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Episode 7 - Accords, nouveau drame à Ouvéa et Provinciales (1988 - 1989) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé sur le terrible bilan de l’opération « Victor » qui laisse alors deux c

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Episode 7 - Accords, nouveau drame à Ouvéa et Provinciales (1988 - 1989) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé sur le terrible bilan de l’opération « Victor » qui laisse alors deux camps plus divisés que jamais : les loyalistes soutenus par Matignon et les indépendantistes. Cependant, le résultat du 2ème tour des présidentielles françaises changera la donne comme nous allons le voir… 😉 <h1><strong>Histoire de la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos jours</strong></h1><h2><strong>Episode 7 : Accords, nouveau drame à Ouvéa et Provinciales… (1988  - 1989)</strong></h2><hr /><p style="text-align:justify;"><strong>Rocard renverse la vapeur…</strong></p><p style="text-align:justify;">La réélection de François Mitterrand s’accompagne d’un changement de Gouvernement. Mitterrand nomme Michel Rocard comme Premier Ministre le 10 mai 1988, et ce dernier, au vu de la situation explosive en Nouvelle-Calédonie après l’épisode de l’opération « Victor » fait du dossier calédonien une priorité absolue, avec l’accord du président.</p><p style="text-align:justify;">Après quelques jours de réflexion et moults appels passés par le Premier Ministre en personne, le 20 mai, une délégation chargée par Rocard d’écouter les doléances des indépendantistes et loyalistes arrive à Nouméa. Le Premier Ministre aura la finesse de n’inclure aucun politicien dans cette délégation, car il sait que les indépendantistes se méfient des politiciens français en particulier après avoir été déçu par les socialistes… Cette délégation sera composée de :</p><ul><li><p style="text-align:justify;">Christian Blanc, un ancien préfet qui dirige la mission et qui connaît la Nouvelle-Calédonie</p></li><li><p style="text-align:justify;">Pierre Steinmetz, un ancien préfet qui connaît aussi la Nouvelle-Calédonie</p></li><li><p style="text-align:justify;">Roger Leray, un franc-maçon</p></li><li><p style="text-align:justify;">Jean-Claude Périer, un spécialiste du droit</p></li><li><p style="text-align:justify;">Jacques Stewart, un pasteur protestant</p></li><li><p style="text-align:justify;">Paul Guiberteau, un chanoine catholique</p></li></ul><p style="text-align:justify;">Dès son arrivée, la mission met l’accent sur l’écoute et le dialogue avec toutes les tendances politiques ainsi qu’avec toutes les communautés ethniques et religieuses de l’archipel. Très discrète vis-à-vis des médias, la mission sillonnera toute la Nouvelle-Calédonie pendant 3 semaines et réussira quelque chose qui semblait impensable après le drame qui s’est joué à Ouvéa… rétablir un dialogue plus apaisé entre indépendantistes et loyalistes dans le but de pacifier les relations entre communautés en Nouvelle-Calédonie.</p><p style="text-align:justify;">La mission revient alors à Paris et, après avoir livré ses conclusions à Michel Rocard, ce dernier prend le relais et invite indépendantistes et loyalistes à se rendre à Matignon pour y signer un accord.</p><p style="text-align:justify;">C’est au terme de deux semaines de difficiles négociations entre les loyalistes menés par Jacques Lafleur, les indépendantistes menés par Jean-Marie Tjibaou et l’Etat représenté par Michel Rocard que les « accords de Matignon-Oudinot » sont signés entre l’Etat, les indépendantistes et les loyalistes le 26 juin 1988, accord qui sera scellé par une poignée de main symbolique entre Lafleur et Tjibaou (voir https://la1ere.francetvinfo.fr/archives-d-outre-mer-26-juin-1988-une-poignee-de-main-pour-l-histoire-entre-jean-marie-tjibaou-et-jacques-lafleur-1297084.html ). Du reste, depuis 2022, une statue a été érigée à la Place des Cocotiers de Nouméa, statue qui représente cette poignée de main historique (voir la 1ère photo de cet album).</p><p style="text-align:justify;"><strong>Quel est le contenu de ces accords de Matignon-Oudinot ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Ces accords prévoient une durée transitoire d’un an où l’Etat Français rependra le contrôle politique de la Nouvelle-Calédonie par la voie de son représentant, le Haut-Commissaire. Suite à cette période transitoire, il est prévu que la Nouvelle-Calédonie bénéficie d’un statut de transition avec découpage en 3 Provinces (qui sont les mêmes que celles qu’on a toujours actuellement, du reste, « Nord », « Sud » et « Îles Loyauté ») qui sont réunies en un Congrès jusqu’en 1998 où un référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie sera organisé.</p><p style="text-align:justify;">Offrant des garanties de développement économique et institutionnel pour la communauté kanak et amnistiant aussi les massacres ayant eu lieu à Gossanah (ce qui fait donc que tout procès sur le sujet ne pourra jamais avoir lieu), les accords seront ratifiés par le peuple français le 6 novembre 1988 par référendum.</p><p style="text-align:justify;">Suite à la signature de ces accords, Lafleur et Tjibaou rentrent à Nouméa et expliquent à leurs camps respectifs la teneur de ces accords. Certains membres du RPCR ne comprendront pas la décision de Lafleur et décideront de quitter le parti, voire d’en rejoindre d’autres crées par des personnes déçues de l’accord.</p><p style="text-align:justify;">Et il en va de même pour Tjibaou où l’une des composantes du FLNKS, le FULK (Front Uni de Libération Kanak) de Yann Céléné Uregeï aux positions plutôt « ultra » décide de quitter la coalition du FLNKS suite à ces accords.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Nouveau drame à Gossanah…</strong></p><p style="text-align:justify;">Ainsi, quand Jean-Marie Tjibaou, Yeiwene Yeiwene et Léopold Jorédié se rendent à Ouvéa le 4 mai 1989 pour la levée de deuil des 19 militants indépendantistes tués dans la grotte de Gossanah, ils savent que les tensions sont encore vives et qu’ils ne sont pas forcément les bienvenus pour certains kanaks vivant dans l’île. Et hélas, cela se confirmera rapidement.</p><p style="text-align:justify;">Vers 17h30, un militant indépendantiste du FULK opposé aux accords de Matignon-Oudinot, Djubelly Wéa, sort une arme et abat Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene Yeiwene. Wéa se fait alors abattre à son tour par Daniel Fisidepas, le garde du corps de Jean-Marie Tjibaou sauvant ainsi Léopold Jorédié d’une mort probable.</p><p style="text-align:justify;">Et c’est ainsi que, dans la même journée, le FLNKS perdit son président (Jean-Marie Tjibaou) et son vice-président (Yeiwene Yeiwene)… Cet événement provoquera des dissensions et des divisions dans le camp indépendantiste dans les années à venir. Et bien que la famille de Djubelly Wéa entame, dès 1989, des démarches pour un pardon coutumier auprès des familles Tjibaou et Yeiwene, ce pardon ne sera accepté qu’en 2004.</p><p style="text-align:justify;">C’est sur les terres de Jean-Marie Tjibaou, dans la tribu de Tiendanite, que se retrouvent alors les Tjibaou, les Wéa et les Yeiwene pour cette cérémonie de pardon se tenant le 17 juillet 2004 comme le montre la plaque commémorative (voir 2ème photo de l’album) posée à Tiendanite.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Les élections provinciales de 1989</strong></p><p style="text-align:justify;">Dans la foulée de la ratification des accords de Matignon-Oudinot, des élections pour élire les 3 assemblées de Provinces ainsi que le Congrès sont organisées un peu plus d’un mois après l’assassinat de Tjibaou et Yeiwene, soit le 11 juin 1989. Parmi les nouveaux partis qui obtiendront des sièges au Congrès, on trouve :</p><ul><li><p style="text-align:justify;">Le parti « Calédonie Demain » (CD), présidé par Bernard Marant qui est formé d’une union entre dissidents du RPCR déçus par la signature des accords de Matignon-Oudinot par Jacques Lafleur et dissidents du FN (Front National). C’est un parti loyaliste.</p></li><li><p style="text-align:justify;">Le parti « Union Océanienne » (UO) mené par Kalépo Muliava qui est un parti communautaire dans le sens où il prône le rapprochement entre Wallisiens, Futuniens, Polynésiens et Kanaks. Sur l’échiquier politique, il se déclare « centriste », donc ni indépendantiste, ni loyaliste, même si ce sera amené à changer plus tard suite à des divisions internes.</p></li></ul><p style="text-align:justify;">En dehors de ces partis, on retrouvera au Congrès les mêmes partis que pour les élections régionales de 1985, à savoir le RPCR et le FN loyalistes ainsi que le FLNKS et le LKS indépendantistes.</p><p style="text-align:justify;">Aussi, ces élections sont marquées par la disparition du parti de Jean-Pierre Aïfa (la FNSC) du Congrès, celui-ci n’arrivant plus à mobiliser son électorat autant qu’avant. Il présente pourtant bien une liste, mais elle n’obtient pas un nombre suffisant de voix pour obtenir un siège au Congrès comme le prouvent les résultats en 3ème image de l’album ci-dessus donnant la répartition en nombre de sièges au Congrès pour chaque parti

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