A quoi servent les philosophes selon Vladimir Jankélévitch ? <p>L'historiographie des réponses à cette question seule suffirait à être encore plus saoulé de la philosophie puisque celui qui la pose ne trouve déjà pas grand intérêt à cette discipline. C'est pourquoi je n'exposerai ici que la pensée de Vladimir Jankélévitch, philosophe français mort en 1985, quant à cette interrogation que les détracteurs de la philosophie ont plaisir à poser.</p><p>Selon Jankélévitch, cette question est tout d'abord de mauvaise foi. Quand on demande à quoi servent les philosophes, on n'attend qu'une seule réponse à savoir qu'ils ne servent à rien. Il ajoute aussi que si la philosophie est là pour servir à quelque chose alors elle ne sert à rien dans le sens où ce problème là n'a pas de sens à être posé. La philosophie n'est pas un ustensile comme la fourchette sert à manger ou le couteau sert à couper. La philosophie ne sert pas plus à penser que les mathématiques. "Servir" est un mot qui n'est pas philosophique lui-même. Faire de la philosophie dans l'idée que cela serve à quelque chose c'est se prêter au jeu de ceux qui la dénigrent, du pourquoi les philosophes et pourquoi pas autre chose.<br /><br />La philosophie c'est fait pour qu'on en fasse et non pour qu'on en parle, comme la musique est faite pour que l'on en joue, pour qu'on l'entende et non pour qu'on pérore. Ceux qui pérorent sur la philosophie n'ont pas envie d'en faire. Il est donc préférable de traiter un problème philosophique et non point de la défendre contre des adversaires qui ne sont pas disposés à l'écouter. Il faut faire de la philosophie sans s'occuper d'eux.</p><p>Sauf que le philosophe ne se débarrasse pas d'un problème en haussant les épaules et en méprisant son interlocuteur. Le philosophe doit répondre à tout même à ceux qui disent qu'il ne sert à rien.<br /><br />Dénigrer la philosophie c'est encore faire de la philosophie. D'une certaine manière, on n'y échappe pas. Ceux qui disent "A bas la morale !" ont encore une morale et c'est au nom de la morale qu'ils dénigrent la morale. Vous philosophez même et surtout quand vous contestez la philosophie. Contester c'est l'acte même de la pensée philosophique. La contestation c'est la philosophie elle-même dans le sens où c'est penser que rien ne va de soi.<br /></p>