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Episode 3 : Le gouvernement Tjibaou (1982 - 1984) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé sur le fait que la FNSC de Jean-Pierre Aïfa devait faire un choix le 11 janvier 1982 : rester fidè

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Episode 3 : Le gouvernement Tjibaou (1982 - 1984) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé sur le fait que la FNSC de Jean-Pierre Aïfa devait faire un choix le 11 janvier 1982 : rester fidèle à son alliance avec le RPCR ou bien la trahir en votant une proposition de loi sur la création d’un impôt sur le revenu local, proposition émanant du Front Indépendantiste. Regardons ce qu’a décidé M. Aïfa ! <h1><strong>Histoire de la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos jours</strong></h1><h2><strong>Episode 3 : Le gouvernement Tjibaou (1982 – 1984)</strong></h2><hr /><hr /><p style="text-align:justify;"><strong>Discorde…</strong></p><p style="text-align:justify;">A force de discorde et de mésentente avec le RPCR, il fallait s’y attendre… la FNSC décide donc de voter la proposition de loi créant un impôt sur le revenu local, avec les indépendantistes ce qui va créer une crise au sein du Conseil de Gouvernement entre la FNSC et le RPCR.</p><p style="text-align:justify;">C’est ainsi que des discussions s’engagent entre indépendantistes, FNSC et RPCR et le 11 juin 1982, Gaston Morlet et Stanley Camerlynck de la FNSC démissionnent du gouvernement Ukeiwé. 5 jours plus tard, une motion de censure votée par les indépendantistes et la FNSC fait tomber le gouvernement Ukiewé. C’est ainsi que le Front Indépendantiste et la FNSC se mettent d’accord pour former un conseil de Gouvernement assez inédit le 18 juin !</p><p style="text-align:justify;">Sur les 7 sièges du conseil de Gouvernement, 4 sont attribués à Jean-Marie Tjibaou, André Gopoea, Henri Bailly et Yvonne Hnada du Front Indépendantiste, 2 sont attribués à Gaston Morlet et Stanley Camerlynck de la FNSC et… 1 est attribué à Henri Wetta du RPCR !?!</p><p style="text-align:justify;"><strong>Attends, QUOI ? Comment ça, le RPCR est représenté dans le Gouvernement de Jean-Marie Tjibaou ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Alors… techniquement c’est vrai, mais ici, il faut savoir qu’Henri Wetta n’est pas n’importe quel membre du RPCR ! C’est aussi le beau-frère de… Jean-Marie Tjibaou ! En effet, Jean-Marie Tjibaou a épousé Marie-Claude Wetta, une des filles de Doui Mattayo Wetta. Or, Doui était un des membres fondateurs de l’AICLF dont j’ai parlé dans le premier épisode (voir https://qwice.com/Point/KcVfeKpL0KpKAu ), une des organisations confessionnelles à l’origine de la création de l’Union Calédonienne.</p><p style="text-align:justify;">Finalement, Doui se détache progressivement de l’Union Calédonienne dans les années 1960 car il est en désaccord avec la vision trop autonomiste du parti. Et ainsi, il va même participer à la création du RPCR en 1977. Autrement dit, la famille Wetta est loyaliste et il en va de même pour Henri, un frère de Marie-Claude qui rejoint le RPCR.</p><p style="text-align:justify;">Quant à Marie-Claude, elle fut sportive de haut niveau médaillée à plusieurs reprises au lancer de poids lors des Jeux du Pacifique auxquels elle participera 4 fois et où elle remportera 2 médailles d’or et 2 médailles d’argent pour la Nouvelle-Calédonie. En parallèle de sa carrière sportive, s’engageant pour l’amélioration des conditions de vie des Kanaks ainsi que pour la promotion de la culture mélanésienne, c’est dans ce cadre-là qu’elle rencontre son futur époux, Jean-Marie Tjibaou et l’épouse en 1973 avec la bénédicition des deux familles.</p><p style="text-align:justify;">Il est même à noter que lorsque Jean-Marie Tjibaou organise « Melanesia 2000 » en 1975, non seulement sa femme Marie-Claude le soutient et l’aide, mais en plus, Doui Mattayo Wetta, le beau-père de Jean-Marie, l’aide à traduire en Français certains textes présentés lors du festival.</p><p style="text-align:justify;">Au final, si Henri Wetta est là, c’est « à titre personnel, mais en accord avec la direction de son parti » selon ce qu’il a pu lui-même dire à l’époque sur le sujet quand on l'a interrogé. Et impossible d’en savoir plus, pourtant j’ai fouillé… Alors, qui sait ? Peut-être que le beau-frère voulait s’assurer que ça se passerait bien au sein du Conseil de Gouvernement… mais j’avoue que ça a de quoi surprendre et interroger. Bref… ^^’</p><p style="text-align:justify;"><strong>Revenons au gouvernement mené par Jean-Marie Tjibaou…</strong></p><p style="text-align:justify;">Il s’agit du tout premier gouvernement indépendantiste dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et c’est donc un grand tournant pour les indépendantistes. Grâce à cette prise de pouvoir au niveau territorial, Tjibaou commence à poser certaines revendications, notamment en ce qui concerne le droit à l’indépendance… Ces revendications, elles sont relayées au sommet de l’Etat Français et c’est ainsi qu’en 1983, une réunion est organisée pour en discuter à Nainville-les-Roches.</p><p style="text-align:justify;"><strong>La table ronde de Nainville-les-Roches</strong></p><p style="text-align:justify;">C’est Georges Lemoine, alors secrétaire d’Etat chargé des départements et territoires d’Outre-Mer au sein du gouvernement de Pierre Mauroy qui représente l’Etat lors de cette réunion du 8 juillet 1983 à Nainville-les-Roches qui réunit aussi des délégations du RPCR, de la FNSC et du Front Indépendantiste.</p><p style="text-align:justify;">D’entrée de jeu, les indépendantistes annoncent la couleur et font notamment deux demandes à l’Etat Français. La première, c’est que l’Etat Français reconnaisse au peuple kanak un droit « inné et actif à l’indépendance ». La deuxième, c’est que l’Etat Français organise un référendum d’autodétermination en ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie en posant pour condition que seuls les kanaks ou non-kanaks nés en Nouvelle-Calédonie (ou ceux ayant un ascendant né en Nouvelle-Calédonie) puissent y participer.</p><p style="text-align:justify;">Si la première demande sera assez facilement accordée par Georges Lemoine au grand dam du RPCR, pour la deuxième, l’Etat se montrera plus réticent bien que d’accord sur le principe du référendum en lui-même. Toutefois, Lemoine propose, en attendant la tenue de ce référendum, qu’un nouveau statut d’autonomie transitoire soit adopté pour la Nouvelle-Calédonie, statut sur lequel il va se mettre à travailler dès la fin de la table ronde de Nainville-les-Roches.</p><p style="text-align:justify;"><strong>L’échec du statut Lemoine…</strong></p><p style="text-align:justify;">Quand le statut Lemoine est présenté en avril 1984 à l’Assemblée Territoriale de Nouvelle-Calédonie, pour la première fois, le RPCR et le Front Indépendantiste parviennent à se mettre d’accord sur une chose : le statut Lemoine ne leur convient pas du tout, mais pour différentes raisons !</p><p style="text-align:justify;">Le RPCR reproche au statut Lemoine d’accorder une trop grande autonomie à la Nouvelle-Calédonie dans la mesure où le « président du Gouvernement » décrit par ce statut aurait des ministres de plein exercice et pourrait prendre des décisions politiques spécifiques à la Nouvelle-Calédonie. Pour le RPCR, cela ouvre bien trop la porte à une potentielle indépendance de l’île.</p><p style="text-align:justify;">Et pour le Front Indépendantiste, c’est la question du corps électoral qui les fait bondir. Le parti s’aperçoit que le statut Lemoine ne prévoit aucune durée minimale de présence sur le Territoire pour qu’une personne puisse voter aux élections de l’Assemblée Territoriale. De même, il est constaté que le scrutin concernant l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, devant se tenir sous 3 ans, sera ouvert à toute personne ayant au moins 3 ans de résidence sur le Territoire ce qui va à l’encontre des demandes formulées par les indépendantistes à Nainville-les-Roches.</p><p style="text-align:justify;">De facto, l’assemblée territoriale rejette, à l’unanimité, le statut Lemoine… qui sera quand même appliqué à la Nouvelle-Calédonie suite à un vote favorable de l’Assemblée Nationale, le 31 juillet 1984. Furieux, les indépendantistes annoncent dans la foulée qu’ils boycotteront les élections territoriales de novembre, élections à partir desquelles le nouveau statut sera appliqué.</p><p style="text-align:justify;">La FNSC n’approuve pas ce boycott et s’oppose aux indépendantistes sur le sujet du foncier… au vu de cela, l’alliance d’alors entre FNSC et indépendantistes ne tient plus vraiment sur la fin du mandat gouvernemental de Tjibaou.</p><p style="text-align:justify;">Le 24 septembre, le Front Indépendantiste décide de se rebaptiser sous le nom qu’on lui connaît aujourd’hui, c’est-à-dire le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste). Bien que cette alliance indépendantiste appelle tout indépendantiste au boycott, quelques indépendantistes et même des membres de l’Union Calédonienne vont désobéir.</p><p style="text-align:justify;">Ce sera le cas de Nidoish Naisseline qui, le concernant, s’oppose au boycott et préfère négocier avec l’Etat pour l’obtention d’une indépendance. Ainsi, il décide de quitter le

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