Rena Stère - Qwice

Prologue

Rena Stère - Qwice 2024

Prologue <p style="text-align:center;"><strong>Mot de l'auteur</strong></p><hr /><p>Et bien, j'ai enfin pu terminer mon deuxième livre très éloigné du premier. De base, c'était une toute petite histoire, car je voulais alterner entre grand et petit livre. Puis contre toute attente, il y a eu beaucoup plus de chapitres qui se sont rajoutés et contre toute attente², ce livre a eu un impact sur ma vie ; je dirai même qu'il symbolise un peu mon année 2024. Le début de l'année était vide et anxiogène, puis il y a eu beaucoup de changements psychologiques au fur des mois. En tout cas, j'ai grandement apprécié passer cette année, dans une toute autre époque, au côté de Félicien, Marianne et Raphaël et j'espère que vous apprécierez également cette histoire particulière. ☺</p><p>Je vous souhaite une bonne lecture et un joyeux Halloween ! 🍁🎃</p><p style="text-align:center;">.•°☆ *** ☆°•.</p><hr /><p style="text-align:center;"><strong>Prologue</strong></p><hr /><p style="text-align:center;">https://www.youtube.com/watch?v=0URXOOJY-G8</p><p style="text-align:justify;">Un épais brouillard s'installe aux alentours, donnant l'impression que le temps se distord. Heureusement, le tic-tac régulier de l'horloge permet de mesurer le rythme des secondes qui s'écoulent, tout comme celui des vies qui s'écourtent. Puis, au bout de quelques instants, ce tic-tac devient irrégulier et confus, avant de se muer dans un silence lourd, pesant et sans fin. Tout au fond des abysses, Félicien se blottit dans cette étrange réalité, où même les concepts les plus simples deviennent complexes, où espoir et désespoir ne sont que les deux faces d'une même pièce, où la logique et l'absurde se frôlent. Il s’y attarde, appréciant que plus rien n’ait de sens. À cet instant, il n'existe plus et plus rien n'existe. Ce moment prend fin quand un grondement extérieur l'arrache de ce monde de béatitude et des mains invisibles le tirent brutalement de son repos. </p><p style="text-align:justify;">Soudain, il émerge à la surface, et tandis que le brouillard onirique se dissipe, il aperçoit son vieux bureau avec le bruit de l'horloge qui retentit en arrière-plan. Assis dans son fauteuil, le jeune homme jette un coup d'œil vers la fenêtre. Le temps est mauvais ; le ciel est couvert de nuages gris, et une forte pluie s'abat, annonçant une soirée orageuse. L'automne est bien sur le point d'arriver, Félicien ne peut prétendre qu'il s'agit de sa saison préférée, surtout en raison de l'ambiance morose qui s'installe, bien que ce ne soit rien en comparaison de la saison suivante. Embêté, il reste un moment pensif, fixant le plafond sans raison. Son regard finit par se poser sur la lettre posée sur son bureau, une lettre qui fait surgir en lui des émotions contradictoires : celle de la frustration et de l'espoir.</p><p style="text-align:justify;">Après un moment de réflexion, il saisit la lettre et relit son contenu, bien qu'il le connaisse déjà par cœur. Les mots s’enchaînent sans réelle cohérence, les phrases semblent avoir été écrites au hasard, et l’écriture tremblote comme si l'auteur apprenait tout juste à manier la plume. Pourtant, une seule chose retient vraiment son attention : la phrase de fin, "Prenez soin de vous." Une attention banale que l’on pourrait souhaiter à n’importe quel proche, mais pour Félicien, ces mots comptent énormément. Il aime croire que son père, en les écrivant, a eu un moment de lucidité, un instant de clarté pour lui adresser cette petite phrase. Hélas, il ne connaîtra jamais la vérité derrière cette supposition.</p><p style="text-align:justify;">Le jeune homme se contente de remettre la lettre dans son enveloppe avant de la ranger dans un tiroir. Il aimerait s'assoupir de nouveau, mais aujourd'hui, une nouvelle domestique devrait arriver dans ce manoir. Cela permettra à son domestique actuel d'avoir enfin de l’aide dans ses tâches et de s'occuper des couloirs miteux de cette vieille demeure – Dieu sait à quel point il ne les apprécie pas. Félicien n’était pourtant pas très optimiste à l’idée que quelqu’un accepte de travailler ici : le manoir se trouve à une demi-heure de marche du village, et sa façade délabrée n’inspire guère confiance. Il ne serait pas surpris d’apprendre que les habitants du village éprouvent une certaine méfiance envers cet endroit. En réalité, il les comprend, car s’il avait eu le choix, il aurait préféré emménager ailleurs. Un contraste difficile avec la vie bourgeoise qu’il menait à Paris, bien éloignée de cette vieille bâtisse qui doit désormais lui servir de maison.</p><p style="text-align:justify;">En puisant dans les maigres forces qu'il lui reste, Félicien quitte son bureau et emprunte le couloir poussiéreux qui, comme à son habitude, lui provoque une quinte de toux désagréable. Il ravale son énervement, n'appréciant rien de ces lieux ; il ne pourrait même pas prétendre que la vieille demeure puisse avoir un quelconque charme, surtout avec ce papier peint qu'il trouve de mauvais goût et les décorations presque inexistantes. En descendant les escaliers dont le plancher craque à chacun de ses pas, il refait plusieurs fois le nœud de sa cravate et passe une main dans ses mèches blondes pour les remettre en ordre. Déjà irrité à l'idée de devoir chercher son domestique dans toute la demeure, il a la chance de l'intercepter directement dans le vestibule. Il s'arrête aussitôt dans les escaliers pour l'interpeller :</p><p style="text-align:justify;">— Raphaël.</p><p style="text-align:justify;">Ce dernier lève les yeux vers son maître, surpris de le voir hors de son bureau à cette heure-ci. En général, si Félicien vient le trouver, c'est soit pour lui demander du thé – bien que cela soit rare, car il y a des horaires fixes pour cela – soit pour lui reprocher des tâches mal exécutées, ou encore pour lui signifier de ne pas le déranger de la journée. Et vu le ton de sa voix, Raphaël devine que son maître n'est déjà pas de bonne humeur. Il acquiesce par politesse, posant la bouteille d'eau qu'il transportait devant la porte qu'il s'apprêtait à ouvrir.</p><p style="text-align:justify;">— Oui, Monsieur ? </p><p style="text-align:justify;">— Il me semble que c'est aujourd'hui qu'arrive la nouvelle domestique ?</p><p style="text-align:justify;">— En effet, mademoiselle Chambrier devrait arriver dans le courant de cet après-midi.</p><p style="text-align:justify;">— Très bien, assurez-vous de la former pour qu'elle soit prête à travailler dans la semaine. Puis j'aimerais que vous ne me dérangiez pas, sauf pour les repas ou les thés. Surtout si c'est pour me faire part des plaintes de la nouvelle venue, explique Félicien, avec un ton un peu plus cassant, malgré sa politesse habituelle.</p><p style="text-align:justify;">Félicien n’a jamais été très patient, surtout ces derniers temps. Il n’aura donc aucune tolérance pour les plaintes concernant l’état vieillot ou insalubre du manoir ; elle devra s’y faire, comme lui-même a dû le faire. Raphaël hoche la tête, prenant bien note du message.</p><p style="text-align:justify;">— Très bien, Monsieur, je m'assurerai que sa formation soit terminée dans la semaine.</p><p style="text-align:justify;">— Tant mieux. C'est tout ce que j'avais à dire, vous pouvez reprendre votre travail.</p><p style="text-align:justify;">Félicien remonte les escaliers, laissant son domestique seul dans le hall d'entrée. Comme il s'y attendait, son maître est venu simplement lui faire comprendre de ne pas le déranger aujourd'hui, ce qui signifie qu’il est d'une humeur massacrante. Raphaël soupçonne que la lettre reçue il y a quelque temps en soit la cause, ou peut-être la fin de l'été, elle lui porte toujours un coup au moral. Bien qu'il le serve depuis deux ans déjà, Raphaël s'inquiète encore pour son maître, qui semble refouler une sombre noirceur en lui. Après avoir laissé échapper un soupir, il comptait reprendre sa bouteille et descendre au sous-sol pour continuer ses activités habituelles, mais deux coups frappent à la porte.</p><p style="text-align:justify;">Surpris, il sort sa montre à gousset pour vérifier l'heure. La fin d'après-midi approche. Il s'agit peut-être de la nouvelle venue, alors Raphaël se dépêche d'aller ouvrir la porte. Avec un temps pareil, il vaut mieux ne pas laisser la personne attendre dehors trop longtemps. En ouvrant, il découvre une jeune femme, totalement trempée par la pluie battante. Elle ôte son couvre-chef, révélant des cheveux bruns ondulés et un visage rond aux yeux marron légèrement globuleux. Quant à sa tenue, elle se compose d'une vieille veste usée par dessus un chemisier blanc, une longue jupe démodée et des sabots couverts de boue. Pourtant, malgré son état, elle arbore un sourire de politesse, comme si marcher trente minutes sous la pluie, ainsi que le grondement orageux approchant, ne la dérangeait pas le moindre du monde.</p><p style=

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