C’est la Saint-Valentin, et on fête l’amour et les amoureux ! Et pour fêter ça… Je vous parle de 6 livres qui traitent d’amour (et en évitant autant que possible la romance). <h1 style="text-align:center;">6 Livres sur l'amour</h1><p style="text-align:justify;">Je vous propose 6 livres (en fait un peu plus, vu que je vais parler d’un bouquin de plusieurs tomes) qui touchent à l’amour. Mais comme j’aime tricher, chaque texte ne portera pas nécessairement sur l’amour amoureux ou érotique. D’ailleurs, j’ai rédigé un post, récemment, sur l’amour amoureux (sponsorisé par Arthur Schopenhauer), ici : https://qwice.com/Point/cONdMkeXIbUL_K. Lisez, c’est bien.</p><p style="text-align:justify;">Attention, je risque de divulgâcher (ou spoiler) les œuvres. Si vous êtes sensibles à cela, « fuyez pauvres fous » comme le disait un vieux barbu.</p><hr /><ol><li><p style="text-align:justify;"><strong>Marguerite Duras, <em>Moderato Cantabile</em>.</strong></p></li></ol><p style="text-align:justify;">Vous connaissez Marguerite Duras ? Moi, OUI ! Et je l’aime beaucoup. Et <em>Moderato cantabile</em>, un des premiers romans avec le style durassien tel qu’on le connaît, est un de mes Duras préférés. C’est, en partie, l’histoire d’Anne Desbaresdes et de Chauvin, de leur rencontre, de leur amour. Anne aime parler avec Chauvin de l’assassinat d’une femme par son mari : une histoire d’amour qui naît par un amour malheureux. Anne et Chauvin se revoient plusieurs fois ; ils apprennent à s’aimer.</p><p style="text-align:justify;">Mais rien. Ils n’avancent pas, ils ne font rien. Leur relation reste au point mort : Anne finira même par ne plus vouloir voir Chauvin. Et pourtant, quelle relation ! Sans jamais ne serait-ce que s’embrasser, leur relation est forte, profonde, et profondément sensuelle et charnelle. Jamais ils ne se touchent, mais c’est comme si c’était le cas.</p><p style="text-align:justify;">Ce livre, un peu comme un <em>Hiroshima mon amour</em>, propose une relation qui naît un peu par hasard, un amour qui ne sera jamais continué ; une relation « d’un soir », et cependant profondément touchant et puissant. Quand Anne et Chauvin se séparent, les personnages sont tristes, presque détruits par cette fin.</p><p style="text-align:justify;">Toutefois, était-ce même une relation ? Était-ce même de l’amour ? Et si ça n’en est pas : qu’était-ce ? Et surtout leur relation tenait-elle vraiment dans ce qu’ils se disaient ou bien était-elle toute entière dans le silence et le non-dit ? Car c’est du silence, de ce qu’on ne dit pas, de ce qui n’est pas dit que <em>Moderato Cantabile</em> « parle » ; parler, mais que dit-on réellement en parlant, ou plutôt est-ce ce qu’on ne dit pas qui fait vraiment le « parler » ?</p><ol start="2"><li><p style="text-align:justify;"><strong>Racine, <em>Phèdre</em></strong></p></li></ol><p style="text-align:justify;">Dans le <em>Phèdre</em>, Socrate et Phèdre discutent de plusieurs choses. Le dialogue commence par… Ah pardon ! On parle du <em>Phèdre</em> de Racine ? Désolé.</p><p style="text-align:justify;">Racine reprend le mythe de Phèdre. Vous savez cette femme qui tombe amoureuse d’un type (Thésée), qui l’épouse et qui finit par tomber amoureuse de son beau-fils (Hippolyte, fils de l’union entre Thésée et Antiope l’Amazone). Mais le beau-fils la rejette, et du coup, Phèdre se venge en disant à Thésée qu’il a essayé de la violer.</p><p style="text-align:justify;"><em>Phèdre</em> est une tragédie en cinq actes, jouée pour la première fois en 1677. Inspirée par la mythologie grecque, la pièce relate l’amour interdit de Phèdre, épouse de Thésée, pour Hippolyte, son beau-fils ! Rongée par la culpabilité, Phèdre envisage, au début de la pièce, de se suicider, mais l’annonce de la mort supposée de Thésée l’amène à confesser son amour à Hippolyte ; mais il la rejette. Hippolyte, quant à lui, est amoureux d’Aricie, laquelle l’aime en retour. Toutefois, Thésée rentre en vie : et ce retour inattendu déclenche une série d’événements tragiques ! Afin de prévenir les probables accusations de son beau-fils, Phèdre (ou plutôt Œnone, sa nourrice et confidente) accuse Thésée d’avoir tenté de la séduire. Thésée, croyant sa femme, maudit son fils en invoquant Poséidon. Hippolyte mourra de cette malédiction. Et Phèdre, brisée par la mort de son beau-fils et par la culpabilité, ingère du poison pour se suicider ; et avant de mourir, elle avoue finalement son amour pour Hippolyte et rétablit la vérité !</p><p style="text-align:justify;">Alors, au-delà de la beauté des vers raciniens, cette pièce est un classique : le classique même de la tragédie, de l’histoire d’amour où rien ne va. Les personnages sont prisonniers de leur sang ; Phèdre elle-même en est la première victime : elle est la fille de Minos et de Pasiphaé, celle-là même qui donnera naissance au Minotaure ; sa sœur Ariane a été tuée ; et c’est Poséidon qui tuera Hippolyte sur les prières de Thésée. Prisonnière des fautes des membres de sa famille, elle perd tout : sa liberté, ses amours.</p><p style="text-align:justify;">On voit bien que l’amour, dans cette pièce, fait naître des monstres. C’est l’amour de Phèdre pour Hippolyte, et l’amour réciproque d’Hippolyte pour Aricie, qui font naître la tragédie, qui enclenchent les rouages de la tragédie. L’amour est une force destructrice et tragique qui détourne du devoir moral ; c’est l’élément déclencheur de la tragédie, c’est ce qui pousse Phèdre au vice – et quel vice : l’inceste ! ; c’est le sentiment déclencheur de toute la tragédie. L’amour est funeste.</p><p style="text-align:justify;">Mais bon, je n’aime pas trop le théâtre (et Paul Valéry, c’est les musées!).</p><ol start="3"><li><p style="text-align:justify;"><strong><em>Heartstopper</em>, Alice Oseman</strong></p></li></ol><p style="text-align:justify;">Alors, il est vrai qu’on est loin de Duras et de Racine. J’ai envie de parler d’une série de BD que j’aime bien : <em>Heartstopper</em> d’Alice Oseman, qui a commencé en 2019 (et qui est encore en cours, totalisant cinq tomes). La série est disponible sur tapas et tumblr (mais aussi sur Webtoon) et s’est vu être adaptée en série. C’est l’histoire de Charlie et de Nick, deux jeunes lycéens qui tombent amoureux.</p><p style="text-align:justify;">C’est l’histoire typique de romance gay qui traite, par exemple, de la difficulté de faire son « coming-out », voire de comprendre son orientation sexuelle. Sans toutefois tomber dans les travers d’autres romances dans le genre, <em>Heartstopper</em> arrive à toucher assez juste, à émouvoir (notamment quand les troubles alimentaires et la dépression de Charlie le reprennent), et surtout joue avec certains codes du genre. L’ambiance de la BD est vraiment tranquille, calme, confortable, <em>cozy </em>comme disent ceux qui parlent la langue de la perfide Albion. C’est une romance qui « finit » bien. Bref, c’est sympa. Grosse analyse, ne me remerciez pas.</p><p style="text-align:justify;">Alice Oseman ose (parce qu’elle s’appelle « oseman »… pardon pour cette blague) réfléchir sur l’orientation sexuelle, sur la manière de la vivre, particulièrement quand on est adolescent, sur le rapport au corps (par exemple Charlie n’aime pas du tout son corps). L’auteure n’hésite pas à aborder le harcèlement qu’on peut subir quand on est homosexuel, les pressions, le rejet par les parents ou la famille, etc. Et surtout, elle le fait bien – contrairement à d’autres séries.</p><ol start="4"><li><p style="text-align:justify;"><strong><em>Notre-Dame de Paris</em>, Hugo</strong></p></li></ol><p style="text-align:justify;">L’amour, l’amour. Aimer l’autre… Eh bien avec ce roman-là, d’Hugo, l’amour prend un autre sens. Oui, je ne vais clairement pas parler de <em>Notre-Dame de Paris</em> pour Esmeralda et les trois qui lui tournent autour (Phœbus, Frollo et Quasimodo). Parce que je pense que l’amour là-dedans n’est pas réellement tant dans les relations entre les personnages que dans le roman lui-même comme déclaration d’amour à la cathédrale.</p><p style="text-align:justify;">Notre-Dame de Paris, à mon sens, c’est moins l’histoire de Quasimodo, de la Esmeralda, de l’archidiacre Claude Frollo, de Phoebus, de Gringoire ou de la chèvre, qu’une ode à la cathédrale. Et j’en veux, notamment, pour preuve le magnifique chapitre qui parle de l’architecture, qui fait de l’architecture le grand livre de l’humanité, la forme principale d’écriture. C’est l’histoire de la cathédrale.</p><p style="text-align:justify;">Et je crois que relire cette œuvre après l’incendie de la cathédrale (et sa reconstruction) ne peut pas laisser la lecture indifférente. Notre-Dame est quasiment un personnage à part entière, peut-êt