Episode 5 : Accalmie et reprise des tensions (1985 - 1988) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé juste sur les élections régionales de 1985 auxquelles le FLNKS comptait participer avec le RPCR… mais pas que ! Toutefois, un revirement politique au niveau de la France va changer la donne pour la Nouvelle-Calédonie et relancer, à terme, les tensions entre indépendantistes et loyalistes... <h1><strong>Histoire de la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos jours</strong></h1><h2><strong>Episode 5 : Des élections régionales de 1985 à la gendarmerie de Fayaoué (1988)… accalmie et reprise des tensions</strong></h2><hr /><p style="text-align:justify;"><strong>Alors, au final, qui se présente aux régionales de 1985 ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Du côté indépendantiste, le FLNKS décide de présenter des listes dans les 4 « régions » prévues par le statut Fabius-Pisani, à savoir le Sud, le Centre, le Nord et les Îles. Le LKS présentera aussi des candidats dans ces 4 régions.</p><p style="text-align:justify;">Du côté loyaliste, le RPCR proche de la droite chiraquienne présente aussi des listes dans les 4 « régions ». Pour ce qui est du Front National, il souhaitait se concentrer sur les régions « Sud » et « Centre » à plus forte densité européenne… mais renoncera finalement à se présenter dans le Centre afin de favoriser la candidature du RPCR.</p><p style="text-align:justify;">Du côté autonomiste, un nouveau parti nommé Calédonie Nouvelle et mené par Jean Leder décide d’incarner une alternative du côté des autonomistes tout en s’opposant fermement à l’indépendance.</p><p style="text-align:justify;">En effet, la FNSC d’Aïfa est en perte de vitesse depuis les élections territoriales de 1984 et sa récente prise de position en faveur de l’indépendance-association proposée par Edgard Pisani… Calédonie Nouvelle espère donc, en présentant une liste uniquement dans la région « Sud » capter l’électorat autonomiste déçu de la FNSC ainsi qu’une partie de l’électorat progressiste du RPCR.</p><p style="text-align:justify;">Cependant, la FNSC de Jean-Pierre Aïfa n’a pas dit son dernier mot. Même si Gabriel Païta a fondé son propre parti, le PFK (Parti Fédéral Kanak d’Opao), il va refaire cause commune avec Aïfa au sein d’une nouvelle alliance baptisée OPAO (Organisation Politique d’Alliances d’Opao). OPAO présentera des listes dans le Sud, le Centre et le Nord.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Quels sont les résultats des élections régionales ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Comme on peut l’observer dans la 1ère image de cet album, le RPCR raflera la majorité des 46 sièges du Congrès avec 26 sièges. Les grands perdants du scrutin sont clairement les partis autonomistes Calédonie Nouvelle et l’OPAO qui n’auront pas réussi à mobiliser suffisamment autour de leurs candidatures pour obtenir ne serait-ce qu’un siège au Congrès ! </p><p style="text-align:justify;">Du reste, le RPCR estime que la candidature de l’OPAO dans la région « Centre » a causé du tort à celle du RPCR dans la mesure où le FLNKS l’a emporté, d’une très courte tête dans cette région (431 voix de différence entre le FLNKS et le RPCR, sachant que l’OPAO avait rassemblé 726 voix sans obtenir de siège au conseil de la Région « Centre »).</p><p style="text-align:justify;">Cette victoire du FLNKS dans la région « Centre » est assez lourde de conséquence, en effet. Je rappelle que, dans le statut Fabius-Pisani, le Conseil exécutif devant seconder le Haut-Commissaire (représentant de l’Etat Français en Nouvelle-Calédonie) est constitué du Président du Congrès ainsi que des 4 présidents de région.</p><p style="text-align:justify;">Si le RPCR était conscient que le FLNKS l’emporterait facilement dans le Nord et les Îles, il n’avait cependant pas envisagé une victoire du FLNKS dans le Centre… cela changera donc la donne au niveau de la composition du Conseil Exécutif alors constitué de 2 membres du RPCR (Dick Ukiewé et Jean Lèques) ainsi que de 3 membres du FLNKS (Jean-Marie Tjibaou, Léopold Jorédié et Yeiwene Yeiwene).</p><p style="text-align:justify;"><strong>Quelles sont les conséquences de cette élection ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Paradoxalement, la Nouvelle-Calédonie est donc dotée d’un Congrès à majorité loyaliste, mais d’un Conseil Exécutif à majorité indépendantiste. Cependant, même s’il a été critiqué par les 2 camps, Pisani a tout de même pour satisfaction d’avoir pu rétablir un équilibre entre les deux camps, puisque les relations retournent à la normale. Ainsi, il décide de démissionner de ses postes de « Ministre de la Nouvelle-Calédonie » et de Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie.</p><p style="text-align:justify;">Si Fernand Wibaux est désigné pour remplacer Pisani en tant que Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, en revanche, personne ne remplacera Pisani dans son poste de Ministre qui est tout simplement supprimé. C’est Georges Lemoine, le secrétaire d’Etat chargé des Outre-Mer qui reprend donc la main sur le dossier calédonien au sein du gouvernement Fabius… mais plus pour très longtemps, car un événement politique majeur se produisant en mars 1986 en France va avoir des conséquences en Nouvelle-Calédonie… les législatives !</p><p style="text-align:justify;"><strong>Quand Pons ponce le statut néo-calédonien… </strong><em>(désolé, mon esprit taquin ne pouvait se passer de ce jeu de mots, mais vous verrez que c'est plutôt adapté ici...)</em></p><p style="text-align:justify;">En effet, les élections législatives de mars 1986 donnent la majorité à l’Assemblée Nationale pour la coalition RPR-UDF menée par Jacques Chirac. Du reste, en Nouvelle-Calédonie, ce sont les deux candidats issus du RPCR, Jacques Lafleur et Maurice Nénou, qui remportent les législatives. François Mitterrand est donc contraint d’accepter une cohabitation en nommant Jacques Chirac comme Premier Ministre de son Gouvernement.</p><p style="text-align:justify;">C’est Bernard Pons qui prendra donc le relais sur le dossier calédonien en tant que Ministre des Outre-Mer et ce dernier marque le pas d’entrée de jeu ! S’opposant fortement aux indépendantistes, il fustige le statut Fabius-Pisani et propose de le remplacer par un autre statut, le statut « Pons I » qu’il fait adopter le 17 juillet 1986… </p><p style="text-align:justify;">Dans ce nouveau statut, les compétences des conseils de région sont réduites, l’Office Foncier crée par le statut Fabius-Pisani pour redistribuer les terres sur la base du droit coutumier (droit des tribus kanaks autrement dit) est remplacé par l’ADRAF (Agence de Développement Rural et d’Aménagement Foncier) conçue pour redistribuer les terres sur la base de la propriété privée.</p><p style="text-align:justify;">Et enfin, le statut « Pons I » prévoit un référendum d’autodétermination en septembre 1987 pour lequel toute personne résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins 3 ans peut participer.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Comment le FLNKS réagit à ce statut « Pons I » ?</strong></p><p style="text-align:justify;">En parallèle à l’adoption de ce nouveau statut que le FLNKS désapprouve, l’alliance menée par Jean-Marie Tjibaou mène une grosse activité diplomatique et remplace alors Yann Céléné Uregeï à ce poste au sein du GPK (Gouvernement Provisoire de Kanaky) vu que Tjibaou désapprouve le rapprochement d’Uregeï avec la Libye de Mouammar Kadhafi. Suite à cette activité, le jour même où le statut « Pons I » est adopté, le Forum des Îles du Pacifique apporte son soutien à la cause du FLNKS et indépendantiste. Les pays non-alignés adopteront la même position quelques temps plus tard.</p><p style="text-align:justify;">Un mois après l’adoption du statut « Pons I », le FLNKS radicalise sa position et déclare qu’il ne participera au référendum que si seul le peuple kanak a le droit d’y voter. Et le 10 octobre 1986, grâce au soutien des pays non-alignés et des îles du Pacifique à l’ONU, le FLNKS parvient à obtenir le vote de la résolution 41/41 par l’Assemblée générale des Nations Unies à la majorité des 3/5èmes, résolution qui affirme « le droit inaliénable du peuple calédonien à l’autodétermination et à l’indépendance » et qui inscrit l’archipel calédonien sur la liste des territoires non autonomes selon l’ONU.</p><p style="text-align:justify;">Par la suite, en plus de faire surveiller les tribus par des militaires, Pons tient de violents propos sur les kanaks devant le Sénat en janvier 1987 en déclarant : « Il n’y a pas de peuple kanak […] La notion de peuple kanak est un sous-produit de la dialectique marxiste et de l’idéologie tiers-mondiste. ».</p><p style="text-align:justify;"><strong>Dialogue de sourds…</strong></p><p style="text-align:justify;">Un dialogue de sourds s’instaure entre le FLNKS et l’Etat Français… Le FLNKS remet sur la table le fait que l’E