Analyse du mythe : Non, la Suisse ne vit pas des banques. Elles ne pèsent que 5,4 % du PIB et 2 % des recettes fiscales, loin derrière l’industrie. J’ai écrit un texte complet à lire juste en dessous. <p>Il existe une image persistante, presque caricaturale, selon laquelle la Suisse serait un État-banque, un coffre-fort alpin où circulent en secret les fortunes de dictateurs, les héritages oubliés et les profits illégitimes. Cette image, aussi tenace que mensongère, est devenue un outil rhétorique dans certains milieux de gauche qui, frustrés de ne pas pouvoir accuser la Suisse de colonialisme ou d’impérialisme historique, ont trouvé dans la place financière helvétique un bouc émissaire pratique.</p><p>Cette réputation ne s’est pas construite toute seule. Elle a été activement nourrie par des courants politiques cherchant à faire de la Suisse un symbole du capitalisme froid, bureaucratique et déshumanisé. En entretenant l’image d’un pays « assoiffé d’argent facile », ces discours ont tenté de culpabiliser une nation qui, précisément parce qu’elle n’a pas bâti sa prospérité sur l’exploitation coloniale, devait être accusée d’autre chose : l’hypocrisie bancaire.</p><p>Il s’agit là d’une manipulation politique, d’autant plus pernicieuse qu’elle occulte les réalités économiques et morales bien plus nuancées du pays.</p><p>Contrairement à ce que certains révisionnistes tentent aujourd’hui de faire croire, les fonds en déshérence des victimes de la Shoah ont bel et bien existé. Leur traitement a été un moment difficile, douloureux, et la Suisse l’a affronté tardivement, certes, mais avec sérieux. La vérité, c’est que ces fonds ne sont jamais entrés dans l’économie suisse. Ils sont restés dans les comptes, gelés, hors du circuit économique.</p><p>De la même manière, des fonds d’origine douteuse, provenant de dictatures étrangères, ont effectivement transité par la Suisse. Mais ces fonds, bloqués par des mesures juridiques, constituent aujourd’hui une charge pour les établissements bancaires qui les hébergent. Ils n’enrichissent ni l’État suisse, ni l’économie nationale.</p><p>Ce que les critiques omettent volontairement, c’est que la Suisse n’a pas tardé à se doter d’organes de surveillance financière robustes. La FINMA (Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers) veille au respect des normes anti-blanchiment avec une rigueur croissante. De plus, la Suisse a mis en place très tôt un système informatisé de contrôle bancaire, anticipant les standards internationaux en matière de transparence et de traçabilité des capitaux.</p><p>Sur le plan économique, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le secteur bancaire représente environ 5,4 % du PIB suisse, tandis que l’industrie manufacturière notamment pharmaceutique, microtechnique, horlogère ou de précision dépasse les 18 %, et emploie près de six fois plus de personnes. La Suisse exporte des médicaments, des machines, de l’innovation pas seulement des services bancaires.</p><p>Réduire le pays à sa finance, c’est nier tout un tissu industriel, technologique et scientifique qui contribue puissamment à sa prospérité.</p><p>La Suisse n’est pas un coffre-fort aux mains de banquiers cyniques. Elle est une démocratie de haute précision, bâtie sur l’éducation, l’innovation, la stabilité et la neutralité active. La légende du pays qui « tombe autour des banques » est une image toxique, idéologiquement instrumentalisée, qui nuit à la compréhension des réalités économiques suisses et surtout, à la vérité.</p>