Je ne vous fais pas attendre plus longtemps donc, pour ma critique du jeu Wii Another Code R - Les Portes de la Mémoire, chef-d'œuvre des studios Cing initialement publié en 2009. <p>Comme son titre ne l'indique pas forcément, <strong>Another Code R est la suite d'Another Code</strong>, un de ces jeux que j'ai terminés un grand nombre de fois. Mais c'était il y a assez longtemps, maintenant.</p><p>Another Code R par contre je n'ai pu y jouer qu'une seule fois, la faute à des parents parfois trop laxistes, parfois pas assez... Pour faire simple j'ai eu dans ma jeunesse un très grand nombre de jeux vidéo, y compris sur consoles de salon, mais je n'avais quasiment jamais une seule opportunité d'utiliser la télévision (à la grande époque du collège et du lycée c'était « va faire tes devoirs », quand je n'ai plus eu de devoirs à faire c'est devenu « je veux ma télé », donc très peu nombreux sont les jeux salon que j'aie pu terminer à l'époque). Et donc, dans le domaine du jeu vidéo, je passais plutôt mon temps sur consoles portables et PC. Et smartphone quand ils ont commencé à arriver.</p><p>Mais <strong>Another Code R était un jeu que je ne pouvais pas me permettre de ne pas finir</strong>, en ce temps-là, ne serait-ce que parce qu'il constituait <strong>la suite d'un pur et simple chef-d'œuvre</strong>.</p><p>Another Code, Another Code R, Hotel Dusk et Last Window (pour la petite histoire ce dernier titre, paru en Europe, n'est par contre pas paru en Amérique, et je me plais souvent à répéter que ça rattrape largement la tonne de jeux non sortis en Europe qu'il fallait importer ou pirater) sont les œuvres principales du studio <strong>Cing</strong>, qui a hélas défunté et dont les anciens membres ont fait une tentative de nouveau studio et de retour avec Chase: Cold Case Investigations sur 3DS, mais ce dernier titre ressemblait plus à un prologue qu'autre chose, donc il a logiquement et malheureusement bidé. Apparemment Another Code et sa suite ont un <strong>remake </strong>sorti cette année (<strong>ou plutôt un hommage</strong>, voir mon post précédent pour saisir la différence) sur Switch, porté par je ne sais quelle compagnie, mais une direction artistique aux fraises, des doublages lamentables et des différences beaucoup trop marquées (pourquoi est-ce que quand je zappe dans une partie où il devrait n'y avoir que trois personnages maximum, tous les scientifiques, qu'Ashley ne rencontre qu'à la fin du jeu, sont là dans le camping à faire mumuse ???) font que sans même y avoir joué <strong>je le discrédite</strong> d'ores et déjà.</p><p>Les sites de test à l'époque avaient dit d'Another Code R qu'<strong>il ne fallait surtout pas y jouer sans avoir fait au préalable Another Code sur DS</strong>, car R devenait alors très fade. À l'époque je me souviens parfaitement m'être rangé à cet avis. Maintenant, j'ai refait Another Code R sans refaire Another Code au préalable : j'étais beaucoup trop pressé. Les allusions au premier titre ne m'ont pas gêné outre mesure, même si mes souvenirs de sa fin restent relativement flous.</p><p>Dans le premier Another Code, l'un des jeux de lancement de la Nintendo DS donc, le joueur incarne <strong>Ashley Mizuki Robins</strong>, fille de deux scientifiques, un américain et une japonaise, qui vit seule avec sa tante. À l'aube de ses 14 ans, elle part sur l'île abandonnée de Blood Edward pour y retrouver son père, mais le chemin est semé d'embûches et de mini-jeux exploitant toutes les fonctionnalités de la console - <em>vraiment </em>toutes -, et l'aide de D, fantôme amnésique qui a trouvé la mort sur cette île, ne sera pas de trop.</p><p>Voilà qu'<strong>Ashley se déplace, deux ans plus tard, sur Wii</strong>. Dans cette suite, son père, à peine retrouvé, a pour ainsi dire lâché sa fille et sa sœur afin de rejoindre un complexe scientifique dédié à la mémoire puisque, comme on l'apprend dans le premier volet, la mémoire est son sujet de prédilection ainsi que celui de Sayoko, sa femme. Mais un jour, il invite Ashley à venir passer un peu de temps avec lui, au camping à proximité du centre de recherche. <strong>Un séjour tout aussi mouvementé </strong>à la recherche des souvenirs de sa mère décédée, avec un gamin qui comme elle autrefois recherche son père porté disparu.</p><p><strong>Ce jeu est d'une beauté époustouflante</strong>. J'avais complètement oublié. J'ai été profondément ému et j'ai versé des larmes. Cette critique devrait même s'arrêter là. C'était tellement beau. J'ordonne à tous ceux qui sont convaincus d'arrêter immédiatement de me lire et de jouer à ces deux jeux, sur DS et Wii.</p><p>Pour les autres, <strong>faisons le tour des qualités et défauts du jeu.</strong> J'ai l'habitude, lorsqu'un jeu est bon, de commencer par les défauts, afin de les évacuer au plus vite (et en parlant d'habitude je ne donne jamais la moindre note quand je critique quelque chose, pour encourager à la lecture du texte intégral) ; alors que pour un jeu franchement mauvais, je commence toujours par les qualités. Les défauts d'Another Code R, donc, les voici :</p><p>• <strong>Un gameplay trop dirigiste</strong>. La plupart des objets que le joueur doit ramasser ne PEUVENT PAS être ramassés avant d'avoir déclenché l'endroit où ils doivent être utilisés. Ça peut rapidement devenir frustrant.</p><p>• <strong>Un New Game + que je ne suis pas mécontent de ne pas avoir fait</strong>, car d'après ce que j'ai compris une bonne partie des énigmes hérite de solutions différentes, et pour donner un exemple tout bête, je ne vois pas comment, pour un mot de passe qu'il faut deviner avec une situation de contexte uniquement (LAKE parce qu'on se trouve littéralement sur un lac), on peut imaginer remplacer le L par un C...</p><p>• <strong>Une fin précipitée</strong>. Sur trois axes scénaristiques majeurs (les parents et la mémoire d'Ashley, la famille de Michael, celle de la vieille Charlotte Graham), les deux axes secondaires sont littéralement balayés par de commodes ficelles scénaristiques peu intéressantes. Le retour après cinq ans de la fille de Charlotte, comme par hasard le lendemain de l'aventure d'Ashley, je n'y crois pas une seconde, pas plus qu'à ce vaseux « Ashley ! Le garde forestier m'a dit qu'on avait aperçu mon père !! Il est vivant !!! » Alors, oui, non.</p><p>Bon, ça c'est fait. <strong>Au positif</strong>, maintenant.</p><p>Si les axes secondaires du scénario souffrent du manque de conclusion, <strong>le développement et la conclusion de l'axe principal prennent aux tripes</strong>. À mesure que le jour baisse et que l'on s'enfonce jusqu'au plus profond du complexe scientifique, le reste de l'intrigue parait de toute façon bien dérisoire, et si la scène qui concerne la sœur de Michael est déjà <strong>un premier choc émotionnel</strong>, ce n'est rien en comparaison de tout ce qui entoure <strong>Sayoko Robins</strong>. Il faut aussi évoquer <strong>l'antagoniste </strong>et les <strong>terribles raisons</strong> de ses actions, qui remontent à la conclusion même du premier jeu - et aussi à un traumatisme d'enfance.</p><p>La <strong>direction artistique</strong>, sur fond d'<strong>aquarelle</strong>, est extraordinaire et <strong>d'une beauté à couper le souffle</strong>. Cela, associé à une bande-son magistrale, achève de conférer au titre son ambiance unique.</p><p>Pour le gameplay, je maudis assez le mini-jeu du cube musical, mais en-dehors de ça, <strong>les énigmes faisant appel à la Wiimote sont généralement assez bien pensées</strong>. Dans Another Code, Ashley entrait en possession d'un appareil à deux écrans, le DAS (Dual Another System), qui imitait la Nintendo DS. Avec le TAS (True Another System), Wiimote littérale, Ashley obtient entre autres la possibilité de déverrouiller tous les verrous à code du complexe. Eh bien <strong>aucun verrou ne se ressemble</strong>, et si l'on aurait pu croire ce type de mini-jeu redondant, il n'en est rien, d'autant plus que leur répartition, en-dehors de la dernière partie où ils se multiplient pour de très bonnes raisons, est finalement assez discrète.</p><p>Et tout cela est mis en valeur par <strong>une bande-son superbement maîtrisée</strong>. Another Code R, ce n'est pas l'émotion d'un Hotel Dusk ou d'un Last Window, titres où le protagoniste n'est pas spécialement attachant. Another Code R, c'est ce jeu où <strong>tu vas t'attacher dès le début à sa protagoniste</strong>, cette pauvre Ashley trimballée de droite et de gauche à la recherche de son passé, mais aussi de son avenir.</p><p>Alors merci, Cing.</p><p>... Maintenant, si vous pouviez faire le deuxième épisode de Chase...</p>