Pour mon pavé du jour je vais encore parler de Digimon. Et si j’évite traditionnellement de faire le moindre rapprochement avec Pokémon, une parenthèse s’impose, car j’aurai exceptionnellement besoin plus loin de faire des comparaisons entre les deux licences. Pendant longtemps, dans le monde occidental (et UNIQUEMENT là ), Digimon a été vu comme un misérable plagiaire de Pokémon. Si cela peut énerver, la vérité est que c’est dû à une triple erreur marketing, la première franchement incompréhensible : le logo de Digimon dans le monde occidental a plus ou moins les mêmes couleurs que celui de Pokémon. À cela s’ajoute ce choix du même type de nom global pour la franchise, alors que rien n’empêchait de garder Digital Monsters pour différencier. Et vous avez le troisième problème : les dessins animés étaient diffusés par la même chaîne sur un même créneau horaire. Profitons-en pour signaler que de surcroît les animes Digimon ont été particulièrement abîmés par leur localisation. Le retrait des blagues pipi-caca passe encore, pas celui de toute l’OST, encore moins la découpe sauvage des films, et ne parlons pas de cette habitude saugrenue d’adoucir les scènes de meurtre, aboutissant à l’inévitable chialerie incompréhensible parce que deux antagonistes auraient fini en prison. Bon. Et ce problème de nom et de logo explique notamment pourquoi tout le monde laisse tranquille Monster Farm, aussi connu sous le nom de Monster Rancher, alors qu’il s’agit également d’une licence de monstres à collectionner sous forme de jeux vidéo et d’un anime plutôt orienté fantasy, et rapprochable aussi bien de Digimon par son concept (un isekai dans le monde virtuel d’un jeu vidéo) que d’un Pokémon par son protagoniste (Genki et Sacha sont complètement interchangeables ; heureusement l’entourage de Genki est plus intéressant que celui de Sacha). Contrairement à la meute de pros et d’antis, j’estime qu’il faut voir plus loin et prendre du recul afin de livrer une analyse correcte. Digimon est une licence qui n’a jamais plagié de près ou de loin Pokémon - ce qui est heureux, et j’en veux pour preuve le fait qu’au départ il ne s’agissait que d’une variante pour garçons du Tamagotchi, par la même société - mais, avec ces choix marketing désastreux, j’accepte et je comprends sans pour autant approuver les réactions. Ainsi, ne vous fatiguez pas à faire des pavés pour réhabiliter Digimon en faveur de Pokémon, contentez-vous de parler de Digimon, et vous verrez que tout se passera super bien. De toute façon le temps a fait son Å“uvre et de plus en plus de gens finissent par accepter que Pokémon n’est plus une licence intéressante, tandis que Digimon passe son temps à se renouveler et à prendre un minimum en compte l’âge de son public, chose que Pokémon ne fait pas. Aussi vais-je vous parler d’un produit Digimon dont les dialogues ne sont pas à mettre entre toutes les mains, un produit dans lequel il n’y a pas de problème à ce que l’insulte « fils de pute » sorte au détour d’un dialogue, un produit globalement mature, contrairement à la majorité des produits Pokémon. Aujourd’hui nous sommes sur 3DS et nous découvrons Digimon World Re:Digitize Decode. En premier lieu un rappel salutaire pour tous ceux qui me diraient « mais nan je connais pas cet univers je vais rien piger » : chaque univers Digimon obéit à ses propres règles, ce qui fait que chaque récit peut être appréhendé comme un ensemble auto-suffisant - n’oubliez juste pas que certains univers se découpent en plusieurs récits, où là l’ordre est de rigueur. Seules quelques grandes lignes lient les différentes Å“uvres de la saga Digimon, et ces grandes lignes les voici : • Les Digimon sont des créatures douées de parole et d’évolution qui existent traditionnellement dans le Monde Digital, un espace situé en-dessous d’Internet, lui-même situé en-dessous du monde réel. Certaines régions du Monde Digital existent d’une réalité à une autre. • Sauf rares exceptions, le protagoniste principal a un prénom qui commence par Ta ou Da, des lunettes d’aviateur et un partenaire Digimon reptile. Les exceptions existent, entre le protagoniste qui n’a pas de lunettes (Digimon Savers), ou encore celui qui se transforme directement en Digimon et n’a pas de partenaire à ses côtés (Digimon Frontier) • Isekai à l’ancienne, Digimon envoie soit ses protagonistes humains dans le monde digital, soit ses Digimon dans notre monde, soit un peu des deux en fonction des besoins du scénario. • Sauf exceptions, les protagonistes ont chacun un seul et unique partenaire Digimon et sont équipés d’un gadget appelé Digivice, qui offre plus ou moins de fonctions selon l’univers abordé. • Sur le plan évolutif, un Digimon peut traverser jusqu’à sept phases. Dans le jeu de cartes Digimon Card Game elles sont simplement numérotées, du niveau 2 au niveau 7, le niveau 1 étant tout simplement exclus de ce jeu. Elles ont autrement des noms officiels, qui diffèrent selon que l’on soit en VO ou en VA/VF. En VO, on parle de Bébé 1, Bébé 2, Enfant, Adulte, Parfait, Ultime. Le septième niveau est considéré comme une simple extension du stade Ultime, mais bénéficie de l’appellation Super Ultime dans le manga V-Tamer. Des niveaux évolutifs spéciaux existent, par exemple le Cuirassé, enfant qui a évolué au contact d’un objet spécifique qui l’équipe d’une armure. Il existe d’autres modes d’évolution, comme l’évolution Jogress (ou ADN), qui fusionne deux Digimon d’un même niveau pour les faire passer au niveau suivant. Certains types d’évolution restent cantonnés à des médias spécifiques. Il n’y a ainsi que dans Digimon Frontier que vous verrez des humains devenir directement eux-même des réincarnations de Digimon disparus. De toute façon quelqu’un qui visionnerait l’anime dans son ordre de diffusion pourrait constater que chaque nouvel univers creuse un peu plus un concept effleuré dans le précédent : la fusion, apparue dans le film Our War Game de Mamoru Hosoda, devient un mode fréquent d’évolution dans la saison 2 de Digimon Adventure. Dans Tamers les protagonistes fusionnent eux-mêmes avec leurs Digimon. Et tout cela nous mène à Frontier. N’ayant pas de sympathie pour les personnages de Savers je n’ai aucune idée de si des évolutions spécifiques à cet anime existe. Le héros de cet anime m’a d’ailleurs tellement agacé dans ses caméos dans le jeu que je vais évoquer aujourd’hui que je suis plus que jamais décidé à ne jamais voir cet anime. Accessoirement certains Digimon peuvent se retrouver équipés de l’Anticorps-X et obtenir une forme différente de leur forme habituelle, ainsi que des statistiques plus élevées. À partir de là vous pouvez décider de visionner les séries animées ou de jouer aux jeux dans n’importe quel ordre, sauf en cas de suite revendiquée, comme déjà évoqué auparavant. Non vous n’allez pas regarder les différentes saisons d’Adventure dans le désordre, ça c’est un non-sens. Mais jouer à Digimon World puis à Survive avant de visionner Tamers, de jouer à l’adaptation PSP de la première saison de Digimon Adventure avant de vous envoyer Frontier, et décider de lire le manga Digimon Adventure V-Tamer 01… bah techniquement rien ne vous l’interdit. À ce propos V-Tamer est un excellent manga, et probablement le seul vraiment intéressant de cette franchise. Pourquoi il n’existe pas de traduction officielle, c’est un mystère. Ainsi donc miracle. Re:Digitize aussi peut servir de porte d’entrée à Digimon - c’est peut-être moins vrai pour les jeux Cyber Sleuth et next 0rder puisque Mirei, personnage de Re:Digitize, revient dans ces deux titres. Il me semble que Rina, personnage apparu dans la version 3DS, est également de la partie dans l’un de ces deux jeux. Les références que Re:Digitize contient à d’autres Å“uvres ne sont pas foncièrement gênantes en soi. Il est vrai qu’avoir joué à Digimon World premier du nom permet d’en repérer quelques unes dès le début du jeu, et il est vrai que les protagonistes de quatre univers Digimon différents apparaissent en caméos, mais cela n’est franchement pas très important. Avant de poursuivre, notons que le jeu 3DS est plus riche que le jeu PSP, et que les deux titres bénéficient d’une traduction en anglais non officielle, pour laquelle trois défauts doivent être relevés : • pas de sous-titres dans les cinématiques. Comme personne ne s’est donné la peine de proposer de tels sous-titres sur Youtube pour la toute dernière cinématique de l’opus 3DS, voici la traduction proposée par ChatGPT : Ce monde a encore besoin d’êtres comme toi. Un jour, nous nous reverrons quelque part. • l’idée saugrenue de proposer les noms occidentaux des Digimon pour la version 3DS, alors que les noms japonais beaucoup plus cools ont été utilisés sur PSP (vous n’allez pas me faire croire que Puppetmon serait un meilleur nom que Pinochimon) • aucune adaptation des dialogues quand on joue Rina, la fille, en New Game +, or les dialogues sont sexués, ce qui va occasionnellement rendre le jeu très bizarre, puisque tout le monde s’adressera à toi comme à un mec. Aucune idée si c’était le cas en VO. Un manga promotionnel de deux chapitres pose des bases. Les protagonistes sont : • Mirei Mikagura, présente d’emblée dans le monde Digital de GIGO (la société qui possède Digimon dans cet univers), qui a hacké le jeu afin d’avoir deux partenaires au lieu d’un - Angewomon et LadyDevimon. On est même un peu déçu que ces dernières ne fassent pas une Évolution Jogress. Peut-être est-ce le cas dans Cyber Sleuth ou dans next 0rder, puisque Mirei revient dans ces deux titres. â€