Yannick Morard - Qwice

Petit article lorsque j'ai arrêté de voir la vie en rose sur Youtube.

Yannick Morard - Qwice 2025

Petit article lorsque j'ai arrêté de voir la vie en rose sur Youtube. <p><span>Je peux aujourd’hui l’affirmer sans hésitation : cela fait bientôt dix ans que j’ai complètement cessé de suivre des youtubeurs. J’ai tourné la page, mais surtout, j’ai arrêté de croire à cette illusion selon laquelle ces créateurs seraient des êtres heureux, passionnés, sincèrement épanouis dans leurs vidéos et leurs lives. Ce monde m’inspire désormais un profond malaise. Car derrière les caméras, la réalité est souvent bien différente : détresse psychologique, traitements médicaux, suivis psychiatriques, impossibilité de gérer une relation de couple stable ou des liens familiaux sains. En toile de fond, une ambiance sombre, faite d’angoisses, de pensées noires, voire d’idées suicidaires. Et cela finit par transparaître, même à travers l’écran.</span></p><p><span>Regarder ce type de contenu, avec ses faux sourires et ses montages lissés, c’est un peu comme regarder <em>Hélène et les Garçons</em> : on est dans la caricature, dans le faux, dans un monde parallèle où les personnages ne semblent jamais vivre de vrais problèmes. C’est du théâtre permanent, une mise en scène continue de ce que les gens veulent faire croire qu’ils sont. On vend de la joie, de la bonne humeur, de la réussite — mais c’est une illusion. C’est aussi grotesque que <em>Dallas</em>, où seules comptent les grosses voitures, les tensions surjouées et les femmes parfaites. Ou encore <em>Friends</em>, qui nous a fait croire que la colocation à six adultes dans un immense appartement new-yorkais est un havre de rires et de complicité, alors qu’en réalité, les colocations sont souvent synonymes de tensions, de disputes, de compromis forcés, de bruit, de vaisselle sale, de conflits larvés ou ouverts. Rien n’est plus éloigné de la réalité que cette idée d’harmonie constante.</span></p><p><span>D’ailleurs, pour être franc, je n’ai jamais cru à cette image d’une vie douce, joyeuse, bien rangée, comme celle des <em>sept nains</em> – qui rentrent du travail en chantant, joyeux, le cœur léger. Ma vision du monde a toujours été plus sombre, plus rugueuse. Si je devais caricaturer, je me rapprocherais davantage de l’image d’un type qui rentre du travail épuisé, frustré, qui se bourre la gueule, et qui cogne sa femme et ses gamins avant de continuer à picoler seul dans la pénombre. Bien sûr, je sais que c’est exagéré — heureusement que tous les foyers ne sont pas comme ça — mais parfois, oui, parfois, c’est bel et bien la réalité de certains. Et je préfère cette vision brutale à l’hypocrisie d’un monde rose bonbon qui n’existe que sur les écrans.</span></p><p><span>Quant aux figures dites “phares” de YouTube, la majorité ne m’ont jamais fait rire. Je pense à Norman, Cyprien, Squeezie et toute cette génération de créateurs aseptisés. Non seulement je ne les trouvais pas drôles, mais je les trouvais même franchement agaçants. Il y avait quelque chose de vide, d’artificiel, de forcé. Leur humour me mettait plus en colère qu’autre chose. À chaque vidéo, je ressentais une vacuité totale, comme si tout sonnait faux, creux, plat. Et plutôt que de sourire, j’avais juste envie de couper le son et de passer à autre chose. Je n’étais pas seul : beaucoup se demandaient comment on pouvait faire carrière avec si peu de contenu.</span></p><p><span>Et que dire de cette vague de streamers qui hurlaient devant leurs écrans en jouant à Slenderman ou à d’autres jeux d’horreur ? Les cris forcés, les réactions exagérées, le vacarme… Les premiers que je plaignais, c’étaient leurs voisins. Vivre à côté de ces gens devait être une épreuve au quotidien. Certains pensaient même faire fortune avec ce genre de contenu bruyant et sans fond… Il faudrait vraiment redescendre sur Terre.</span></p><p><span>Aujourd’hui, je tolère encore deux ou trois créateurs, mais même cela devient rare.</span></p><p><span>Et puis, il y a le Joueur du Grenier. Je l’ai longtemps apprécié. Il avait ce côté bougon, râleur mais attachant, avec un humour bien à lui, une vraie sympathie. C’était agréable à regarder. Mais aujourd’hui, c’est l’inverse. Quelque chose a changé. Il ne dégage plus rien de positif. Une noirceur s’en dégage, une froideur, une tension. Il ne fait plus sourire : il met mal à l’aise. Je dirais même qu’il est devenu antipathique, presque hostile. Ce n’est pas simplement une évolution de ton ou de style, mais une transformation profonde. Ce qu’il dégage aujourd’hui est lourd, pesant, parfois inquiétant. Et cela fait mal à constater, car il a compté dans le paysage YouTube français.</span></p><p><span>Enfin, j’ai même envisagé d’écrire un article sur l’affaire Mavachou et son ex-mari Adrien Chou. Mais je sais que si je le fais, je vais choquer, peut-être même me faire beaucoup d’ennemis — notamment sur des plateformes comme Qwice. Car je ne compte pas mâcher mes mots. Leur histoire m’a bouleversé, mais aussi profondément révolté. À titre personnel, j’aurais souhaité que leurs enfants soient placés dans un environnement plus stable, tant le comportement des parents m’a semblé irresponsable, malsain, et profondément inquiétant. Ces situations montrent à quel point la notoriété numérique peut détruire des vies, et parfois faire bien plus de mal que de bien.</span></p>

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