Petitcapybara - Qwice

Pourquoi vit-on en société ? Et cette société, est-elle fondée par l’homme ou fonde-t-elle l’homme ? En gros, qui est antérieur à qui ? L’État est-il naturel ou bien le fruit d’une

Petitcapybara - Qwice 2025

Pourquoi vit-on en société ? Et cette société, est-elle fondée par l’homme ou fonde-t-elle l’homme ? En gros, qui est antérieur à qui ? L’État est-il naturel ou bien le fruit d’une convention, de la culture ? Cette question est assez classique en philosophie politique. Je me propose de vous faire une petite présentation de quelques réflexions philosophiques sur l’antériorité de l’homme ou de l’État sur l’autre. Partie 1/2 <h1 style="text-align:center;"><strong>État et antériorité : l’État est-il antérieur à l’être humain ?</strong></h1><p style="text-align:justify;"><strong>Partie 1/2</strong></p><p style="text-align:justify;">Est-ce l’État ou est-ce l’homme qui est antérieur à l’autre ? Y a-t-il une antériorité de l’un à l’autre ? La société est-elle fondée ou bien fonde-t-elle les individus qui y participent ? Qui est né en premier : l’homme ou l’État ? La société est-elle née, fondée par l’homme, ou bien est-ce elle qui humanise et réalise l’homme ? En d’autres termes, qui permet l’autre : est-ce de l’homme que vient la société ou bien, est-ce de l’État que provient l’homme ?</p><p style="text-align:justify;">Alors, d’aucuns me diront sûrement que c’est l’homme qui vient en premier. En effet, l’État est issu d’un contrat social, d’un pacte. « Je ne contracte pas ! » disent même certains. On se réunit et on se met d’accord pour abandonner son pouvoir de nuisance ; on se met d’accord sur la forme de l’État, sur les lois, etc. Pourtant, cette idée de contrat social suppose tout de même qu’on « signe » un contrat, ne serait-ce que tacite, avec l’État. Or, comment un enfant pourrait-il à la fois naître et accepter ce contrat social ? Et si le contrat social cherche à limiter la « guerre de chacun contre chacun », c’est-à-dire l’état de guerre qui existerait s’il n’y avait aucune société, aucun État, alors comment peut-on expliquer les guerres entre nations ? Le fondement contractualiste risque de ne pas suffire à expliquer la société.</p><p style="text-align:justify;">Plus encore, si on se souvient que l’homme sait parler, a une raison, on peut se demander si ce n’est pas plutôt l’État qui est antérieur à l’homme. Le <em>logos</em> ne nous force-t-il pas à enjoindre cette idée de l’antériorité de l’État ? En effet, si on ne vivait pas « par nature » en société, si l’État n’était pas là avant l’homme, pourquoi aurions-nous ce <em>logos</em> ? Ainsi, ce serait l’État qui est antérieur à l’homme. Cependant, cette conception de l’État, ou plutôt de la Cité, pose un certain problème : on pose une nature finaliste.</p><p style="text-align:justify;">Toutefois, ces deux positions supposent de dire que l’un est antérieur à l’autre. Pourquoi ? Il me semble que l’homme ne naît jamais seul, même par nature. L’être humain est toujours lié aux autres, dès la naissance. Il naît dans, par et avec la société, et la société naît dans, par et avec les hommes.</p><p style="text-align:justify;">Ainsi, je me propose de vous présenter, d’abord, le contractualisme (Rousseau, Locke, Hobbes), puis la philosophie politique d’Aristote qui place la Cité comme antérieure à l’homme, enfin, le continuisme politique défendu par Montesquieu dans les <em>Lettres persanes</em>.</p><hr /><h2><strong>I. Contractualisme et le fondement de la société : l’homme est antérieur</strong></h2><p style="text-align:justify;">Pour les contractualistes, l’homme, l’être humain qui se peut être étudié avec une anthropologie, est antérieur à l’État, c’est par un contrat, cette première convention, que les individus forment la société et se dotent d’une forme particulière d’État.</p><p style="text-align:justify;">J’appelle contractualiste, ou encore théoricien du contrat, les auteurs qui considèrent qu’il y a un pacte social entre les individus, convention première qui fonde la société, ce qui fait qu’on accepte d’abandonner notre pouvoir de nuisance ; et par là, je pense tout particulièrement à Hobbes, Locke et Rousseau. Ces trois auteurs estiment qu’il y a un fondement à la société, que les hommes fondent la société par un pacte, par lequel ils se dotent d’un destin commun.</p><p style="text-align:justify;">Et ces trois auteurs font de ce pacte le fondement de la société civile en tant que telle, en opposant cet état de société civile à l’état de nature. Cet état de nature, c’est l’état dans lequel l’homme vit en dehors de toute loi, de toute civilisation, c’est une fiction qui cherche à décrire l’homme afin de saisir quelle sera la meilleure forme de gouvernement. Cette fiction de l’état de nature décrit donc l’homme sans les lois, dans l’« anarchie » la plus totale. Cet état de nature s’oppose, donc, à la société, à l’état de société.</p><p style="text-align:center;"><strong>A. L’état de nature, une fiction anthropologique pour décrire l’homme</strong></p><p style="text-align:justify;">L’état de nature, c’est l’état dans lequel se trouve l’homme en dehors de toute loi, avant qu’il n’entre en société, quand il était encore un « animal parmi les autres », quand il vit sans loi, sans société, sans rien qui ne le rattache juridiquement aux autres. Il s’agit d’une fiction anthropologique. En effet, il ne s’agit pas de décrire une réalité historique (peut-être même l’homme à l’état de nature n’a-t-il jamais existé, même pendant la préhistoire), mais d’une sorte d’expérience de pensée qui cherche à décrire la nature de l’homme, ce qu’est l’homme, comment est l’homme. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir plusieurs récits différents et plusieurs façons de concevoir l’homme à l’état de nature. J’en vois trois tout particulièrement importants en philosophie politique : chez Hobbes, chez Locke et chez Rousseau.</p><p style="text-align:justify;">De manière générale, l’état de nature, c’est l’absence de lois ; l’homme à l’état de nature vit en dehors de toute société, avant même l’existence d’une société, il vit sans loi. Il vit seul, sans aucune contrainte sinon celles de la nature. L’état de nature, c’est un « néant de société » (cf. Althusser, <em>Montesquieu, la politique et l’histoire</em>). Il s’agit de décrire comment sont les hommes « comme nus », pour reprendre ce que dit Rousseau. L’état de nature, état de naissance de l’humanité, l’état originaire, est ce qui va décrire les ressorts de la société.</p><p style="text-align:justify;">Pourtant, il faut le noter, bien qu’on parte du même postulat, un état où l’État n’existe pas, les auteurs lui prêtent des traits différents. Chez Hobbes, c’est un état de guerre où le fort l’emporte sur le faible ; chez Locke, c’est un état de paix ; et chez Rousseau, un état solitaire.</p><p style="text-align:justify;"><em>a. Hobbes</em></p><p style="text-align:justify;">Chez Hobbes, cet état d’« anarchie », c’est « l’état de guerre de chacun contre chacun ». Les hommes s’entre-tuent, se volent, se pillent, etc. L’homme, sans le recours à la loi et au souverain, est profondément mauvais ; comme (plus) rien ne l’empêche de commettre les pires injustices, le monde est en état de perpétuelle guerre. L’homme est solitaire, mais est toujours dans la crainte de se faire attaquer, agresser, tuer. L’état de nature, c’est l’état qui n’a qu’une loi, celle du Talion : « œil pour œil, dent pour dent ». Le plus fort gagne, mais il n’est jamais définitivement le plus fort. Et c’est à cause de cet état de guerre que les hommes, pour assurer leur survie, une certaine paix, vont accepter d’abandonner leur pouvoir de nuisance et de s’associer, afin de trouver une certaine paix civile, de s’assurer de sa sécurité, de sa propre conservation.</p><p style="text-align:justify;"><em>b. Rousseau</em></p><p style="text-align:justify;">Chez Rousseau, l’état de nature n’est pas un état de guerre. Au contraire, l’homme vit seul, il est solitaire. L’état de nature chez Rousseau, c’est d’abord un état de solitude. Dit-on également que, pour Rousseau, l’homme est naturellement bon. Certes, il n’agresse pas les autres hommes, il ne s’en prend pas aux autres, ne les vole pas, les tue pas, etc. car il répugne à l’homme naturel de faire du mal aux autres. Mais pourquoi ? Non pas par pure bonté, mais plutôt grâce à l’amour de soi que l’homme possède. L’amour de soi, c’est le désir de conservation, c’est vouloir assurer sa propre survie, ne pas se blesser, ne pas être blessé. L’amour de soi concerne donc soi-même, mais possède aussi sa part empathique. L’homme à l’état de nature ne veut pas avoir mal, veut rester en vie, veut conserver son intégrité physique, mais, par empathie naturelle, ne veut pas non plus faire du mal aux autres. Ainsi, l’homme, solitaire, et soucieux de sa propre conservation, fait tout pour éviter les autres et les dangers. Cela ne veut pas dire que l’homme à l’état de nature soit faible ; au contraire, il l’est même beaucoup, il se bat contre les autres animaux, il chasse à mains nues,

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