Alors qu’Emmanuel Macron a nommé il y a peu Michel Barnier comme Premier Ministre de son futur gouvernement, je me suis amusé à imaginer ce que donnerait un gouvernement en France s’il était désigné selon le même mode qu’en Nouvelle-Calédonie... Car, oui, le mode de désignation des gouvernements ici n’est pas du tout le même à Paris. Faisons un peu de “politique-fiction” et voyons ce que donnerait un gouvernement français selon la méthode employée ici. 😉 <h1><strong>Le gouvernement français... à la sauce calédonienne !</strong></h1><hr /><p style="text-align:justify;"><strong>Comment désigne-t-on le gouvernement en Nouvelle-Calédonie ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Si, en France, c’est le Premier Ministre choisi par le Président de la République qui nomme les ministres de son gouvernement... en Nouvelle-Calédonie, le fonctionnement est différent.</p><p style="text-align:justify;">En effet, ici, c’est le Congrès qui va jouer un rôle central ! Pour information, le Congrès de Nouvelle-Calédonie, c’est l’équivalent de l’Assemblée Nationale en France au vu du fait que c’est aussi une assemblée législative et que ses représentants sont élus au suffrage universel direct selon un découpage territorial (en 3 provinces ici). Toutefois, aux élections des membres du Congrès, ce sont des listes de candidats qui se présentent pour chaque parti et le scrutin est proportionnel.</p><p style="text-align:justify;">Les élections du Gouvernement ont typiquement lieu 15 jours après celles des membres du Congrès ou peuvent être déclenchées si plusieurs membres du Gouvernement décident de démissionner.</p><p style="text-align:justify;">Afin d’élire un gouvernement, les différents partis politiques représentés au sein du Congrès peuvent déposer des listes de 11 candidats (car le Gouvernement, en Nouvelle-Calédonie, comporte 11 membres dont son Président et son Vice-Président) et même s’allier entre eux pour déposer des listes communes s’ils le souhaitent.</p><p style="text-align:justify;">Les candidats sont généralement des membres du Congrès, mais peuvent aussi (ce qui est moins fréquent) être issus de la société civile ou membres d’un parti sans siéger au Congrès. Ces listes sont ensuite soumises au vote des 57 membres du Congrès et, ensuite, selon le nombre de voix obtenues, le nombre de sièges octroyé à chaque liste au sein du Gouvernement est calculé à la proportionnelle directe.</p><p style="text-align:justify;">Si un des candidats élus est un membre du Congrès, alors il sera remplacé par un autre membre de son parti par la suite. Il est, en effet, impossible de siéger à la fois au Congrès et au Gouvernement en tant qu’élu. Du reste, c’est le cas aussi en France où un ministre ne peut pas être simultanément député à l’Assemblée Nationale.</p><p style="text-align:justify;">Ensuite, les membres du Gouvernement élu ainsi se réunissent. Ils doivent alors désigner, parmi eux, leur Président, leur Vice-Président et, enfin, discutent de la répartition des portefeuilles ministériels.</p><p style="text-align:justify;">Tant qu’ils ne parviennent pas à élire un Président de façon majoritaire, le précédent Gouvernement continue à exercer... mais ne peut plus que “gérer les affaires courantes”.</p><p style="text-align:justify;">C’est déjà arrivé en 2021 où les indépendantistes ont fait chuter le gouvernement Santa (majoritairement loyaliste) en faisant démissionner les ministres de leur camp. De nouvelles élections ont eu lieu au sein du Congrès et l’Eveil Océanien (un parti autonomiste) qui, jusqu’ici, était favorable aux loyalistes a voté en faveur des indépendantistes. Sauf qu’une fois devenus majoritaires, les deux partis indépendantistes représentés au Gouvernement ont mis 5 mois à se mettre d’accord entre eux sur la désignation d’un Président : Louis Mapou !</p><p style="text-align:justify;">Enfin, n’avoir qu’un nombre limité de membres du gouvernement font que nos ministres ont généralement plusieurs casquettes ici au point que même le Président et le Vice-Président du Gouvernement ont des portefeuilles ministériels à leur charge.</p><p style="text-align:justify;">Personnellement, je trouve que ce système a l’avantage de refléter la représentativité des différents partis au sein du gouvernement et oblige aussi des politiciens de différentes sensibilités à travailler ensemble. Par contre, cela peut engendrer des blocages en cas de mésentente entre membres du gouvernement et même une certaine instabilité politique... comme je l’expliquais plus haut !</p><p style="text-align:justify;"><strong>Imaginons qu’on transpose ce système à la France...</strong></p><p style="text-align:justify;">En France, concrètement, si le fonctionnement était le même qu’en Nouvelle-Calédonie au niveau de la désignation du gouvernement... ce seraient les 577 députés de l’Assemblée Nationale qui devraient voter pour élire un gouvernement.</p><p style="text-align:justify;">Cependant... Il faut voir qu’en Nouvelle-Calédonie, 11 membres du gouvernement sont élus par 57 membres du congrès. Si on gardait le même ratio pour la France, cela signifierait que les 577 députés de l’Assemblée Nationale devraient désigner un gouvernement de 111 membres ce qui serait beaucoup trop !</p><p style="text-align:justify;">Je vais donc partir ici sur la base d’un gouvernement restreint qui ne comporterait que 21 membres. Cela peut sembler peu, mais d’après cet article d’Europe 1 (qui date, certes, d’il y a 10 ans mais je n’arrive pas à trouver de donnée plus récente de mon côté) : https://www.europe1.fr/politique/Un-petit-gouvernement-c-est-vraiment-mieux-647668, c’est la moyenne dans les pays européens (sachant qu’en France... on est largement au-dessus de cette moyenne ^^’).</p><p style="text-align:justify;">Supposons que chaque groupe de l’Assemblée Nationale présente une liste de candidats. Pour mes calculs, je me réfère ici à la répartition en groupes de l’actuelle Assemblée Nationale (voir https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/07/09/construisez-votre-majorite-absolue-a-l-assemblee-nationale-avec-notre-simulateur-de-coalition_6248225_4355770.html )... et pars du principe que chaque groupe fait le plein des voix pour sa liste.</p><p style="text-align:justify;">Pour ce qui est des non inscrits, je présume qu’ils s’abstiennent tous lors du scrutin. Au vu de cela, la répartition en sièges entre les groupes du nouveau Gouvernement est donnée par les 2 premières images de l’album.</p><p style="text-align:justify;">Le gouvernement est ici représentatif de la diversité des partis peuplant l’Assemblée Nationale. En effet, chaque groupe politique possède au moins un représentant au gouvernement. La question reste alors de savoir quel groupe verrait un de ses membres devenir président d’un tel gouvernement.</p><p style="text-align:justify;">Pour le coup, même si on considère les alliances actuellement en cours entre les groupes politiques, on arriverait à une situation où il faudrait impérativement un accord entre 2 alliances au minimum. Pour rappel, les alliances sont (a priori) les suivantes à l’heure actuelle :</p><p style="text-align:justify;">- Les communistes (GDR), insoumis (LFI), écologistes (Eco) et socialistes (PS) sont réunis au sein du “Nouveau Front Populaire” ce qui leur confère alors 7 sièges au sein de ce gouvernement</p><p style="text-align:justify;">- Le parti présidentiel (EPR), les MoDem (LD) et le parti “Horizons” (HI) qui sont du côté du Président de la République réuniraient 6 sièges au sein de ce gouvernement (on appellera cette alliance le “Bloc Présidentiel”).</p><p style="text-align:justify;">- Le Rassemblement National (RN) et les députés de droite alliés au RN (AD) auraient 5 sièges au gouvernement (on appellera cette alliance “RN et alliés”)</p><p style="text-align:justify;">Et pour ce qui est des groupes “Droite Républicaine” (2 sièges) et LIOT (1 siège), on dira qu’ils ne sont impliqués dans aucune alliance... La situation serait alors celle de l’image 3 de l’album.</p><p style="text-align:justify;"><strong>Quelles alliances sont possibles pour l’obtention de la Présidence du Gouvernement ?</strong></p><p style="text-align:justify;">Afin de devenir Président du Gouvernement, il faut être membre du Gouvernement, se présenter comme candidat à la Présidence et obtenir la majorité des voix, soit au moins 11 voix sur 21.</p><p style="text-align:justify;">Au vu de la composition précédemment décrite, d’un point de vue arithmétique... il faudrait qu’une de ces 3 coalitions se forme pour désigner, de façon majoritaire, un Président au sein du Gouvernement :</p><p style="text-align:justify;">- Coalition NFP/Bloc Présidentiel</p><p style="text-align:justify;">- Coalition Bloc Présidentiel/RN et alliés</p><p style="text-align:justify;">- Coalition NFP/RN et alliés</p><p style="tex