a des devoirs envers ses citoyens/les individus qui le composent, si l'État a des comptes à rendre, et à qui. Et tout l'intérêt de cette question, c'est de s'interroger sur ce qu'est l'État, ses objectifs, s'il est serviteur du citoyen ou s'il sert une classe précise, c'est de voir également à quoi sert l'État.</p><p style="text-align:justify;">Et c'est qui « nous » ? Nous, les citoyens ? Nous, les individus ? Et quand est-ce qu'on peut dire qu'il a des comptes à NOUS rendre ? Ici, mobiliser Thoreau et Locke (sur le droit à la désobéissance civile) n'est pas forcément une mauvaise idée. De manière plus générale, si on voit l'État sous le prisme du « contrat social », on peut se demander ce qu'on doit/peut faire quand l'État rompt le contrat ou ne remplit pas sa part.</p><p style="text-align:justify;">Mais, est-ce lui qui nous doit quelque chose ou nous qui lui devons quelque chose ? Si on veut renverser le sujet (dire « Nous devons quelque chose à l'État »), on peut s'appuyer, dans une certaine mesure, sur Platon et le <em>Criton</em> (la Prosopopée des lois) : Socrate y explique qu'il est injuste de désobéir à la loi, car il vaut mieux subir l'injustice plutôt que la connaître (<em>Apologie de Socrate</em>) et parce que quand on a vécu, comme lui, en profitant des lois, désobéir maintenant qu'elles ne nous avantagent plus reviendrait à dire qu'on n'a aucune attache à la Cité et qu'on la trahit.</p><p style="text-align:justify;">Quelque part, ce sujet, on peut le comprendre de cette façon : est-ce moi ou l'État qui a des devoirs envers l'autre ? Ou les deux ? Est-ce que c'est moi ou l'État qui est au service de l'autre ? En gros, qui sert qui ? Qui doit obéir à qui ?</p><p style="text-align:justify;"></p><p style="text-align:justify;">On parle de l'« État », mais lequel d'État ? L'État fasciste, par exemple, que nous doit-il ? Et une monarchie absolue de droit divin ? Avec La Boétie, et son <em>Discours de la servitude volontaire</em>, on pourrait entendre ce sujet un peu différemment. Le sujet n'est plus tant : l'État doit-il nous rendre des comptes ? mais, Est-ce l'individu qui se soumet volontairement qui permet l'existence de l'État ou bien l'État est-il fondé sur autre chose ?</p><p style="text-align:justify;"></p><p style="text-align:justify;">Bon, ce ne sont que quelques maigres pistes de réflexion, faites en coup de vent ; sans trop y réfléchir. Mais, j'espère que vous voyez mieux en quoi, disserter, ce n'est pas vraiment « donner son avis » ; la dissertation de philosophie demande bien plutôt de montrer que le sujet est loin d'être évident. En vérité, ce qui m'ennuie et m'embarrasse profondément quand je lis ce genre de propos, des réponses dogmatiques, bêtes et peu argumentées, voire des propos alarmistes (« les correcteurs sont tous de LFI, fuyez candidats libéraux !! »), c'est que ces propos ne prennent pas la mesure de ce qu'est philosopher. Le philosophe, il va se poser pour mieux entendre ce qu'un tel sujet peut signifier. Si on vous pose la question, c'est qu'une réponse simple et directe (« oui » ou « non ») est insuffisante. Parce qu'il est loin d'être évident et aisé de dire que l'État nous doit ou non quelque chose ! Désolé de casser l'ambiance, surtout vu l'ambiance en ce moment, mais affirmer l'une ou l'autre thèse, c'est loin d'être évident : c'est quoi un État ?</p><p style="text-align:justify;">Après, je n'en veux pas tout à fait aux personnes qui écrivent ce genre de choses sur Twitter : le réseau est fait pour que tout soit caricatural, sans nuances et dans la précipitation. On ne peut pas développer quelque idée, sans déborder sur trois ou quatre posts... Heureusement, sur Qwice, je peux déborder !</p>

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