Chapitre 17 ☀️ — Ambre, aide-moi ! Kidnappe-moi comme dans les mauvais fanfics Wattpad ! supplie Lumi. — Hein ? La blondinette fronce les sourcils, confuse. Chaque jour est une grosse surprise avec Lumi. En l'occurrence, Ambre ne s'attendait certainement pas à entendre ça, peu après avoir sonné chez son amie. Cette dernière avait déboulé de ses escaliers, si bruyamment que la blondinette l'avait entendu de l'extérieur et ça avait été ses premiers mots quand elle lui a ouvert les portes. La blondinette pensait avoir vu le pic d'imprévisibilité, hier, avec cet épisode de l'arbre, mais elle en est peut-être très loin. Alors Ambre essaye de calmer son amie qui s'exprime trop rapidement et bute plusieurs fois dans ses phrases, à croire qu'il y a eu un drame entre hier et aujourd'hui. — Doucement, doucement Lumi, qu'est-ce qui se passe ? interroge Ambre troublée. Lumi s'arrête de parler, inspire grandement et reprend la parole plus calmement : — Ambre, si t'es une narcotraficante, c'est maintenant ou jamais. — De quoi ? répète son interlocutrice abasourdie. — C'est maintenant que tu dois me kidnapper, et si possible, juste pour une journée. — Mais c'est quoi cette histoire de narcotraficante... Attends, pourquoi je serais une narcotraficante pour commencer ? demande Ambre en fronçant les sourcils. La mère de Lumi apparaît dans le cadre de la porte. Dans un premier temps, sa fille ne la remarque pas tout de suite. Mais quand elle entend un raclement de gorge derrière elle, venant d'une maman pas très fière, la recluse s'arrête de gigoter pendant de petites secondes, puis marmonne à voix basse : — Ambre, s.t.p., y a pas de ruelle sombre ou de contexte à la con, mais sort ton crew pour me mettre dans ta voiture de gangster- — Lumi, ce serait bien de ne pas dramatiser à l'extrême, de cette manière, tu ne penses pas ? la coupe sa mère avec ses mains sur sa taille. — Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ? demande Ambre en se pinçant l'arête du nez. J'ai pas réussi à suivre depuis cette histoire de narcotraficante. — Il n'y a aucune histoire de narcotraficante ou je-ne-sais-quoi, explique la mère. Lumi fait juste un vilain caprice, car elle ne veut pas aller s'occuper du chien de la voisine, alors qu'elle l'a promis hier soir. — Objection ! riposte sa fille avec un léger accent anglais. Alors oui, tu me l'as dit oui, mais j'étais éclatée, et j'avais pas mes appareils, du coup j'ai pas compris. — Tu n'as pas compris, mais tu as acquiescé vivement de la tête quand même ? demande sa mère avec le sourcil arqué. — Ouais, mais tu sais... Dans le doute, j'acquiesce même quand j'ai pas tout compris. Sa mère hausse les sourcils, bien qu'elle ne semble pas si surprise d'entendre ça. Pendant que Lumi trifouille ses mains, se rendant compte que sa défense est très bancale et qu'elle ne devrait jamais faire avocate de la défense. Ambre plisse les lèvres, tout ce remue-ménage juste pour une balade de chien ? Effectivement, Lumi a un sens de la dramaturgie aigüe, elle pourrait bien rivaliser avec sa meilleure amie. La blondinette émet un soupir, au moins, ce n'était pas aussi grave que ça aurait pu l'être : — Ce n'est que ça ? — Oh toi, t'as jamais vu le chien de la voisine en action. Je te jure que tu n'as plus envie de le balader rien qu'après l'avoir fait une fois, explique la recluse sur un ton blasé. — C'est très blessant que tu dises ça d'Eustache, surtout que le chien t'aime beaucoup, rétorque la quadragénaire en secouant la tête. — Mais j'ai rien contre Eustache, j'ai rien contre lui, mais faut dire que les balades avec lui me font tellement vieillir qu'à chaque fois que je rentre chez moi, j'ai l'impression de devoir m'inscrire à un EHPAD, explique sa fille en gigotant de partout. — Eustache ? répète Ambre. — Oui, il s'appelle Eustache, c'est pas une blague, lui répond son amie avec un ton encore plus blasé. — Allez Lumi, c'est juste trente minutes, puis tu feras tes jeux avec Ambre après, explique sa mère. J'ai dit à la voisine que tu passerais la voir pour balader Eustache, elle sera ravie de te revoir, surtout que c'est payé. Lumi courbe le dos comme si un fardeau venait peser sur ses épaules, obligée d'accepter de toute manière. Cette grimpe improvisée de la veille lui a tellement pompé l'énergie que la recluse n'a pas pris le temps de bien écouter sa mère et elle a acquiescé, se disant que ça devait concerner ses vêtements sales et que ça ne devait pas être bien important. Ça a été une erreur monumentale. — Vas-y, se résigne Lumi, je vais dans le terrain de l'ennemi. Déjà que Grominet essaye de grand-remplacer la maison. — Allez faire un coucou à la voisine, je suis sûre qu'Eustache sera content d'apprendre à faire la connaissance d'Ambre, essaye de relativiser sa mère. — Oh attends, attends, je dois préparer mes trucs pour mon truc cool d'aujourd'hui, alors, explique Lumi en montant des escaliers menant à sa chambre. — Et tu dois t'habiller aussi, rajoute la femme en bas. — Ouais, ouais, j'vais pas sortir en pyjama dehors, quand même. — Tu en serais pourtant capable, réplique sa mère en écho avec les pensées de la parisienne. La quadragénaire montre une satisfaction, en entendant du grabuge en haut. Elle s'appuie sur le cadre de la porte, en attendant que sa fille finisse de se préparer et commence une petite conversation avec Ambre. — Sinon, tu vas bien ? Vous vous êtes bien amusées hier, dehors ? questionne-t-elle. La blondinette cache sa nervosité et se contente d'acquiescer, sans rentrer dans les détails. La journée d'hier restera gravée dans sa mémoire, tant bien elle était aussi imprévisible que chaotique. Pourtant, malgré son silence, la mère esquisse un petit sourire. — Enfin, ça devait être une journée sens dessus-dessous, n'est-ce pas ? — Et bien... — Quand Lumi n'est pas scotchée aux écrans, il se passe beaucoup de choses à ses côtés. C'est comme si elle jouait dans une grande pièce de théâtre avec toute son énergie. Je suis contente de la voir comme ça. — C'est vrai que c'est surprenant de traîner avec elle. Cette courte conversation prend fin avec l'arrivée de Grominet. Le chat, avec sa carrure imposante, ne prête pas attention aux deux femmes. Il ne leur prête tellement pas d'attention qu'Ambre doit bouger pour ne pas trouver sur sa trajectoire. Le félin arrive sur le saint-paillasson pour faire ses griffes dessus et allonge son corps avant de se mettre sur le dos, sa position préférée. — Tiens, Grominet a dû finir de manger, dit la mère. — Il vient souvent devant chez vous ? — Très souvent, en général, il se trouve sur notre paillasson durant tout l'après-midi, il doit bien aimer la texture. — Je vois. Elles entendent un ronronnement provenant du gros chat. D'un coup, Lumi déboule de nouveau des escaliers, manquant de s'éclater par terre, avant de se diriger vers la cuisine pour faire un sacré boucan en ouvrant les tiroirs et les placards. Ambre remarque que son amie porte une partie de la tenue qu'elle lui a faite hier. Ça la touche, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle la porte vraiment. Par contre, sa mère se montre perplexe quand elle l'aperçoit en train de prendre des choses, elle interpelle sa fille : — Lumi, tu fais quoi ? — T'inquiète, t'inquiète, je prends juste des trucs. C'est pour dehors et tout. Ce sera rapide. — Tu ne prends pas des couteaux, hein ? — J'ai dit que je prenais des trucs pour dehors, pas que je préparais un attentat, lui répond sa fille. Un bruit de fermeture éclair retentit et Lumi se dépêche de sortir tout en portant son sac en chemin. Sauf que dans son élan, puisque personne n'a le temps de la prévenir du nouvel arrivant, elle se prend le pied dans le Grominet et manque de s'étaler par terre, encore. La recluse reprend son équilibre de justesse en se rattrapant sur un poteau devant la porte de la maison risquant de s'éclater la tête dessus. Confuse, la noiraude cherche à savoir ce qui s'est passé et démasque assez vite le coupable. Elle remarque enfin le gros félin, pas vraiment dérangé par ce remue-ménage, pas plus que le pied qu'il venait de se prendre. — La vie de ma mère que ce chat est juste venu me fumer, s'agace Lumi avant de secouer le chat comme si c'était une gelée. Pas vrai, Grominet ? Tu veux juste me fumer, en bonne et due forme, avec ton gros derche là ? — Ne jure pas trop sur ma vie, Lumi, sourit sa mère. — Ah oups, mauvais réflexe, alors la vie de la mère de Bernard, personne ne sait qui c'est. Le gros chat se contente de faire un gros ronronnement rauque, la secousse ne le réveille pas de son état de béatitude et il semble même l'apprécier. Un chat bien étrange, la noiraude se contente de soupirer avant d'entendre une remarque de sa mère : — Je t'avais dit de ne pas courir hors de la maison comme ça. — Ouais, mais il était pas là avant, en cinq minutes il est venu sur le paillasson. Hein, Grominet ? Faut que tu restes dans ton paillasson toi, le secoue-t-elle de nouveau. — Sinon, je peux voir ce qu'il y a dans ton sac ? — Hein ? — Ton sac. Je veux savoir ce que tu as pris de la cuisine, explique la mère avec un grand sourire lumineux. — Allez hop Ambre, faut qu'on y aille, hein ? Eustache ne va pas se balader tout seul ! Lumi attrape le bras d'Ambre et va l'emmener de force vers la maison de