Floriane Zagar - Qwice

Fermeture autoritaire de comptes Instagram, projet de loi voulant "expurger des médias et condamner tout propos qui s’apparenterait à du climatoscepticisme" ou encore le Covid, prétexte a

Floriane Zagar - Qwice 2025

Fermeture autoritaire de comptes Instagram, projet de loi voulant "expurger des médias et condamner tout propos qui s’apparenterait à du climatoscepticisme" ou encore le Covid, prétexte aux atteintes à la liberté de la presse... Nombreux sont les cas qui ont fait renaître une ombre que l’on croyait disparue, celle de la censure. Parler de censure dans une démocratie libérale semble bien paradoxal. Pourtant, bien mal informé celui qui estimerait que la censure... ...appartient à un passé obscurantiste révolu. Elle s’est même élargie puisque désormais elle peut aussi bien relever d’une action possible après publication que d’un contrôle préalable, ou d’une interdiction d’accès implicite aux médias. Nous sommes désormais face à une censure invisible et à une pression de conformité médiatique, bien loin de la simple censure visible politique qui a été celle des décennies précédentes. D’autant plus que l’autocensure se rajoute désormais à l’éventail des possibilités proposées par... Anastasie. Voici un exemple d’antonomase bien connu du monde médiatique. Avant de parler d’Anastasie, revenons sur la censure et les censeurs. Le mot censure vient du latin "censere" (arbitrer ou mesurer la valeur), et date du Ve siècle avant J.-C. Il désignait alors les magistrats chargés du cens. Ce dernier consistait à classer les citoyens par ordre de fortune et d’âge pour fixer le niveau de l’impôt et le degré de leur contribution à la défense de Rome. Puis petit à petit, il s’est étend à la mesure de la dignité, de l’honneur des citoyens, et donc à la surveillance des mœurs. Les censeurs pouvaient en cas d'infraction la noter sur le registre du cens et frapper les coupables d'ignominie. Si la censure vient du latin, Anastasie, elle, vient du grec : son nom signifie "résurrection" ; une façon pour les auteurs et les médias de rappeler que la censure ne meurt jamais vraiment. La première et la plus célèbre des représentations apparaît en 1870 sous le crayon du caricaturiste André Gill. Comme dans toute allégorie, chaque détail est soigneusement choisi : vieille mégère portant des lorgnons, elle est armée de grands ciseaux qui en disent long sur les coupes qu’elle veut faire dans les œuvres littéraires, la presse ou les spectacles, quels qu’ils soient. En seront ainsi victimes "Les Misérables" de V.Hugo, les "Fleurs du mal" de C.Baudelaire ou encore "Le meilleur des mondes" de A.Huxley. La chouette qu’elle porte sur l’épaule symbolise son caractère scrutateur, jour comme nuit mais aussi les superstitions. Au fil du temps, le dessin s’étoffera et Anastasie se verra affublée d’une famille. Elle deviendra la fille naturelle de Séraphine Inquisition, et sera cousine de Ernest Communiqué (le prénom visait, semble-t-il, un ministre de l’Intérieur dont les communiqués ampoulés et parfaitement vides de sens faisaient le bonheur des humoristes) et du vicomte Butor de Saint-Arbitraire. Une belle famille qui a prouvé qu’elle avait un avenir, il n’y a pas à dire !