Réflexion sur les traductions Je poursuis ma relecture de la Trilogie de Hurle, avec la nouvelle traduction apportée par l’éditeur Ynnis. En-dehors d’une faute d’inattention assez malheureuse, je suis à chaque page estomaqué par la qualité littéraire d’une traduction qui n’hésite pas à recourir au subjonctif imparfait et à employer des mots d’usage peu courant (soudain, « des lés de brume »). C’est en fait ce que j’attends d’une bonne traduction. Les livres en langue étrangère peuvent faire l’objet de plusieurs traductions. Elles viennent parfois d’un même éditeur ; parfois c’est également dû au fait que l’éditeur diffère.Dans certains cas la seconde traduction peut sembler superflue. Je n’ai lu que des retours négatifs de la seconde traduction de 1984 d’Orwell, et je veux bien les croire.Dans d’autres cas il s’agit d’un réel apport. Pour être bien clair j’estime que la première traduction du Seigneur des Anneaux est laborieuse et propice à ce que l’on referme le livre avant même d’avoir fini le premier chapitre. Je me suis rendu compte lorsque Daniel Lauzon a proposé une nouvelle traduction que c’était intégralement du fait de cette première VF, indigeste. Daniel Lauzon se lit comme on déguste un crêmet d’Anjou, et c’est pourquoi je me réfère dorénavant uniquement à ses traductions.Or restons chez Tolkien une minute.Rivendell, vous connaissez ? Si vous avez lu Lauzon je parle de Fendeval. Si seule la première VF (ou les films, dont la traduction se repose dessus) vous parle, il s’agit de Fondcombe.Je découvre, dans le Château de Hurle, une référence que j’ignorais. Je regrette que le traducteur, en 2020, ait opté pour Fondcombe et pas pour Fendeval, il faudrait acter la traduction de Lauzon comme canonique et écrasant l’insipide travail de Ledoux, d’autant plus que le premier volume fut publié en 2014, soit six ans avant la superbe édition Ynnis du livre vedette de Diana Wynne Jones.Mais c’est une preuve supplémentaire que la nouvelle traduction de cette œuvre est à mille lieues de la première. Quand on traduit « Rivendell » par « Le gai vallon », c’est qu’on n’est franchement pas très informé.