L'atelier au bord de la mer Chapitre 08 : Un réveil difficile Partie 1 Alice se - Qwice

L'atelier au bord de la mer Chapitre 08 : Un réveil difficile Partie 1 Alice se réveilla lentement, comme si son esprit remontait à la surface d’un lac profond. La première sensation q

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L'atelier au bord de la mer Chapitre 08 : Un réveil difficile Partie 1 Alice se réveilla lentement, comme si son esprit remontait à la surface d’un lac profond. La première sensation qui l’envahit fut un mal de crâne sourd, battant contre ses tempes comme un tambour étouffé. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, éblouie par la clarté douce qui emplissait la chambre. Où était-elle ? Et pourquoi ? Rien ne faisait sens. Le lit dans lequel elle reposait était étonnamment confortable, bien plus que le vieux canapé râpé de son atelier. L’air frais de septembre entrait par une fenêtre entrouverte, agitant les rideaux blancs dans une danse lente et paisible. Ce calme, presque apaisant, contrastait violemment avec le chaos qui semblait régner dans son corps. Elle tenta de se redresser, mais une douleur brutale, fulgurante, jaillit dans sa jambe droite. Un cri lui échappa, coupant net son effort. Son souffle s’accéléra, son front se couvrit d’une fine sueur. Elle n’était visiblement pas dans un bel état… mais comment avait-elle pu finir ainsi ? Sa mémoire refusait de coopérer, tout semblait noyé dans un brouillard épais. La porte s’ouvrit dans un léger grincement. Une infirmière entra, les gestes mesurés, comme si elle avait deviné à l’avance l’éveil de sa patiente. Elle posa un verre d’eau sur la table de chevet, avec une douceur presque maternelle. — « Restez calme, mademoiselle. » Sa voix était douce, rassurante. « Vous êtes blessée à la jambe droite. Vous avez besoin de repos. » Alice avala difficilement sa salive. — « Vous… vous savez ce qu’il m’est arrivé ? Je… je n’arrive pas à m’en souvenir. » Sa voix tremblait légèrement, trahissant son angoisse. L’infirmière acquiesça, ses yeux pleins de compassion. — « Vous avez eu un accident de voiture, hier matin. Vous êtes entrée en collision avec un arbre. » Le mot accident résonna dans la tête d’Alice comme une cloche de métal. Elle écarquilla les yeux, cherchant désespérément à recoller les morceaux de sa mémoire. Mais rien. Le vide. Elle se souvenait à peine avoir quitté son garage… puis plus rien. — « Heureusement, un jeune homme passait par là, » reprit l’infirmière. « Il a immédiatement appelé les secours. Sans lui, les choses auraient pu être bien pires. » Alice sentit son cœur se contracter. — « Ma voiture… » souffla-t-elle, presque dans un murmure. — « Vous avez eu beaucoup de chance, croyez-moi. L’impact a été violent. Le moteur a reculé et a heurté votre jambe. Si vous n’aviez pas porté votre ceinture, vous ne seriez probablement plus là pour en parler. » Un frisson glacé parcourut son dos, remontant le long de sa colonne. Elle ferma les yeux un instant, mais le gouffre dans ses souvenirs restait béant. Elle tendit la main vers le verre, mais dut l’abandonner presque aussitôt : ses doigts tremblaient trop. — « Un jeune homme, dites-vous ? » demanda-t-elle, la gorge serrée. — « Oui, grand, assez jeune… avec la chevelure noire. » Ces mots résonnèrent comme un écho sourd. Chevelure noire. Son esprit, malgré le brouillard, se figea sur cette image. Elle inspira lentement, cherchant à garder son calme. — « Je vois… » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour l’infirmière. Celle-ci lui adressa un dernier sourire avant de s’éclipser, laissant la chambre dans un silence lourd. Alice fixa longtemps le plafond, ses pensées tournoyant sans parvenir à se stabiliser. La fatigue, combinée à la douleur lancinante de sa jambe, eut finalement raison d’elle. Ses paupières s’alourdissaient, et malgré l’angoisse, elle replongea dans le sommeil, fuyant temporairement un mystère qui lui échappait encore. — Quelques heures plus tard, alors qu’Alice somnolait encore, on frappa discrètement à la porte. Trois petits coups timides, comme si la personne derrière hésitait à déranger. Elle ouvrit les yeux avec difficulté, sa jambe lui lançant toujours de douloureux rappels. La poignée tourna, et Henri apparut dans l’encadrement. Sa haute silhouette semblait presque déplacée dans la chambre d’hôpital, mais son visage trahissait une inquiétude sincère. Dans sa main, un bouquet de fleurs un peu défraîchies, mal emballées, sans doute attrapées à la hâte dans la boutique la plus proche. — « Salut… » dit-il, d’une voix trop basse pour lui ressembler. Alice tenta un sourire fatigué. — « Tu as l’air mal à l’aise… les fleurs, c’est pas ton genre. » Il haussa les épaules, maladroit, et posa le bouquet sur la table de chevet, renversant presque le verre d’eau au passage. — « Bah… j’suis pas doué pour ce genre de choses. Mais… fallait bien que j’amène quelque chose. » Il tira une chaise, puis finit par s’asseoir au bord du lit, ses mains croisées nerveusement. Ses yeux fixaient le sol, comme s’il cherchait les bons mots. Alice fronça légèrement les sourcils : ce silence, venant de lui, n’était pas normal. — « Henri ? » demanda-t-elle doucement. Il inspira profondément, puis pencha la tête vers elle. — « J’ai mené ma petite enquête… » murmura-t-il, comme s’il craignait que les murs aient des oreilles. Alice redressa légèrement le buste, malgré la douleur qui lui tira un gémissement discret. — « Et alors ? » souffla-t-elle. Henri regarda autour de lui avant de se pencher encore davantage, ses yeux brillant d’une colère contenue. — « On m’a parlé d’un jeune homme… quelqu’un qu’on a vu rôder, peu avant ton accident. Un gars à la chevelure noire. » Le cœur d’Alice se figea dans sa poitrine. Ses pensées, encore embrumées quelques instants plus tôt, s’alignèrent d’un seul coup. Les souvenirs, les regards, les indices qu’elle n’avait pas voulu voir… Tout devenait limpide. Elle comprenait. Elle savait. Elle détourna le regard, incapable d’affronter l’expression d’Henri, et répondit d’une voix étonnamment ferme : — « Laisse tomber, Henri. Je sais qui c’est. » Henri recula d’un bond, ses yeux écarquillés d’incompréhension. — « Comment ça, laisse tomber ?! » Sa voix avait brusquement monté d’un ton. « Tu rigoles, j’espère ? Il t’a blessée, Alice ! Tu aurais pu y rester ! » Alice serra les draps entre ses doigts. Son regard restait obstinément fixé sur le mur, comme pour éviter de vaciller. — « Je t’assure. C’est… mon affaire. » Il se leva brusquement, la chaise raclant le sol avec un grincement. Ses poings se crispèrent le long de son corps. Il fit quelques pas rapides vers la fenêtre, puis se retourna, furieux. — « Ton entêtement finira par te coûter cher, tu le sais ?! » Elle inspira lentement, sa poitrine se soulevant douloureusement. Puis, avec une voix plus douce mais tout aussi résolue, elle répondit : — « Peut-être… mais cette fois, je dois régler ça seule. » Henri resta un instant figé. Ses lèvres s’ouvrirent comme s’il allait protester, mais il croisa enfin le regard d’Alice. Il y lut une détermination froide, inébranlable, bien plus forte que la douleur ou la peur. Alors il se tut. Un silence lourd s’installa dans la chambre, seulement troublé par le souffle régulier de la ventilation et les pas lointains du personnel dans le couloir. Henri finit par soupirer, secouant la tête avec amertume. — « T’as toujours été comme ça… » murmura-t-il. « Trop fière pour accepter de l’aide. » Sans attendre de réponse, il ramassa sa veste et quitta la chambre, laissant derrière lui une odeur de tabac froid et de fleurs maladroitement choisies. Alice ferma les yeux, le cœur lourd. Elle savait qu’elle venait de blesser Henri, mais elle n’avait pas le choix. Ce fardeau, il lui appartenait. C'était comme un devoir, elle seule devait l’affronter. — Partie 2 Le lendemain matin, le soleil filtrait timidement à travers les stores de la chambre. Alice, encore alourdie par les médicaments, serra les poignées de ses béquilles. Chaque geste lui semblait peser une tonne. Elle prit le temps de saluer le personnel soignant : l’infirmière souriante qui l’avait rassurée la veille, l’aide-soignante qui l’avait aidée à se laver malgré sa pudeur, et même le médecin de garde, un homme pressé mais bienveillant. — « Bon courage, mademoiselle, et surtout du repos », lui glissa-t-on en guise d’adieu. Elle remercia d’un signe de tête, puis franchit le seuil. L’air extérieur lui sauta au visage, vif, presque piquant. Cela faisait à peine deux jours qu’elle était enfermée, mais elle eut la sensation d’avoir passé des semaines entre ces murs blancs. Le chemin du retour s’annonçait difficile. Elle avait refusé la proposition d’Henri de venir la chercher, par fierté autant que par peur de dépendre trop de lui. Mais maintenant qu’elle avançait péniblement sur le trottoir, sa jambe tirant à chaque pas, elle commençait déjà à regretter. Chaque dizaine de mètres ressemblait à une petite épreuve. Ses béquilles claquaient contre le bitume, attirant parfois les regards curieux de passants. Elle serrait les dents, refusant de montrer le moindre signe de faiblesse. Le sac en bandoulière, trop lourd, lui sciait l’épaule. Le paysage pourtant familier paraissait différent. Les façades colorées, les volets entrouverts, l’odeur du pain chaud s’échappant de la boulangerie du coin : tout prenait une intensité nouvelle. Elle avait la sensation étrange de redécouvrir sa ville avec un œil neuf, comme si l’accident l’avait forcée à ralentir, à observer. Elle passa devant une vitrine où son reflet se dessina. Une silhouette mince, une robe claire glissant sous une blouse froissée, et surtout cette jambe entravée, cette démarche vacillante qui la rendait vulnér

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