Episode 9 : Des provinciales de 1999 au premier référendum d’autodétermination… (1999 – 2018) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé sur l’accord de Nouméa et les élections provinciales de 1999 qui devaient avoir lieu. Quelles sont les forces en présence et que va-t-il s’y passer ? C’est ce qu’on l’on va découvrir ici en parcourant aussi près de 20 années d’histoire du Territoire. Histoire de la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos joursEpisode 9 : Des provinciales de 1999 au premier référendum d’autodétermination… (1999 – 2018)Quelles sont les forces en présence aux provinciales de 1999 ?Du côté des loyalistes, on retrouve bien le RPCR (Rassemblement Pour la Calédonie dans la République) et le Front National.Aussi, plusieurs listes loyalistes dissidentes du RPCR, à savoir l’UNCT (Une Nouvelle-Calédonie pour Tous) de Didier Leroux, et DECA (Développer Ensemble pour Construire l’Avenir) de Robert Frouin se rapprochent de la FNSC (Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne) de Jean-Pierre Aïfa pour proposer la liste commune « Alliance » dans le cadre de ces élections (ils ne se sont vraiment pas cassés la tête pour le nom... 😅)Pour ce qui est du camp indépendantiste, en revanche, si le LKS demeure uni, la rivalité entre certains membres du Palika et les autres composantes du FLNKS se poursuit. Ainsi, si dans le Sud, toutes les composantes du FLNKS parviennent à s’accorder sur une liste commune, dans le Nord et les Îles, le Palika (sous le nom de « UNI ») et l’Union Calédonienne (sous le nom de « UC ») font de nouveau bande à part !Aussi, dans le cadre du processus de discussion de l’Accord de Nouméa, trois des membres du FLNKS, à savoir André Burck (UC), Léopold Jorédié (UC) et Raphaël Mapou (Palika) vont désobéir aux consignes du front en négociant directement avec le RPCR début 1998 concernant la cession du massif de Koniambo (mine de nickel) à la SMSP (Société Minière du Sud Pacifique) pour insérer les mélanésiens dans l’exploitation du nickel.Burck, Jorédié et Mapou étant renvoyés du front et de leurs partis respectifs, ils décident de s’allier pour créer un parti indépendantiste aux positions plus modérées, la FCCI (Fédération des Comités de Coordination Indépendantistes) en mai 1998. Cono Hamu (qui avait fondé la FDIL pour les provinciales de 1995) décidera de rejoindre la FCCI dans le cadre des provinciales de 1999. D’autres partis se présentent également, mais je n’en parlerais pas ici puisqu’ils n’obtiendront aucun siège au Congrès et n’auront donc pas de pouvoir décisionnel…Quels sont les résultats de ce scrutin ?Au final, à l’issue de ce scrutin, la nouvelle composition du Congrès est celle indiquée dans la première image de l'album ci-dessus. Suite à une alliance, au Congrès, entre le RPCR de Lafleur et la FCCI de Burck et aux votes favorables du Front National (FN), Simon Loueckhote retrouve alors le fauteuil de Président du Congrès. Après désignation des vice-présidents du Congrès, il ne reste alors plus qu’à former le premier gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie.Grosso modo, le vote du gouvernement collégial en Nouvelle-Calédonie se fait par les membres du Congrès ayant exprimé leurs voix et à la proportionnelle sachant que le Gouvernement compte alors 11 sièges.Seules 2 listes sont déposées le jour du vote : la première liste provenant du bloc RPCR-FCCI et menée par Jean Lèques obtient 32 voix (les 24 du RPCR + 4 de la FCCI + 4 du FN) tandis que la deuxième liste provenant du FLNKS et menée par Rock Wamytan obtient 18 voix (4 du groupe FLNKS, car un des élus, Charles Pidjot, est absent et n’a pas fait de procuration + 6 de l’UNI + 7 de l’UC + 1 du LKS). Le parti Alliance marquera son non-alignement en votant blanc.Au vu de cela, sur les 11 sièges du gouvernement, le RPCR et la FCCI en obtiennent 7 alors que le FLNKS en obtient 4. Le Premier Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est alors formé et est composé de :Jean Lèques (RPCR – Président du Gouvernement)Léopold Jorédié (FCCI – Vice-Président en charge de l’Enseignement)Annie Beustes (RPCR – Affaires Economiques et Relations avec le CESE)Yves Magnier (RPCR – Budget, finances, Recherche, Politique monétaire et Crédit)Maurice Ponga (RPCR – Agriculture et élevage)Philippe Gomès (RPCR – Travail et formation professionnelle + Fonction publique)Pierre Maresca (RPCR – Transport, communications et communication audiovisuelle)Rock Wamytan (UC – Affaires coutumières + Relations avec le Congrès et le Sénat Coutumier)Déwé Gorodey (Palika – Culture, jeunesse et sports)Gérald Cortot (UC – Equipement)Aukustino Manuohalalo (RDO* - Protection sociale et santé)*A noter que le RDO (Rassemblement Démocratique Océanien) est né d’une division au sein de l’Union Océanienne en 1994, parti qui avait réussi à obtenir 2 sièges au Congrès dans le cadre des Provinciales de 1989. Le RDO a rejoint assez rapidement les rangs du FLNKS par ses positions indépendantistes.Evolution politique de 1999 à 2018A partir de là, revenir sur chaque provinciale jusqu’au premier référendum d’autodétermination de 2018 serait assez long… je vais cependant vous donner les grandes lignes de l’évolution politique de la Nouvelle-Calédonie durant la période : Le scrutin des provinciales de 2004 est marqué par l’émergence d’un nouveau parti nommé « L’Avenir Ensemble », un parti mené par Harold Martin à la philosophie autonomiste qui catalyse énormément d’espoir dans la mesure où il rassemble au-delà du clivage loyaliste/indépendantiste. En effet, ce dernier réunit non seulement d’anciens membres d’Alliance (Didier Leroux), du Rassemblement-UMP (ex-RPCR) déçus de la politique menée par leur parti (Phillipe Gomès et Harold Martin) et même des indépendantistes (comme Christiane Gambey, ancienne membre du LKS ou d’anciens membres de la FCCI).Seulement, après avoir fait jeu égal au Congrès avec le RUMP (16 sièges pour chaque parti), Harold Martin opère un rapprochement de plus en plus important avec le RUMP et abonde dans son sens, ce qui déplait à une majorité d’élus de ce nouveau parti. Une large partie de ces élus, dont Philippe Gomès, décide de quitter le parti. Gomès fonde alors, en 2007, un nouveau parti, « Calédonie Ensemble » qui jouera un rôle assez important dans les années à venir puisqu'il parviendra à prendre la tête du Congrès et du Gouvernement entre 2014 et 2019. Le camp loyaliste se morcelle, par la suite, en de nombreux micro-partis, comme :Le MRC (Mouvement Républicain Calédonien) fondé par Philippe Blaise en 2011, dissident du RUMPLe MPC (Mouvement Populaire Calédonien) fondé par Gaël Yanno en 2013, un ancien membre du RUMP« Tous Calédoniens » fondé par Pascal Vittori en 2015, un ancien membre de « Avenir Ensemble ».LRC (Les Républicains Calédoniens) fondé par Sonia Backès en 2017Et d’autres micro-partis que je n’ai pas cités vu qu’ils n’ont jamais eu de représentation au Congrès ou bien dans la mesure où ils ont disparu de nos jours.Le Front National et la FCCI, bien qu’existant toujours, voient leur popularité diminuer jusqu’à disparaître totalement du Congrès à partir des élections provinciales de 2009.Du côté indépendantiste, le Palika et l’UPM (Union Progressiste en Mélanésie) décident de créer une alliance en 2002 appelée l’UNI (Union Nationale pour l’Indépendance) qui sera désormais systématiquement opposé à l’UC (Union Calédonienne).La division du bloc indépendantiste a persisté jusqu’en 2004. Cette année-là, pour la première fois de son histoire, les indépendantistes n'arrivent pas à avoir le moindre élu en Province Sud à cause du manque d’unification des listes… il est alors décidé d’une unification systématique des candidatures indépendantistes dans cette province sous l’étiquette « FLNKS ». Pour les deux autres provinces, par contre, aucune unification de candidatures entre l’UNI et l’UC ne sont prévues.En parallèle, Jacques Lalié décide de quitter l’Union Calédonienne et de fonder le parti « UC Renouveau » (Unir et Construire dans le Renouveau) aux les Îles LoyautéAussi, en 2007, un nouveau parti indépendantiste calédonien fondé par Louis Kotra Uregeï, ancien syndicaliste, et soutenu en France par le Nouveau Parti Anticapitaliste, fondé par Olivier Besancenot, et José Bové voit le jour et prendra une certaine importance au Congrès : le Parti Travailliste.Ce qu’on peut retenir de tout ça, c'est que jusqu'en 2019, malgré la désunion du camp loyaliste, ce dernier a toujours réussi à obtenir une majorité pour diriger le Congrès et le Gouvernement, les indépendantistes n’ayant jamais eu la main !Corps électoraux à géométrie variablePar contre, du fait que le corps électoral des provinciales soit restreint aux Calédoniens installés depuis au moins 10 ans au moment de la signature de l’accord de Nouméa (soit depuis 1998), nombre de personnes installées au fur et à mesure des années se retrouvent sans pouvoir voter ce qui développe aussi certaines frustrations ! Et il en va de même pour les référendums d’autodétermination réservé à tout Calédonien (et sa descendance) justifiant d’une présence d’au moins 10 ans en Nouvelle-Calédonie depuis 1994…Aparté : D’ailleurs, dans mon cas et celui de ma famille… impossible de voter aux provinciales et pour les référendums d’autodétermination comme on est arrivés en 1998, sauf pour mon père qui aurait pu voter en raison… d’une erreur administrative. En effet, au moment d’établir les listes pour les provinciales et les référendums, les agents s’étaient trompés et avaient mis que mon père étai