Petitcapybara - Qwice

J'ai fini de lire L'Amant, de Marguerite Duras. Dur, incompréhensible et pourtant si grand, si touchant, si beau. Plus intéressant encore que sa réécriture, L'Amant de la Chine du Nord

Petitcapybara - Qwice 2024

J'ai fini de lire L'Amant, de Marguerite Duras. Dur, incompréhensible et pourtant si grand, si touchant, si beau. Plus intéressant encore que sa réécriture, L'Amant de la Chine du Nord. Puissant ; les émotions jetées sur le papier, sans ordre, sans chronologie, presque comme des notes, bouleversent. Ce livre, comme bien d'autres de Duras, ne plaira pas à tout le monde ; son style est toujours plus déstructuré, déconstruit. <p style="text-align:justify;">Ce n'est clairement pas le texte que je préfère chez Duras, <em>Moderato Cantabile</em> reste à mon sens indétrônable, beaucoup plus évocateur, il n'empêche, pourtant, que <em>L'Amant</em> est excellent, brillant. Dur à lire, parfois incompréhensible, disais-je plus haut ; les événements racontés, c'est-à-dire la vie de Marguerite Duras, sont dans le désordre, un chaos puissant et émouvant, le temps semble ne plus avoir de prise. Dans <em>Moderato Cantabile</em>, c'était le langage qui était détruit ; là, c'est le temps. Et pourquoi est-il à ce point détruit, oublié, déconstruit ? « L'histoire de ma vie n'existe pas. Ça n'existe pas. Il n'y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de ligne. Il y a de vastes endroits où l'on fait croire qu'il y avait quelqu'un [...] » ; « La mère dit : celle-ci elle ne sera jamais contente de rien. Je crois que je sais déjà me le dire, j'ai vaguement envie de mourir. Ce mot, je ne le sépare déjà plus de ma vie. Je crois que j'ai vaguement envie d'être seule, de même je m'aperçois que je ne suis plus seule depuis que j'ai quitté l'enfance, la famille du Chasseur. Je vais écrire des livres. C'est ce que je vois au-delà de l'instant, dans le grand désert sous les traits duquel m'apparaît l'étendue de ma vie. »</p><p style="text-align:justify;">Sans pudeur, Marguerite Duras nous raconte son adolescence, ses premières expériences amoureuses et sexuelles. Sans pudeur, elle narre et romance sa vie, certains moments qu'elle souhaite décrire. Sans pudeur, avec toujours ce style « sale ». Et c'est justement cette absence de pudeur qui touche, qui rend ce roman si puisant. On la comprend, elle nous parle comme ça lui vient. On la comprend sans toujours la comprendre. On l'écoute, on lit, on sait et en même temps on ne sait pas.</p><p style="text-align:justify;"></p><p style="text-align:center;">« Très vite dans ma vie il a été trop tard. À dix-huit ans il était déjà trop tard. »</p>

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