Deus In Machina - Qwice

Aujourd'hui j'ai fait une terrible erreur : je suis allé sur le réseau à l'oiseau bleu et j'ai, comme beaucoup, découvert cette caricature tellement hors-sol qu'elle en est drÃ

Deus In Machina - Qwice 2024

Aujourd'hui j'ai fait une terrible erreur : je suis allé sur le réseau à l'oiseau bleu et j'ai, comme beaucoup, découvert cette caricature tellement hors-sol qu'elle en est drôle. Mais j'en profite pour partager une petite réflexion sur la question des SDF. <p style="text-align:left;">Avez-vous remarqué que lorsque l'on est pauvre, on doit toujours plus à la société ? Pas forcément en argent, mais autrement. Combien de fois avez-vous entendu quelque chose comme : "regardez comme ça se bouscule pendant les soldes pour acheter des télés et des smartphone ! C'est donc à ça que sert le RSA ? Dis donc, ces pauvres, ils ont beaucoup d'argent à dépenser bizarrement !" ? Les affirmations à l'emporte-pièce sur les pauvres sont nombreuses, et les emporte-pièces à peine variés : "Regardez ce SDF, s'il avait vraiment faim, il achèterait pas de l'alcool !" ; "mais s'ils sont pauvres, ils ont qu'à bosser un peu !" ; "maintenant même les SDF ont des smartphones et des Nikes, donc ils devraient bien pouvoir s'en sortir !"...<br /><br />Le discours général sur les pauvres, c'est de dire que c'est de leur faute. Évidemment. De toute manière ce n'est jamais de la faute des gens qui ont tout l'argent pour eux : si tu n'as pas de gâteau, c'est que tu ne t'es pas bien battu pour l'avoir ! Et le pouvoir en place ne peux jamais rien faire là-dedans, bien entendu. Jamais de leur faute. Si un SDF est SDF, c'est qu'il a "mal travaillé à l'école" (véridique, celle-là est de mon propre frère), qu'il est oisif. Tous ces chômeurs n'ont qu'à se bouger. <br /><br />Mais il y a quelque chose de plus profond dans le jugement commun au sujet des pauvres, et surtout des SDF : il faut qu'ils correspondent à l'image d’Épinal que l'on se fait d'eux. Un SDF avec un smartphone, c'est un "faux pauvre" : s'il arrive à se payer un téléphone, c'est bien qu'il en a de l'argent ! Un pauvre qui se permet de s'acheter une télé ou des vêtements, c'est qu'ils gèrent mal leur argent ! La version la plus folle de ces discours, je l'ai entendu de la bouche de proches : "une fois j'ai voulu donner de la bouffe à un SDF, et il a refusé car y avait du jambon et qu'il est végétarien ! Bah dis donc, il devait pas avoir très faim si il refuse ce qu'on leur donne !".<br /><br />Car, oui, sachez-le ! les pauvres n'ont pas le droit d'avoir des goûts, d'avoir des convictions, d'avoir un mode de vie , une culture ou une religion : non seulement c'est fondamentalement de sa faute, mais il doit en plus avoir un mode de vie d'animal, en perpétuelle survie, hibernant l'hiver et jouant les saltimbanques l'été. Les SDF, dans notre belle société supposément progressiste, droit-de-l'hommeiste, égalitaire, socialiste (ou je ne sais quel qualificatif stupide de la droite), sont des bêtes de foire, des animaux de cirque qui méritent, intrinsèquement, leur condition. Ils n'ont, moralement, pas le droit aux loisirs, aux préférences, aux convictions. Ils seront toujours jugés négativement, quoi qu'ils fassent, en raison de leur condition.<br /><br />Ajoutez à cela que beaucoup aiment que les SDF soient sales, malpropres, mal nourris, malpolis, ignorants, alcooliques : cela permet de garder une distance vis-à-vis d'eux. Un SDF propre, qui ne vit pas vêtu de haillons et rampant vers les poubelles, c'est comme un "faux" SDF dans la tête de beaucoup, quelqu'un qui ne fait juste pas d'effort pour s'en sortir. Donc pourquoi l'aider ? Alors que si le SDF correspond à cette image... bah pourquoi l'aider ? Il ne vaut pas mieux qu'un animal. Bref, le SDF vit le sort qu'il mérite, au fond. <br /><br />Au bon temps de l'humanisme, puis à la bonne époque du XVIII siècle et de ce cher Voltaire, les pauvres n'avaient qu'un seul intérêt dans lasociété : ils permettaient aux riches de montrer leur bonté et leur générosité avec un peu de charité. Évidemment, ce qu'ils donnaient n'étaient que des miettes de leur fortune ; mais une pièce d'argent jetées à même la rue, quelle aubaine pour le pauvre qui la ramasse ! Et sitôt la pièce ramassée, sitôt le noble est salué, remercié de sa grandeur d'âme, à l'image des milliardaires comme Bill Gates qu'il faudrait presque remercier de donner de l'argent pour financer des vaccinations en Afrique. <br /><br />Pendant des siècles et des siècles, les pauvres servaient aux seigneurs de bonne naissance à montrer leur bonté. Aujourd'hui, à l'époque de la ploutocratie, ils servent de contre-exemple aux riches, qui eux ont réussi par le "mérite". Les choses n'ont pas tant changé. </p>

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