Bonjour. Dernier sujet dans la série technologique et dernier commentaire : l’explicat - Qwice

Bonjour. Dernier sujet dans la série technologique et dernier commentaire : l’explication d’un texte, extrait des Lois de Platon. Je vous en parle ? /!\ Ceci n’est PAS un commentaire de texte

Petitcapybara - Qwice 2025

Bonjour. Dernier sujet dans la série technologique et dernier commentaire : l’explication d’un texte, extrait des Lois de Platon. Je vous en parle ? /!\ Ceci n’est PAS un commentaire de texte : je propose des pistes de réflexion pour lire ce texte. Extrait des Lois (IX) de PlatonIl est nécessaire aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois, sous peine de ne différer en rien des bêtes les plus sauvages. Voici quelle en est la raison : aucun homme ne naît avec une aptitude naturelle à savoir ce qui est profitable pour la vie humaine en société et, même s’il le savait, à pouvoir toujours faire et souhaiter le meilleur. Car en premier lieu il est difficile de comprendre que l'art politique véritable doit prendre soin, non du bien particulier, mais du bien général – car le bien général rassemble, tandis que le bien particulier déchire les sociétés ; et le bien commun tout autant que le bien particulier gagnent même tous les deux à ce que le premier plutôt que le second soit assuré de façon convenable. En second lieu, même si l'on était assez habile pour se rendre compte que telle est la nature des choses, et qu'on ait à gouverner un État avec un pouvoir absolu et sans rendre aucun compte, on ne pourrait pas rester fidèle à ce principe et faire passer pendant toute sa vie le bien commun de la société au premier rang et le bien particulier au deuxième. En fait la nature mortelle de l’homme le portera toujours à vouloir plus que les autres et à s'occuper de son bien particulier, parce qu'elle fuit la douleur et poursuit le plaisir sans tenir compte de la raison, qu'elle les fera passer l'une et l'autre avant le plus juste et le meilleur, et, s'aveuglant elle-même, elle finira par se remplir, elle et toute la société, de toutes sortes de maux.(Lois, IX, 874e – 875c.)Quelques rappels pour l’explication de texte :Pour le sujet d’explication de texte, en filière technologique, soit on répond aux questions posées, soit on fait un commentaire classique (les élèves ont le choix). Si le candidat répond aux questions, en plus de lire et comprendre le texte, il devra analyser les questions (toutes ne sont pas si simples que ça ; certaines peuvent même être retorses), sélectionner ce qui convient dans le texte et argumenter sa réponse. Si le candidat fait une explication classique, il fera une explication linéaire du texte (introduction, développement, conclusion) ; lire les questions n’est pas forcément une mauvaise idée. Pour ma part, je ferai le commentaire classique ; les questions et leurs réponses se trouvent sur tous les corrigés disponibles sur Internet.Quelques ajouts sur Platon et la pagination :Si vous vous demandez à quoi correspondent les chiffres et lettres qui suivent le titre du livre Les Lois, je renvoie à l’édition de référence (Henri Estienne, Genève, 1578). Cette numérotation se retrouve dans (presque) toutes les éditions actuelles de Platon.Pourquoi vit-on en société ? Pourquoi s’est-on doté de lois pour vivre en communauté ? En plus clair, pourquoi avons-nous préféré le bien commun au bien particulier ? C’est, en gros, de ça que va parler le texte. Cet extrait des Lois s’inscrit dans un discours de L’étranger d’Athènes sur les « meurtres qui ont été commis de plein gré, en toute injustice et prémédités, et qui résultent de ce qu’on se laisse dominer par le plaisir, la convoitise, et la jalousie sous toutes leurs formes » (869e).Ce texte interroge donc la nécessité de se donner des lois, les raisons qui nous forcent à adopter une législation. En effet, il est loin d’être évident de dire qu’il faut vivre en société ; il semblerait plutôt que ça soit le contraire qui le soit. Vivre en solitaire paraît bien plus simple que de souffrir les autres et les lois qui brident la liberté. Et pourtant, on vit en société.Dans ce texte, semble-t-il, Platon, par le biais de l’Étranger d’Athènes, essaye de montrer que l’homme vit en société et ne peut se passer des lois pour être « civilisé », car, à cause de sa nature d’être humain, il ne sait pas et ne peut vouloir ce qui est profitable au plus grand nombre, préférant de fait son profit individuel, alors qu’il est dans la nature des choses que de gouverner pour le plus grand nombre. Ainsi, le texte s’interroge sur la raison des lois : pourquoi la loi ? Pourquoi faut-il passer par la législation pour que la société soit en paix et soit la plus juste ? En quoi la loi, qui vise le bien général, permet-elle de garantir aussi aux humains leur bien particulier ? En quoi se soumettre à la loi nous rend-il plus humain, moins sauvage ? En quel sens peut-on dire que la soumission à la loi nous permet de vivre de manière convenable ?I. Quelques éléments de contexteDans les Lois (IX), ce n’est pas Socrate qui parle ; il serait donc assez mal aisé de faire parler soi-même Socrate dans l’explication de texte. Dans le passage qui nous intéresse, c’est l’Étranger d’Athènes qui discute avec Clinias. Notons également qu’ici, il ne s’agit pas d’un dialogue : il n’y a que l’Étranger qui parle ; dès lors, parler de dialogue n’aurait aucun sens (ni aucun intérêt)Le livre Les Lois font partie, vraisemblablement, des derniers dialogues écrits par Platon. Un objectif de ce livre, assez vaste et qui touche à divers sujets, c’est justement de savoir quels principes communs et intangibles peuvent soutenir la cité. Dans cette œuvre, Platon essaye de rationaliser les conditions d’existence de la cité excellente (dont le gouvernement sera notamment précisé dans la République), de voir s’il y a quoi que ce soit qui échappe ou non au législateur. Les Lois tendent plutôt à montrer que rien n’échappe à la loi ; Cicéron s’appuiera d’ailleurs sur cela pour sa critique de l’épicurisme (qui rejette fermement la politique, puisqu’il faut vivre « en dehors de la cité », en marge, dans le Jardin) – on n’échappe pas à la politique, rien n’y échappe. Avec la République, Les Lois sont le premier ouvrage (ou un des premiers) de philosophie politique et de philosophie du droit. Si La République cherche à décrire l’État idéal (la Cité idéale), celle de la Justice, définie dans le livre, Les Lois s’occupent moins de la Justice en tant que telle, comme le fait La République, mais bien plutôt de la loi et de la loi juste, de ce qu’est une loi juste, et de la force de la loi. En plus clair, ce qui importe, ce n’est pas tant la conception idéale et idéelle d’une Cité que l’éducation du citoyen, et la force que doit avoir la loi sur lui, c’est-à-dire que Les Lois cherchent à montrer que le but principal de la pensée comme de l’action politique, c’est l’acquisition de la vertu (et par le citoyen et par la Cité). La Cité développée par Platon ici est une Cité qui cherche à éduquer le citoyen (gestion du corps, excellence de l’âme – liberté positive), le convaincre d’obéir, et est surtout une Cité qui s’inscrit dans un monde parfaitement ordonné (on en veut pour preuve notamment le Timée). Pour Platon, la loi est le moyen privilégié pour acquérir la vertu, l’excellence de l’âme.Une idée développée dans Les Lois, c’est l’idée que la loi doit réconcilier les individus et non pas les diviser ; il ne s’agit donc pas, pour la loi, de tuer ou d’exiler les « mauvais » citoyens pour que les « bons » puissent se gouverner en paix, mais bien plutôt de réconcilier les individus, les rendre capables de vivre cordialement les uns avec les autres. La loi vise, dès lors, l’entente cordiale entre les citoyens.Le passage qui nous intéresse cherche à résoudre le problème de la nécessité des lois : pourquoi la loi ? Pourquoi est-elle nécessaire ? Pourquoi faut-il se conformer à la loi ? L’homme peut-il vivre sans la loi ? La loi lui est-elle nécessaire ?II. Quelques clefs d’analyse : lecture du texteDisais-je que Platon, dans ce texte, cherche à expliquer pourquoi il faut vivre conformément aux lois, pourquoi la loi est nécessaire, pourquoi on a besoin de lois. L’homme, en société, a besoin de lois, puisqu’il ne sait pas ce qui est profitable pour la communauté, et ne peut pas vouloir toujours, parce qu’il est humain, ce qui profite à la communauté.Le texte, me semble-t-il, pour résoudre ce problème, se divise en deux moments : d’abord, Platon expose sa thèse et la première raison à cette thèse (la politique la plus juste doit viser le bien général et non pas le bien du particulier) ; ensuite, il expose la seconde raison (sur la nature de l’homme et son égoïsme).Il est nécessaire de légiférer pour viser le bien communPremier point important à aborder, c’est l’opposition que semble faire Platon entre l’homme et la « bête sauvage » à partir de l’obéissance ou non à la loi. Seules les « bêtes les plus sauvages » vivent sans loi, n’obéissent à aucune loi. La loi, partant, quand on s’en donne et qu’on s’y soumet, humanise, réduit la sauvagerie de l’homme. Cette idée de distinguer l’homme de l’animal par la participation à et de la Cité se voit chez Aristote (Politique) que Nietzsche paraphrasera (dans le Crépuscule des idoles : « Pour vivre seul, il faut être une bête ou un dieu – dit Aristote. Manque le troisième cas : il faut être les deux – philosophe… »). Prenons garde tout de même : Platon dit « les bêtes les plus sauvages ». Le superlatif tend à nous faire noter que les bêtes peuvent tout de même vivre en collectivité ; il ne faut donc pas réduire la loi, la législation et l’obéissance à cette législation à la seule collectivité organisée. Les bêtes les plus sauvages sont celles q

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