Argumentation bien légère, je trouve. <hr /><p style="text-align:justify;">"Je définis l'art comme étant une création humaine et ayant pour but de faire véhiculer des émotions ou la réflexion tout en étant une contemplation." La définition apparaît déjà comme affreusement vague et incomplète : si vague et incomplète que le jeu vidéo entre dedans. <br /><br />Il est une création humaine, que je sache. Il produit bien de l'émotion, positives ou négatives, à partir d'eux-même (au sens où le simple fait de jouer au logiciel, de l’utiliser comme prévu, fait naître des émotions qui peuvent être variées). <br /><br />Le jeu vidéo a peu exploité les autres arts, en vérité : on aime bien dire que le JV, c'est de l'image plus du son et on joue avec, mais non seulement les modes de représentations lui sont propres (il y a des esthétiques propres aux JV), non seulement la composition sonore lui est propre (les musiques de jeu vidéo appartiennent au jeu vidéo, les bandes-sons les plus célèbres du JV ne seraient rien sans leur supports), mais en plus le JV perd systématiquement à singer les autres arts (faire un rendu cinématographique n'a jamais amélioré aucun jeu vidéo, sauf rares exceptions). <br /><br />Quant à dire que le jeu n'est pas art car pas ludique, c'est supposer qu'il n'y a pas de différence entre le jeu et le jouet (l'un est une activité normée, l'autre un objet sans but précis), mais qu'il n'y a pas de différence entre le jeu et le jeu vidéo (l'un ayant une interface car logiciel, l'autre n'ayant que ses règles). Le jeu vidéo peut générer un plaisir, une émotion purement ludique, pour peu qu'on veuille l'utiliser ainsi (ce qui est déjà très noble, hein, le jeu est une des plus hautes activités humaines), tout comme un film ou un livre le peuvent (le cinéma peut être un simple et bête divertissement).<br /><br />Y a-t-il donc autre chose dans le JV, quelque chose de "contemplatif", de l'ordre de l'émotion esthétique ? J'ai quand même tendance à dire que oui ; il peut y avoir beaucoup de formes de contemplation si je puise dans ma maigre connaissance en jeu vidéo. Jouer à Tetris par exemple, c'est une émotion esthétique très forte en fait : ce jeu ne peut être quel logiciel, et il créée un sentiment très étrange d'observation de ses propres réflexes, de dissociation de sa conscience et de ses mouvements (quand j'arrivais aux plus hauts niveaux j'avais l'impression d'observer mon cerveau jouer tout seul, et de contempler mes propres réflexes autonomes). En jouant à Undertale, j'ai ressenti pleins de choses pour les personnages : de l'attachement, de la compassion. Comme le ferait un film ou un livre. En prenant des jeux vidéo plus complexes encore, genre Minecraft, il y a aussi tout un tas d'émotion qui ne sont pas le pur plaisir ludique (pour peu qu'on sache définir) : peut-on sincèrement dire que le plaisir qu'à moi, adulte, à explorer des souterrains, farmer des ressources, battre des mobs, m'énerver sur les creepers et à construire pendant 70 heures un château dans un coin de la map est le même plaisir qu'un enfant jouant avec ses voitures ? <br /><br />Et je suis d'accord que si on juge le JV comme un art à part entière, bah oui faut prendre tout, et je te dirais que oui, Fifa c'est aussi une œuvre d'art, et j'y ai pas joué de toute façon. Y a pleins de mauvais films, et personne ne dit que le cinéma ne peut être art parce qu'il y a Transformers (de même qu'on ne dit pas que le cinéma est art car y a Orson Welles). <br /><br />Et la distinction art/divertissement est très floue. C'est une pétition de principe : le JV ne peut être art car i est divertissement avant tout, et c'est un divertissement car il ne produit pas d'émotion esthétiques. Suffit d'affirmer que le JV produit des émotions esthétiques pour réfuter la thèse. On pourrait dire que les poètes et les cinéastes aussi nous divertissent, nous distraient, dans une définition pascalienne du divertissement. Ou admettre que la notion de divertissement, opposée à l'art, est bien trop floue (ou alors, me^me les plus grands films ne sont que des divertissements, mais dans ce cas tout est divertissement, rien n'est divertissement, et de toute manière je déteste ce mot). <br /><br />Je vais pas dire si oui ou non, le JV est un art ; j'y ai connu à la fois des plaisirs ludiques et des plaisirs esthétiques (le plaisir de tout casser sur Minecraft et le plaisir d'y explorer des mines, le plaisir de faire rouler ma voiture très vite sur des jeux de rallye comme le plaisir de voire évoluer des personnages fictifs). Mais ce débat me plait, car très compliqué en fait.</p><p></p>