Bruno Leralu - Qwice

Méthodologie, organisation et management : le syndrome du chausse-pied

Bruno Leralu - Qwice 2024

Méthodologie, organisation et management : le syndrome du chausse-pied Méthodologie, organisation et management : le syndrome du chausse-piedDans le secteur tertiaire, ce syndrome peut être défini comme une application volontariste à l’excès d’une méthode, d’une norme ou d’une organisation.« C’est normal qu’elles soient inconfortables, elles sont neuves » me direz-vous. "Avec un chausse-pied au début, ça devrait aller... ".Les nouvelles approches et méthodologies font progresser les organisations. Plus qu’un dépoussiérage, elles permettent des remises en cause profondes et salutaires.Prenons un exemple d’actualité : la transformation digitale.Cette approche pousse les organisations à sortir de leur zone de confort. Elle préconise une acculturation à l’amélioration continue, une participation active des acteurs portée par une nécessaire bienveillance. Comme chaque nouvelle méthode, elle a son univers, ses codes et autres éléments de langage.Cependant elle peut, elle aussi, être soumise au syndrome du chausse-pied dont les symptômes se glissent dans notre quotidien. Il peut s’agir :- d’outils séduisants, nouveaux, mais assez peu efficaces - de documents inutiles mais déclarés obligatoires, - de réunions multiples sans résultats concrets mais qui introduisent la nécessité de les réitérer, - de communications surabondantes voire inadaptés, - de processus décisionnels collégiaux multiples et/ou redondants etc…Toutes les organisations y sont plus ou moins confrontées. Les conséquences peuvent aller de la perte de temps et d’énergie à la démotivation des équipes. Par exemple, la multiplication excessive des réunions peut inoculer aux collaborateurs pourtant actifs une "procrastinite aigüe" et un sentiment d'incapacité à réaliser les tâches demandées.Le syndrome du chausse-pied n’est pas inéluctable. Le rôle du manager est essentiel pour le prévenir ou le guérir. La transformation digitale n’est pas un Nième projet d’entreprise qui se superpose aux précédents et que le manager déploie avec application. Plus que la lettre, c’est l’esprit digital qui doit être appliqué en impactant en profondeur l’ensemble des process. L’acceptation de la remise en cause et de l’amélioration continue doit être promue par le manager. « Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur » disait Beaumarchais.Dans cette optique, il peut d’avérer nécessaire d’ouvrir un chantier « efficacité opérationnelle » pour compléter ou prolonger la transformation digitale.<ul><li>Exemple d’efficacité opérationnelle : pour éviter la « réunionite », l’un des rôles du manager sera de soutenir ses équipes en veillant à ce que les réunions permettent des échanges constructifs débouchant sur des actions concrètes. Il devra également s'assurer que les collaborateurs disposent d'un temps suffisant pour "digérer" les réunions. Enfin, il lui appartiendra d'adapter les méthodologies et process aux différentes situations rencontrées pour limiter le nombre et la fréquence des réunions.</li><li>Autre exemple avec la notion de bienveillance : la bienveillance n’est pas une fausse empathie basée sur des questions personnelles standards posées par le manager. L'échange social est certes nécessaire mais la question sur les dents du petit dernier, bien que sympathique, est secondaire. La bienveillance c'est un soutien sans faille aux équipes, une volonté quotidienne d'aide à la réalisation et à l'évolution des collaborateurs. C'est également montrer un intérêt réel qui passe par une reconnaissance et une valorisation de chacun. En bref, une relation de confiance constructive.</li></ul>Ces évolutions soulignent que le rôle du manager évolue considérablement vers le « coach management ». Cela suppose que le manager connaisse ou acquiert les différentes approches et méthodologies mais surtout qu’il ait un profil adapté pour les intégrer et les appliquer avec discernement et efficacité.