Aujourd'hui j'ai écrit ce texte. Je ne sais pas vraiment ce qu'il vaut mais je compte sur vous pour des retours constructifs. Je tiens à préciser qu'il ne faut pas voir la dernière phrase de celui-ci comme un appel au secours (pas de panique). <p>Le Prince d'en Haut</p><p></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);">Assis sur son trône, le Prince d’en Haut observe la ville à ses pieds. Il pense. Médite sur son avenir, ou plutôt ce qu’on voudrait appeler sa destinée. Les minusucules existences qui se jouent devant ses yeux lui paraissent insignifiantes tant les problèmes de ces milliers de gens semblent éloignés des embûches de sa propre vie. Le vent sec vient gifler ses mâchoires serrées. Il se redresse comme si son propre père venait d’entrer dans la pièce, referme la fenêtre et s’abat sur son lit. Les voiles au-dessus de sa tête lui rappellent les longs cheveux de sa mère au temps des histoires du soir. Elle chassait alors les domestiques de la chambre d’enfant pour son moment à lui. Elle offrait ses récits de princesses fantasques au cœur du jeune prince. Qu’elles étaient lointaines ces créatures magiques, premiers fantasmes et déceptions éternelles ! On a cueilli son premier baiser dans une branche, le reste a continué, bien plus bas, en dessous des cachots où l’on enferme les mécréants, peut-être était-ce bien l’enfer qu’il a touché du doigt une fois l’orgasme venu. La servante partie, son corps pendait le long d’une corde le lendemain. Personne ne touche un ange sans en payer le prix. </span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);">La voix de sa mère, cette curieuse berceuse, s’était tue une année auparavant. Quinze ans, c’est bien trop tard pour croire aux contes de fées, et bien trop tôt pour perdre sa maman. Cinq ans plus tard, son mari est prêt à la rejoindre dans la tombe. La souffrance de ses derniers instants ne l’empêche pas de se montrer cruel; son fils aura son courroux à subir et le poids de son trône jusqu’à la fin des temps. Il lui faut se montrer à la hauteur des exigences qu’on lui assigne. Un prince doit, il ne peut pas. Un souverain doit garder cette image de pouvoir sur le monde, tandis qu’il le subit de plein fouet sans jamais pouvoir y échapper. </span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);">Les murmures devant les portes du palais ne cessent de l’irriter, parfois dès son réveil. Son précepteur, un pauvre bougre que le Bon Dieu n’a pas jugé digne d’un meilleur caractère, se perd chaque jour un peu plus dans ses explications. Le bout de la ceinture lancine son dos de vieil adolescent quand il se hasarde à émettre une objection. Son père ne peut plus s ‘en charger, alors il le regarde souffrir de l’autre bout de la salle du trône. </span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);">Derrière les corvées se cachent les cuisines, et avec elles, mille saveurs que les gens du peuple ne peuvent imaginer. Les placards sont remplis de tant de fourrures qu’il paraît impensable de trouver encore des cadavres jonchant les pavés d’hiver. On lui fait couler des bains. De la fenêtre de la salle de bain, le prince observe les uns se faire tuer pour une volaille volée en plein marché, tandis que de jeunes mères enterrent leur nourrisons rongés par la maladie. Il détourne les yeux et enfonce sa tête dans l’eau savonneuse pour ne plus affronter du regard un monde qu’il devra pourtant diriger. </span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);"><br /></span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);">On fait tant pour lui qu’il ne sait pas donner. Il aimerait renvoyer chez elles les servantes, les poches garnies de friotures pour nourrir leurs familles restées au village. Il meurt d’envie d’abattre les murs autour de l’enceinte de la lourde bâtisse pour offrir un toit, qu’il pleuve ou qu’il neige, au premier vagabond venu. </span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);"><br /></span></p><p><span style="color:rgb(255,140,0);">Il est sûrement plus faible que ceux qui se sont tenus là avant sa naissance, songe-t-il quand vient enfin le moment de s’asseoir sur le trône. Nerveux, il observe une assemblée qui ne veut pas de lui. A la cour, on connait ses pensées. On s’inquiète des répercussions sur le peuple, le royaume, et les autres. Les puissants des autres contrées se sont alliés pour prendre possession de ses contrées. Partout, on insulte le petit prince que le monde a observé des années plus tôt, haletant dans les boulevards, invisible alors mais connu de tous. Ses amis des rues lui ont tourné le dos ou sont morts sur son perron. D’autres attendent avec impatience que le royaume brûle pour cracher sur ses cendres. Un mauvais esprit a dérobé les manuscrits qu’il gardait caché pour les exposer en plein jour. Sur l’un d’entre eux, on peut lire une seule phrase. “Je veux mourir”, a écrit le jeune roi. </span></p>