Chapitre 15 ☀️ <p><strong>Chapitre 15</strong></p><hr /><p style="text-align:justify;">Ambre observe le paysage défiler à travers la vitre du train, des souvenirs désagréables remontent lorsqu'elle revoit ces montagnes, absentes de Paris. Avoir parlé de son passé peu glorieux aura eu le mérite d'alléger un peu sa conscience, mais son visage s'assombrit en y repensant. Parfois elle se pose des questions sur sa véritable nature. Ses parents l'aimaient, la jeune blondinette était appréciée, alors pour quelle raison aurait-elle persécuté une camarade timide qui restait seule dans son coin ?</p><p style="text-align:justify;">Pendant ces trois ans, la jeune fille cherchait des coupables. C'était la faute des autres, c'était la faute des professeurs, c'était la faute d'un événement risible qui s'est passé il y a bien trop longtemps, mais au fond d'elle, Ambre se doutait qu'elle fuyait la vraie raison : c'était sa faute. Toutes ses décisions n'ont été influencées par personne d'autre qu'elle-même. Ça l'effraie encore le sadisme dont elle a pu faire preuve, alors qu'il n'y avait aucune raison à ce qu'il en soit ainsi. La parisienne frappe sa tête sur la vitre pour faire taire ces mauvais souvenirs, sauf qu'elle réveille brusquement Lumi qui dormait sur les sièges, recroquevillée pour avoir de la place. Cette dernière gratte ses yeux et se redresse pour voir où elles en sont.</p><p style="text-align:justify;">— On est arrivées ?</p><p style="text-align:justify;">— Non, non, rendors-toi, il reste encore une demi-heure de trajet.</p><p style="text-align:justify;">— Oh, ok.</p><p style="text-align:justify;">La recluse n'attend pas pour aller gratter quelques minutes de sommeil. Ce bref moment suffit à faire sourire Ambre. Elle regarde sa camarade se rendormir, apparemment pas habituée à se réveiller aussi tôt bien qu'elles soient en début d'après-midi. Pour le reste du trajet, la blondinette préfère parasiter ses pensées avec de la musique dans ses oreilles. Une fois à leur terminus, Lumi s'étire tout le corps et secoue la tête pour se réveiller de sa longue sieste. La gare est toujours bondée, et les deux amies se dirigent vers leur destination. Ambre se laisse guider, peinant à voir correctement à cause de ses lunettes de soleil inconfortable, mais Lumi se trompe de temps à autre de chemin, expliquant qu'elle a mis très peu les pieds ici.</p><p style="text-align:justify;">https://youtu.be/49kVYdxK4BM?si=375lsQJV6VlWWT7i</p><p style="text-align:justify;">Il aura suffi de peu de temps pour enfin trouver un magasin plutôt grand avec une partie réservée à la restauration. La noiraude sautille d'excitation, ça fait bien longtemps qu'elle n'a plus mis les pieds ici. Elle n'attend pas pour entrer dans cette mine d'or, suivie par sa camarade. Cette dernière se retrouve au milieu de figurines, de manga et de goodies en tout genre, avec pleins de personnes qui s'attardent sur ces babioles. Ambre se sent aussitôt mal à l'aise, c'est un tout autre univers que le sien, qu'elle ne connait pas du tout, c'est difficile de s'y repérer. Quant à Lumi, elle s'en enthousiasme beaucoup. Cette dernière touche à tout ce qu'elle peut trouver et bave devant l'étagère de la nourriture japonaise qui contient des sucreries, des nouilles ou des snacks salés. La blondinette suit son amie sans trop savoir où aller, évitant autant que possible les gens dans ce lieu étroit.</p><p style="text-align:justify;">— Elle aime quoi la fille-là ? questionne Lumi, en fouillant dans le bac des peluches.</p><p style="text-align:justify;">— Hum... Je sais pas trop, je sais juste qu'elle lisait des mangas nia... À l'eau de rose, c'est tout.</p><p style="text-align:justify;">— Des shojo ?</p><p style="text-align:justify;">— Oui, je pense, je sais pas. J'y suis pas trop familière, rétorque-t-elle en jetant des coups d'œil derrière elle.</p><p style="text-align:justify;">D'un coup, Lumi tourne la tête vers un endroit, interrompant la discussion. Ça surprend sa camarade qui ne s'attendait pas à une réaction aussi vive, c'était comme voir un chien qui avait détecté un oiseau. Sans explication, la recluse quitte brusquement le bac des peluches et part se poster devant une machine à pince colorée et tape-l'œil. Ambre la rejoint, perplexe, et la retrouve avec limite sa tête contre la vitre, en train d'inspecter les peluches disponibles. La blondinette montre un sourire très nerveux, perturbée, elle ne pensait pas que des gens faisaient encore ces genres de machines ou, encore, que des gens veuillent encore y jouer. Pourtant, la noiraude sort une pièce de son porte-monnaie, apparemment prête à se faire arnaquer par cette machine.</p><p style="text-align:justify;">— Attends Lumi, non, c'est une arnaque ! l'arrête Ambre en posant subitement sa main sur la fente de monnayeur.</p><p style="text-align:justify;">— Attends, attends, y a un Zigzaton, y a un Zigzaton, en tant que fan des racoons, je dois essayer de l'avoir, s'agite son interlocutrice.</p><p style="text-align:justify;">— Tu pourrais directement l'acheter au lieu de passer par une machine...</p><p style="text-align:justify;">— Je le sais bien, mais deux francs la peluche au lieu de vingt, c'est une bonne affaire, rétorque Lumi en tirant la moue.</p><p style="text-align:justify;">La blondinette voudrait insister, mais elle n'est pas sa mère et ne peut pas l'empêcher de faire ce qu'elle veut. Ambre enlève sa main et Lumi glisse immédiatement une pièce et active la machine pour essayer d'attraper sa peluche dans un coin. Cette dernière positionne sa pince avant de l'abattre sur sa cible, mais elle se referme à peine et remonte sans rien dans sa prise. La recluse émet un bruit de déception intense, reste immobile un moment et ressort une pièce. Ambre ravale son soupir, elle pose sa main sur celle de Lumi.</p><p style="text-align:justify;">— Tous tes futurs essais se solderont par un échec, cette machine fonctionne d'une manière fourbe, explique-t-elle en tapotant la surface avec l'index. Chaque x essais, la pince se mettra à se fermer bien plus fort et il faut plutôt jouer à ce moment.</p><p style="text-align:justify;">— Oh ? Je dois jouer dans combien de temps ? questionne la recluse.</p><p style="text-align:justify;">— La machine a l'air très froide, j'ose croire que personne ne l'a encore utilisé, cogite-t-elle. Sachant que le prix d'une poupée que tu vois là vaut vingt francs, je pense qu'au bout de dix essais, la pince se mettra vraiment à fonctionner. Le mieux serait d'attendre que des gens tentent leur chance et reprendre la machine au bout de huit essais.</p><p style="text-align:justify;">Tout ça n'était qu'une spéculation, mais son interlocutrice y croit dur comme fer. Les deux jeunes filles s'éloignent de la machine, en attente du bon moment. Pendant que Lumi, accroupie contre un mur, garde un œil sur la machine comme si sa vie en dépendait, Ambre se balade au sein du magasin pour chercher une idée de cadeau. Mais il y a tellement de goodies, de vêtements, de couleurs, d'objets qu'elle en choperait la migraine. Par où commencer ? Qu'est-ce que c'est tous ces objets ? C'est à la fois si chaotique et désordonné qu'Ambre perd l'envie de s'investir plus longtemps, bien qu'elle s'en efforce. La faible quantité de fenêtres donne l'impression d'être beaucoup plus à l'étroit dans ce lieu. Puis, l'humidité provoquée par la chaleur estivale et les nombreuses personnes présentes ici, ne lui rend pas la visite plus agréable. Ce n'est pas du tout son univers.</p><p style="text-align:justify;">Au bout d'une demi-heure de recherche sans succès, à l'étroite comme une sardine dans sa boite, Lumi vient interrompre Ambre, lui faisant comprendre que c'est enfin l'heure d'aller voir la machine. Cette dernière ne rechigne pas à aller l'accompagner, la recherche lui a donné un mal de crâne. Lorsque les deux jeunes filles se trouvent à nouveau devant cette fameuse machine à pince, la recluse sautille, impatiente d'avoir sa peluche. Sans attendre, elle glisse une pièce et dirige la pince vers le coin où se trouve son Zigzaton, sous le regard inquiet d'Ambre qui espère que sa théorie est juste.</p><p style="text-align:justify;">— Mon Zigzagoon finira dans ma chambre, ce sera sûr et certain !</p><p style="text-align:justify;">De nouveau, elle l'abat et la pince se ferme beaucoup plus fortement que les précédentes fois. Pendant que la peluche remonte, Lumi montre ouvertement son enthousiasme pendant que sa camarade émet un soupir de soulagement, cette dernière évite un moment gênant. La noiraude récupère sa peluche et se rend compte que la pince a capturé autre chose : une espèce de porte-clef en bois avec une indication écrite dessus. Une surprise, deux pour le prix d'une, Lumi montre le deuxième objet à Ambre.</p><p style="text-align:justify;">— Regarde, regarde, j'ai chopé autre chose. On dirait un joli porte-clef... inspecte-t-elle du regard. Tu crois que la fille va aimer ce truc ? Je trouve ça classe.</p><p style="text-align:justify;">— On va lui offrir ça... ?</p><p style="text-align:justify;">— Je propose hein. Elle pourra l'accrocher à son sac ou le brûler si elle en a envie. Mais je le trouve sympat