Chapitre 11 Chapitre 11https://www.youtube.com/watch?v=l3TSNhOcZoU&list=PL8z79euQaq-l - Qwice

Chapitre 11 Chapitre 11https://www.youtube.com/watch?v=l3TSNhOcZoU&list=PL8z79euQaq-ljKXqRjapOe7iDrlYUfJVG&index=14L'arrivée du printemps emplit la chambre d'une douce brise, chass

Rena Stère - Qwice 2025

Chapitre 11 Chapitre 11https://www.youtube.com/watch?v=l3TSNhOcZoU&list=PL8z79euQaq-ljKXqRjapOe7iDrlYUfJVG&index=14L'arrivée du printemps emplit la chambre d'une douce brise, chassant les dernières traces de l'hiver. C'était une saison que Félicien appréciait particulièrement, car elle annonçait l'été imminent. Désormais, il l'apprécie simplement pour son climat agréable et cette brise qui transporte avec elle le parfum des fleurs — ou du moins, ce qu'il imaginait être leur odeur. Tout en buvant sa tasse de thé, le jeune homme observe le paysage verdoyant à travers la fenêtre. Pour une raison qui lui échappe, ce temps lui rappelle son adolescence, et plus précisément les moments où il écoutait le disque de "La jeune fille aux cheveux de lin" sur son vieux gramophone. Il aurait aimé pouvoir l'emporter avec lui, mais il n'y avait pas pensé lors de son déménagement. Il ne lui reste désormais que le souvenir de la mélodie, qu'il tente de reconstituer mentalement, sans être certain de son exactitude.Maintenant qu'il y pense, son adolescence et son enfance lui semblent très similaires. Il n'avait jamais vraiment pris la peine de les différencier. Après tout, il passait la plupart de son temps confiné dans sa chambre, surtout en hiver, par crainte de contracter une nouvelle infection. Ces précautions étaient devenues bien plus strictes après la mort de sa mère ; son père, sans doute animé par la peur de perdre un autre membre de la famille, avait imposé ces règles, et Félicien n'avait jamais protesté contre l'idée de rester dans sa chambre. Pourtant, aujourd'hui, dans ses moments d'introspection, il ne peut s'empêcher de se demander ce qu'aurait été sa vie s'il avait fait d'autres choix. Il ignore pourquoi ces pensées l'obsèdent de plus en plus, tout comme il ne comprend pas ce besoin de plonger toujours plus profondément dans son passé, en dehors de ses souvenirs heureux. Mais alors qu'il tente d'effleurer un souvenir du bout des doigts, ses réflexions sont brusquement interrompues par l'arrivée de sa domestique.— Veuillez m'excuser, Monsieur, l'arrosage a pris un peu plus de temps, explique-t-elle, en s'essuyant les mains sur son tablier.— Oh, se réveille-t-il de ses pensées, ce n'est rien. Les roses grandissent bien ?— Elles sont encore petites, mais elles grandissent bien.— Tant mieux, alors.Après cette brève conversation, Félicien replonge dans ses réflexions, mais se retrouve face à un grand vide. Impossible de se remémorer ce souvenir enfoui, malgré ses multiples tentatives pour reprendre le même cheminement de pensée et essayer de débloquer ce sentiment de déjà-vu. Finalement, il abandonne et laisse échapper un soupir, partagé entre la frustration de ne pas avoir réussi à raviver un fragment de son passé et un étrange soulagement dont il ne comprend pas l'origine. Un jour, peut-être, il arrivera à mettre le doigt sur ce "quelque chose" qui le dérange depuis un bon bout de temps.Félicien reprend son activité habituelle, au retour de sa domestique, après qu'elle ait débarrassé son plateau de thé. Cette dernière s’assoit à ses côtés, mais ne reprend pas la lecture de son conte. Elle se contente de lui lancer des regards furtifs, comme si elle souhaitait lui dire quelque chose. Son hésitation n’est pas particulièrement discrète, et son maître ne tarde pas à la remarquer. Il attend patiemment qu’elle se décide à parler, mais face à son silence prolongé, il choisit finalement de prendre les devants.— Oui ? Auriez-vous quelque chose à me dire, Marianne ?— Oh, eh bien, bégaye-t-elle, prise par surprise. Je me disais que... C'est que... vu que Monsieur semble aller mieux, je me disais qu'on pouvait aller se promener dehors ? Après tout, le temps est bien doux aujourd'hui.— C'est une demande assez inhabituelle de votre part, fait remarquer Félicien, étonné. Que me vaut cette proposition ?— Non, c'est juste que vous aviez voulu sortir une fois dehors, il y a quelque temps, et je me disais que c'était la bonne journée pour cela.— Vraiment ?Après réflexion, Félicien se souvient effectivement de ce moment. L'enfermement l'avait poussé, ce jour-là, à vouloir marcher un peu dehors, bien qu'il n'ait probablement pas eu toute sa tête. Aujourd'hui, même si cette envie de promenade l'a quitté, il ressent malgré tout le besoin de se dégourdir les jambes après plusieurs semaines passées alité dans sa chambre. Prendre un peu l'air ne lui ferait pas de mal. En jetant un coup d'œil par la fenêtre pour constater le beau temps qui n'a pas changé, Félicien referme son livre, bien décidé à bousculer un peu sa routine habituelle.— Vous avez raison, il fait assez beau dehors, ce serait dommage de ne pas aller se balader, acquiesce-t-il. Préparez mes affaires pour que nous puissions nous promener près du lac.— Très bien ! Je prépare vos vêtements.Marianne ne perd pas de temps et ouvre l'armoire pour sélectionner les vêtements pour cette sortie. Quel enthousiasme ! Félicien ne l'a jamais vue aussi emballée et impatiente. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit autant ravie à l'idée de sortir. Hélas, il doute que cette sortie soit particulièrement amusante en sa compagnie. Puis de toute façon, il a accepté de sortir uniquement pour retrouver un peu d'endurance. Une fois les vêtements choisis, le jeune homme s'habille avec l'aide de Marianne et réalise à quel point il n'est plus habitué à porter autre chose qu'un pyjama. La chemise et le pantalon lui semblent rigides, et même la cravate lui procure une sensation étrange.Après cela, Marianne escorte son maître jusqu'au hall. Félicien a l'impression que ses jambes sont de pierre, lourdes et pesantes, difficiles à mouvoir, harcelées par un millier de pics mordants sa chair, tandis qu'il descend les escaliers à grand-peine. Il s'y attendait, mais ce n'est pas aussi désagréable que dans ses souvenirs, comme lors de son enfance, après la maladie. Son corps s'est juste ramolli à force d'inactivité, sans en souffrir ou avoir l'impression de marcher sur des clous. Devant la porte d'entrée, Marianne s'est absentée un moment pour aller chercher la veste et elle revient avec autre chose en plus. Une écharpe tricotée d'une manière maladroite, voire grossière. Le jeune homme est sûr que ça ne lui appartient pas et si ça lui appartient bel et bien, alors il comprend pourquoi il n'a jamais voulu le porter.— Je vous ai pris aussi une écharpe, pour que vous restiez au chaud.— Où l'avez-vous trouvé ? questionne son maître, en récupérant l'écharpe et en la tâtant de ses mains. Elle semble être dans un piètre état. Je suis persuadé de ne jamais l'avoir vu par ici.— Oh, vous ne l'aimez pas ? murmure Marianne, d'une voix trop basse pour être bien entendue.— Les finitions ne sont pas fameuses, continue Félicien, perplexe. J'imagine que ça doit faire un moment qu'elle traîne dans le manoir. Peut-être au fond d'une armoire ? Pourtant, je ne sens pas de poussière, c'est étrange.Après sa remarque, le jeune homme s'aperçoit que sa domestique esquisse un sourire embarrassé, presque attristé, et évite son regard. Il comprend qu'il a dû être maladroit dans ses propos ou avoir touché un sujet sensible sans le vouloir. Inquiet, il lui demande :— Est-ce que ce serait un de vos vêtements ?— Non, non, je l'ai tricotée, admet Marianne.— Pardon ?— C'était ma manière de vous remercier de m'avoir appris à lire et à écrire. Mais je ne pensais pas que ce serait si médiocre... J'en suis désolée.Félicien regrette aussitôt ses remarques acerbes à propos de l'écharpe en question. Alors que Marianne essaye de récupérer le vêtement, son maître recule pour l'en empêcher, cherchant à tout prix à se rattraper. Il se dépêche d'enrouler l'écharpe autour de son cou et la noue avec soin.— Même si les finitions ne sont pas fameuses, cela ne signifie pas que je ne souhaite pas la porter.— Vous êtes sûr ? s'exclame Marianne, confuse. Cela ne vous dérange pas ?— Tant qu'elle remplit sa condition, je ne vois pas en quoi cela devrait me déranger.— Alors je suis rassurée si elle vous convient.Sa domestique retrouve son sourire habituel, ce qui rassure Félicien. Après avoir enfilé son propre gilet, Marianne ouvre la porte d'entrée et les deux jeunes gens affrontent l'air extérieur. Des rayons de soleil accueillent le jeune homme et la brise printanière lui caresse le visage. Le paysage n'a pas changé, tout est resté à la même place, pourtant il n'a jamais eu autant l'impression que le monde était si différent de ce qu'il en connaissait. Le trajet se déroule avec quelques difficultés, il était bien plus long qu'estimé, Félicien doit régulièrement faire des pauses pour reprendre son souffle. Une fois enfin arrivé au lac, le jeune homme ressent un grand soulagement et surtout beaucoup de fierté d'avoir réussi à l'atteindre. Le point d'eau brille sous les rayons du soleil et l'air est bien plus frais par ici.— Le paysage est vraiment joli et le temps est doux aujourd'hui. C'est vraiment une très bonne journée pour aller se promener, sourit Marianne, avant de regarder son maître. Est-ce que l'écharpe vous tient au chaud ?— Pardon ? Oui, je n'ai pas senti le moindre air sur ma gorge.— Tant mieux, j'ai pris beaucoup de

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