Petitcapybara - Qwice

Qu'est-ce que l'art pour Hegel ? Et qu'est-ce que le beau ? Quelle histoire philosophique de l'art fait-il ? Combien y a-t-il d'art ? En bref, quelle est l'esthétique hégéli

Petitcapybara - Qwice 2025

Qu'est-ce que l'art pour Hegel ? Et qu'est-ce que le beau ? Quelle histoire philosophique de l'art fait-il ? Combien y a-t-il d'art ? En bref, quelle est l'esthétique hégélienne ? Suite de la présentation de l'hégélianisme. II A. Non, je ne suis pas en retard, imaginez que c'est encore le mois de Juin. <h1><strong>Hegel – Présentation générale (3)</strong><br /><strong>Avertissement :</strong></h1><p style="text-align:justify;">Ce post poursuit la présentation de l'hégélianisme. Si vous ne connaissez pas beaucoup (ou mal) Hegel, je vous invite à lire la première partie que j'ai rédigée sur l'hégélianisme (les généralités) avant d'entamer la lecture ce post sur la philosophie de l'art hégélienne.</p><p style="text-align:justify;">La partie 1 se trouve ici : https://qwice.com/Point/SPccjgzrB4M0R5</p><hr /><h2 style="text-align:left;"><strong>II. Philosophie de l'art</strong></h2><p style="text-align:justify;">La philosophie de l’art est systématiquement traitée dans l’<em>Esthétique</em>. Quoiqu’Hegel en parle dans l’<em>Encyclopédie</em> (III, III, A, §556-sq), il n’en dit quasiment rien. Cette esthétique hégélienne est très souvent reprise par les philosophes postérieurs à Hegel. Et je vois trop fréquemment des personnes l’utiliser (sans même le savoir parfois – ce qui est d'autant plus dommage). Généralement, on retire du travail d’Hegel deux choses : la classification des arts (cinq arts) – laquelle est absurdement complétée aujourd’hui avec le cinéma et la photographie, quand on parle de sixième et de septième art – et les trois moments historiques de l’art.</p><p style="text-align:justify;">Certes, quand on lit Timmermans, qui présente l’<em>Esthétique</em> chez LGF, on doit comprendre que les trois moments historiques de l’art ne doivent pas être strictement calés aux trois grandes périodes définies par Hegel dans sa philosophie de l’histoire, quoique ces moments et périodes soient, en partie, liés. Je reviendrai plus tard sur ce point. Ni même qu’il faut strictement circonscrire les différents arts selon les différentes périodes, c’est-à-dire que, quoique l’architecture et la sculpture fissent partie des arts les plus « en vogue » pendant l’ère symbolique, ça ne veut pas dire pour autant qu’il n’y eût ni peinture, ni musique ou poésie.</p><p style="text-align:justify;">Après avoir réfléchi à la manière de présenter la philosophie de l’art d’Hegel, j’en suis venu à me dire que la meilleure façon de procéder était de suivre le plan général de l’<em>Esthétique</em> ; et donc de présenter les éléments importants suivant l’ordre des parties, des sections et des chapitres de l’ouvrage, quoique je sois contraint de ne pas tout énoncer, ni tout à fait dans l'ordre. Toutefois, quelques remarques devront être faites sur l’esthétique et la philosophie de l’art. Une fois ces remarques énoncées, je me proposerai de vous présenter, dans une première partie, ce que dit Hegel sur le Beau (en général, et le Beau artistique en opposition au Beau naturel). Ensuite, dans la seconde, je vous présenterai les trois périodes de l’art (art symbolique, classique et romantique). Enfin, dans la dernière, je vous présenterai la classification hégélienne des arts.</p><p style="text-align:center;"><em>Quelques remarques sur l’esthétique et la philosophie de l’art</em></p><ol><li><p style="text-align:justify;">Petite histoire de l’« esthétique », de Baumgarten à Hegel</p></li></ol><p style="text-align:justify;">Qu’est-ce que l’esthétique ? Aujourd’hui, on emploie « esthétique » comme un adjectif, pour dire que « telle chose est esthétique », c’est-à-dire belle, élégante, charmante. D’autre fois, on dira « l’esthétique de cette œuvre » pour parler de sa construction en tant qu’œuvre d’art, de la réflexion qui la sous-tend. Éventuellement, on sait que le terme « esthétique » s’emploie comme un nom dans le cercle fermé des philosophes pour désigner l’art et la philosophe de l’art.</p><p style="text-align:justify;">Pourtant, l’esthétique, à l’origine, c’est la science de la sensibilité, des sens. L’esthétique, c’est l’étude des formes sensibles, de la manière dont elles nous affectent, c’est la connaissance sensible et du sensible. L’esthétique, c’est « la science du sens, de la <em>sensation</em> » (Hegel,<em> Esthétique</em>, t. 1, p. 51). C’est avec Baumgarten (<em>Esthétique</em> et <em>Méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant à l’essence du poème et de la métaphysique</em>) que l’esthétique apparaît et devient science du sensible. En effet, Baumgarten définit l’esthétique en disant que « l’esthétique (ou théorie des arts libéraux, gnoséologie inférieure, art de la beauté du penser, art de l’analogon de la raison) est la science de la connaissance sensible » (<em>Esthétique</em>). L’esthétique, à l’origine, est une science, celle qui s’intéresse à la sensibilité, aux choses du sensible, à la manière dont se présentent les choses en notre esprit ; et comme science, elle est censée nous apporter des connaissances.</p><p style="text-align:justify;">C’est avec Kant et Hegel, d’abord, que l’esthétique s’est intéressée plus précisément à l’art. Kant d’abord, parce que l’esthétique ne porte plus sur la sensibilité en tant que telle, ni sur la connaissance en étudiant le sensible ; l’esthétique n’apporte plus de connaissance. Dans la <em>Critique du jugement</em>, le jugement esthétique devient celui du goût, et le jugement est dit réfléchissant. Pour Kant, il convient de distinguer le jugement déterminant du jugement réfléchissant. Celui-ci cherche à trouver l’universel à partir du particulier, on juge le particulier sans élément de référence (l’universel) ; le jugement réfléchissant cherche une règle à appliquer au cas particulier, en vain. Tandis que celui-là rapporte le particulier à l’universel, on subsume une réalité singulière à un concept qu’on possède, on a un élément de référence pour juger du particulier, il s’agit de l’application d’une règle générale qui expose une connaissance. Le jugement de goût est donc réfléchissant et non pas déterminant :</p><p style="text-align:justify;">« <em>Afin de distinguer si une chose est belle ou non, nous ne rapportons pas, via l’entendement, la représentation à l’objet, et cela en vue d’une connaissance, mais nous la rapportons, via l’imagination (éventuellement associée à l’entendement), au sujet et au sentiment de plaisir ou de peine que celui-ci éprouve. Le jugement de goût n’est donc point un jugement de connaissance ; par conséquent, ce n’est point un jugement logique, mais c’est un jugement esthétique </em>[…]<em>. Tout rapport qu’entretiennent les représentations, y compris celui propre aux sensations, peut assurément être objectif (et dans ce cas il signifie ce qu’il y a de réel dans une représentation empirique) ; mais il n’en va pas de même pour le rapport qu’elles sont susceptibles d’entretenir avec le sentiment de plaisir ou de peine, lequel ne désigne absolument rien dans l’objet, mais sur le fond duquel, au contraire, le sujet s’éprouve lui-même tel qu’il est affecté par la représentation.</em></p><p style="text-align:justify;"><em>Saisir par sa faculté de connaître un édifice régulier et répondant à une finalité </em>[…]<em>, c’est tout autre chose que de prendre conscience de cette représentation à partir de la sensation de satisfaction qui lui est associée. En cette dernière occurrence, la représentation est entièrement rapportée au sujet, et plus précisément au sentiment qu’il éprouve d’être vivant, que l’on exprime sous le nom de sentiment de plaisir ou de peine ; ce sentiment est au fondement d’une faculté tout à fait particulière de discerner et de juger, </em>[qui]<em> se borne à rapprocher la représentation donnée dans le sujet de toute la faculté de représentation dont l’esprit prend conscience dans le sentiment de son état.</em> » (Kant, <em>Critique de la faculté de juger</em>, Analytique du beau, §1)</p><p style="text-align:justify;">Le beau, dit Kant, éveille la curiosité de l’esprit, l’obligeant à penser, à user de ses facultés (= le libre jeu des facultés), à spéculer ; cependant, l’esprit ne peut pas légiférer, découvrir des règles, des lois, il ne peut rien faire d’autre que de penser. On se rapporte à l’objet par le biais de l’imagination, laquelle est jointe à l’entendement ; on se rapporte à l’objet qui nous fait dire « c’est beau », qui procure un certain sentiment. L’esthétique kantienne met donc en avant un plaisir esthétique, lequel plaisir est issu d’une imagination qui n’est plus liée, subordonnée, aux législations de l’entendement. Le jugement déterminant, c’est le jugement législateur, celui de l’entendement ; le jugement réfléchissant, du goût précisément, est celui d’une imagination qui s’est libérée de l’entendement, permettant ain

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