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Episode 4 : Un air de guerre civile... (1984 - 1985) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé juste avant les élections territoriales de 1984 boycotées par le FLNKS. Je vais vous rappeler br

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Episode 4 : Un air de guerre civile... (1984 - 1985) Dans le dernier épisode, je vous avais laissé juste avant les élections territoriales de 1984 boycotées par le FLNKS. Je vais vous rappeler brièvement les forces en présence puis vous conter ce qui s’est passé à ces élections et ce qui en a découlé, à savoir une période de quasi guerre civile ayant duré près d'un an avant de connaître une légère accalmie en 1985. <h1><strong>Histoire de la Nouvelle-Calédonie de 1946 à nos jours</strong></h1><h2><strong>Episode 4 : Du boycott de 1984 aux élections régionales de 1985… un air de guerre civile !</strong></h2><hr /><p style="text-align:justify;"><strong>Alors, au final, qui se présente aux territoriales de 1984 ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Du côté indépendantiste, le FLNKS (alliance de divers partis indépendantistes) boycotte activement le scrutin. Le seul parti indépendantiste à braver la consigne de boycott sera le LKS (Libération Kanak Socialiste) de Nidoish Naisseline qui joint ses forces avec l’antenne locale du Parti Socialiste menée par Max Chivot et Jean-Paul Caillard.</p><p style="text-align:justify;">Du côté autonomiste, Jean-Pierre Aïfa est rejoint par une ancienne figure historique de l’Union Calédonienne, Gabriel Païta. Ce dernier a été renvoyé du parti par Tjibaou après avoir formulé un désaccord profond concernant le boycott des élections territoriales. Ainsi, Païta et Aïfa joignent leurs forces et créent l’ULO (Union pour la Liberté dans l’Ordre) à l’occasion de ces territoriales.</p><p style="text-align:justify;">Et enfin, du côté loyaliste, si le RPCR se présente, une antenne locale du Front National, qui s’est montée il y a peu, décide également de tenter sa chance à ces élections.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Comment le scrutin se déroule-t-il ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Le moins que l’on puisse dire, déjà, c’est que la consigne de boycott émanant du FLNKS va être largement entendue puisque le scrutin connaît une abstention record de l’ordre de 42,50 %...</p><p style="text-align:justify;">Bien que cela semble faible, pour vraiment mettre cela en perspective, il faut regarder les chiffres de l’abstention dans les circonscriptions alors majoritairement peuplée de Kanaks comme l’Est et les Loyauté. Ainsi dans la circonscription « Est », l’abstention est de 81 % et dans celle des Îles Loyauté, elle s’élève à 79 %.</p><p style="text-align:justify;">Mais ce n’est pas très surprenant en fait… il faut se dire que la campagne électorale et que le jour du scrutin ont été ternis par des violences et des barricades montées par les militants du FLNKS. Un geste fort du boycott actif du FLNKS est certainement celui d’Eloi Machoro. Alors secrétaire général de l’Union Calédonienne, ce dernier se rend dans un bureau de vote de Canala, commune dont il est le maire et brise une des urnes à coups de tamiok (une hache de guerre kanak) : https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/2014/11/18/il-y-30-ans-une-urne-etait-brisee-207694.html</p><p style="text-align:justify;">Dans ces conditions, il va de soi qu’un parti émerge grand gagnant de ces élections territoriales de 1984 : le RPCR mené par Jacques Lafleur.</p><p style="text-align:justify;">Malgré un beau succès aux élections de 1979 de la FNSC, l’ULO d’Aïfa et Païta ne convainc plus les électeurs autonomistes qui n’ont pas du tout apprécié le fait qu’Aïfa se rallie aux indépendantistes lors de son dernier mandat… il finit bon dernier de ces élections en grapillant à peine un siège, tout comme le Front National (et en ayant aussi presque deux fois moins de voix que le FN). Quand au LKS, il finit deuxième, mais très loin derrière le RPCR, comme le montre l’image de l’album plus haut.</p><p style="text-align:justify;">Largement majoritaire à l’Assemblée Territoriale, le RPCR occupera donc tous les sièges du nouveau gouvernement. Afin d’essayer de calmer le jeu avec la communauté kanak, sur les 10 membres du gouvernement, le RPCR désigne 5 mélanésiens à savoir Dick Ukiewé (Chef du Gouvernement), Michel Kauma (Agriculture), Delin Wema (Enseignement et Formation Professionnelle), Joseph Tidjine (Culture et Artisanat) et Goïne Ferdinand Wamo (Jeunesse et Sports).</p><p style="text-align:justify;"><strong>Cela suffit-il à calmer le jeu avec les indépendantistes ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Au contraire, cela ne suffira pas, car le gouvernement Ukiewé n’aura qu’un contrôle limité de la situation en Nouvelle-Calédonie. En effet, le FLNKS contrôle une partie du territoire, principalement l’Est et les îles Loyauté et y instaurera son propre gouvernement, le GPK (Gouvernement Provisoire de Kanaky). Au sein du GPK présidé par Jean-Marie Tjibaou, on trouve 4 autres membres, à savoir André Gopoea, Eloi Machoro (qui sera remplacé par Léopold Jorédié à sa mort en 1985), Yann Céléné Uregeï et Yeiwene Yeiwene.</p><p style="text-align:justify;">Les violences avaient commencé avant même les élections territoriales en vérité… Ainsi, dès le 20 novembre 1984, des éleveurs calédoniens sont désarmés et la gendarmerie de Thio est occupée par les indépendantistes menés par Eloi Machoro. En effet, il est alors décidé, au sein du FLNKS, qu’il faut reprendre les terres ayant appartenu aux kanaks dans le passé… et ce, par la force s'il le faut !</p><p style="text-align:justify;">La tension monte alors entre les caldoches vivant dans les zones contrôlées par le FLNKS et les indépendantistes et de nombreux heurts se produisent sur le territoire… Certains caldoches vivant sur la côte Est voient leurs maisons pillées ou incendiées par les indépendantistes dont Machoro coordonne l'action armée. Aussi, des échanges de coup de feu se produisent entre les 2 camps et font des victimes aussi bien chez les indépendantistes que chez les caldoches.</p><p style="text-align:justify;"><strong>L’action d’Edgard Pisani en Nouvelle-Calédonie</strong></p><p style="text-align:justify;">L’Etat essaie de reprendre la main et décide de nommer le 1er décembre 1984 un nouveau haut-commissaire pour la Nouvelle-Calédonie : Edgard Pisani. Arrivant trois jours plus tard sur le Territoire, le lendemain de l’arrivée de Pisani est marqué par un nouveau drame : cette fois-ci, des éleveurs caldoches vivant du côté de Hienghène ont pris les armes et monté une expédition punitive contre certains militants indépendantistes du côté de la tribu de Tiendanite, tribu dont est originaire Jean-Marie Tjibaou. L’expédition fait 10 morts du côté indépendantiste et parmi eux, on trouve deux des frères de Tjibaou.</p><p style="text-align:justify;">Dès son arrivée, Pisani propose aux familles caldoches présentes dans les zones occupées par le FLNKS une évacuation par hélicoptère. Certaines familles refusent et disent qu’elle se « défendront par leurs propres moyens » ce qui est alors considéré comme de la « légitime défense » par Jacques Lafleur, un des responsables du RPCR. D’autres acceptent la proposition de Pisani et sont évacuées.</p><p style="text-align:justify;">Aussi, le 7 janvier 1985, Pisani annonce un projet « d’indépendance-association » prévoyant l’organisation d’un référendum en juillet donnant le choix entre le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République et une indépendance en tant qu’Etat tout en restant associé à la France. Seulement, le FLNKS et le RPCR refusent tous deux cette proposition… et il en ira de même pour le Parlement Français. Un des rares partis locaux à adhérer à cette idée d’indépendance-association sera la FNSC de Jean-Pierre Aïfa !</p><p style="text-align:justify;">Pendant ce temps-là, les violences continuent entre caldoches et militants indépendantistes. Le 11 janvier est marqué par la mort d’Yves Tual, un jeune de 17 ans, fils d’un éleveur caldoche tué sur la propriété de ses parents. Cette mort entraîne alors, dans la nuit du 11 au 12, de grosses émeutes anti-indépendantistes à Nouméa qui, jusque-là, avait été épargnée par les violences : les commerces de personnalités indépendantistes sont pris d’assaut, incendiés, voire pillés ce qui sera, par exemple, le cas d’une pharmacie appartenant à Maurice Lenormand, ancien député de l’Union Calédonienne ou de stations-services appartenant à André Dang, un soutien de l’Union Calédonienne.</p><p style="text-align:justify;">Le 12 au matin, Eloi Machoro et Marcel Nonnaro, un militant indépendantiste, sont abattus par le GIGN dans la ferme d’un éleveur caldoche de La Foa qu’ils occupaient alors, ce qui va exacerber les tensions du côté indépendantiste. Le jour même, l’état d’urgence est déclaré et un couvre-feu est instauré sur toute la Nouvelle-Calédonie !</p><p style="text-align:justify;">A partir de là s’en suit une longue période de violences entre loyalistes et indépendantistes sur toute l’année 1985, une période marquée par un climat de quasi guerre civile : assassinats, grèves, incendies volontaires, manifestations, barrages, plasticages, sabotages, arrestations et opérations militaires deviennent fréquents, voire

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